Le leasing social des voitures électriques, c'est déjà fini
Le système de location aidée permettant aux Français d'acquérir une voiture électrique à des prix défiant toute concurrence s'arrête déjà, faute d'un succès qui aurait bien pu faire dérailler le budget de l'état.
Le forfait de location aidée de voiture électrique promis depuis deux ans par le gouvernement français est enfin devenu réalité le 1er janvier dernier. Depuis ce jour, l’offre « mon leasing électrique » permettait aux automobilistes aux faibles revenus de louer des autos à des prix défiants toute concurrence (à partir de 40€ par mois pour la Renault Twingo E-Tech). Sans surprise compte tenu de l’attractivité de cette formule, ce « leasing social » a été un franc succès. A tel point qu’on se demandait s’il ne risquait pas d’obliger le gouvernement français à annuler totalement le dispositif du bonus écologique 2024, toujours pas en vigueur actuellement faute de publication officielle du décret officiel correspondant, en raison d’un épuisement possible des ressources prévues pour le financer.
Aussi est-ce finalement assez logique d'apprendre ce matin que le leasing social est déjà fermé pour l'année 2024. Il a largement contribué à pousser les ventes de voitures électriques depuis son ouverture et reviendra en 2025 dans une formule possiblement adaptée après ce premier essai, dont le succès est allé très au-dela des prévisions initiales.
Car ce leasing social coûtait cher et c’est précisément ce qui effrayait certains concessionnaires, comme le rapportent les journalistes des Echos. Alors qu’on comptait déjà 50 000 dossiers après six semaines (un chiffre qui devait initialement se limiter à 25 000 pour toute l’année 2024), il se trouve que les concessionnaires s’obligent à avancer eux-mêmes le financement prévu par l’état lorsque leurs clients commandent une voiture via cette formule. L’administration doit ensuite leur rembourser cette avance (qui peut atteindre 13 000€) et les professionnels de la vente de voitures neuves espèrent que l’état ne tardera pas à régler l’argent prévu.
Or, l’ouverture du service en ligne permettant aux concessionnaires d’enregistrer les dossiers auprès de la plateforme aurait déjà été reportée au début du mois de mars selon les Echos. Avec autant d’argent à avancer (sachant que les voitures commandées via « mon leasing électrique » représentent une part importante des commandes prises depuis janvier pour certaines marques), des réseaux de ventes pourraient se retrouver dans l’embarras financier en cas de remboursement trop tardif.
Et après le leasing ?
Toujours d’après les journalistes des Echos, les concessionnaires redoutent aussi l’issue de la période de leasing social pour des clients qui n’avaient jamais possédé de voiture neuve avant cela. Quid, notamment, des frais de remise en état ? Quelles conséquences aussi pour le marché de l’occasion lorsqu’un grand nombre de véhicules électriques loués de cette manière déferleront à la fin des contrats ? Les concessionnaires, les constructeurs et le gouvernement n’ont probablement pas fini de discuter à ce sujet. Et le financement des aides à l’acquisition des voitures électriques ressemble de plus en plus à un cauchemar budgétaire.
Après ces 50 000 dossiers de leasing social enregistrés, la priorité sera donc de valider officiellement le bonus écologique 2024 qui doit rappelons-le abaisser le montant de l'aide à 4 000€ au lieu de 5 000€. Sachant que l'état devra déjà débloquer jusqu'à 650 millions d'euros théoriquement rien que pour rembourser les concessionnaires sur le leasing social et que le budget 2024 des aides aux voitures électriques devait se limiter à 1,5 milliard d'euros au total, le gouvernement risque d'être embété si les Français achètent trop d'autos à zéro émissions d'ici la fin de l'année.
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