Le pavé dans la mare : Philippe Vénère dénonce le "tout répression"
Auteur du « Manuel de résistance contre l'impôt policier » et ancien officier du ministère public, Philippe Vénère s'est laissé prendre au jeu des questions par le journal France soir. Une interview sans langue de bois et qui a le mérite de faire tomber quelques images bien ancrées dans la tête des français.
L'auteur explique pour commencer qu'il était en poste en 1992 lorsque le permis à points à été instauré. Cela avait été présenté comme une avancée, mais ce n'était ni plus ni moins la mise en place de sanctions plus sévères et aujourd'hui plus que jamais, l'application d'une double peine avec l'amende plus le retrait de points. Il a tout de même permis de faire baisser un peu la vitesse sur les grands axes comme les autoroutes, mais ne résolvant pas le même souci sur les petites routes. Dans le fond ce changement a réussi à créer une économie parallèle et de nouveaux emplois comme les avocats spécialisés dans les délits routiers, les centres de formation de récupération de points etc...
Philippe Vénère a été par la suite interrogé sur le bien fondé de la politique de sécurité routière mise en place par le gouvernement. Le verdict est sans appel, il estime qu'il a été mis en place une répression « tous azimuts ». Depuis début 2000, l'état martèle le même slogan pour justifier ces actions : « Il y a moins de morts sur les routes. » Mais c'est aussi une manière de ponctionner les 98% de gens qui peuvent payer sur des petits délits routier.
Il ajoute : « Mais l'autre délinquance, celle qui n'est pas sur les routes, demande des investissements et n'est pas productive, donc on la délaisse. En clair, ça rapporte beaucoup plus de mettre 50 PV dans la matinée que d'arrêter 3 cambrioleurs. »
En ce qui concerne les radars, Philippe Vénère tient à casser l'image comme quoi les radars font baisser les morts sur les routes… Pour lui c'est faux et totalement faux ! Il explique que la mortalité sur les routes baissait déjà avant l'installation des radars automatiques. Et que 85% des PV relevés par les boites grises sont des petits excès de vitesses avec le retrait d'un point sur le permis.
« On piège la majorité qui roule normalement, pas les vrais délinquants de la route. Parce que le radar, c'est le jackpot : un seul, sur les quais de Paris, a fait un total de 14.000 clichés en un mois ! La vraie prévention, ce sont les contrôles d'alcoolémie, les patrouilles, mais ça coûte de l'argent et ça ne rapporte pas beaucoup. »
Et contrairement à ce que l'on peut penser, les forces de l'ordre vivent plutôt mal cette politique du chiffre et du rendement. Philippe Vénère explique même qu'il commence à exister une disparité entre ceux qui fayottent et remplissent les quotas de PV (pour être promus) et ceux qui souhaitent mettre plus en avant la prévention et sécurité de tous se retrouvent lésés. Surtout étant de plus en plus rattachés à la vision du tout répression par les citoyens, le dialogue à de plus en plus de mal à passer.
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