Le diesel commence à être plus cher que l'essence

Depuis quelques jours, il y a du nouveau dans les stations, avec une évolution des appellations des carburants. Le gazole est par exemple devenu le B7. Mais les conducteurs ont-ils vraiment remarqué ce changement ? Pas sûr. Au moment de faire le plein, leur attention est surtout portée sur le totem affichant les prix.

Nous l'évoquons régulièrement, ceux-ci ne cessent de grimper. Au dernier pointage réalisé par le ministère de la transition écologique, le litre de sans-plomb 95 s'affichait à très précisement 1,5735 € en moyenne. Pour le diesel, c'était 1,5331 €, un nouveau record historique dans le pays. Mi-octobre 2017, les tarifs étaient de respectivement 1,3587 € et 1,2393 €. Oui, vous avez bien lu, le gazole a pris en un an 30 centimes d'euros ! Une conséquence d'une revalorisation des taxes le 1er janvier 2018 et, ces derniers jours, d'une flambée des cours du pétrole.

L'écart entre le sans-plomb et le gazole n'a jamais été aussi faible, avec quatre centimes d'euros seulement. C'est même moins avec le sans-plomb 95 E10, qui lui était à 1,5474 €. Soit moins de 1,5 centime de différence. Ceci étant une moyenne, il y a donc des écarts variables entre les départements et enseignes. Et un phénomène inédit est constaté depuis quelques jours : on trouve des stations où le gazole est (légèrement) plus cher que le sans-plomb !

Le phénomène ne concerne pas que quelques points de vente. Nos confrères du Parisien dévoilent un décompte qui marque les esprits : sur les 9 902 stations recensées par le site du gouvernement, dans un peu plus de 2 000 le prix du gazole a dépassé celui de l'essence. Si tout le territoire est concerné, ces stations se trouvent beaucoup en Alsace et en Ile-de-France. Ainsi, dans le Val de Marne, 62 % des stations sont dans ce cas de figure.

Le gouvernement a récemment rappelé son objectif d'aligner les prix à la pompe d'ici 2021, en mettant petit à petit fin à l'avantage fiscal du diesel. Mais cet équilibre des tarifs est donc déjà une réalité dans le pays, remettant toujours plus en cause l'utilité de l'achat d'un diesel, et fragilisant autant cette filière industrielle. Et si les prix restent très proches, l'écart devrait se creuser en faveur de l'essence dès janvier ! Dans le projet de loi de finances 2019, le gouvernement a confirmé que le sans-plomb prendra 2,9 centimes de taxes et le diesel 6,5 centimes.

Ce croisement des courbes pourrait-il être la goutte qui fait déborder le réservoir et déclencher une fronde parmi les automobilistes ? Si les conducteurs se sont bien rendu compte que les prix des carburants se sont envolés ces derniers mois, on n'a pas vraiment senti une montée de contestation, comme cela a être le cas pu avec les péages il y a quelques années. Mais la fin du gazole moins cher que l'essence peut être le déclic psychologique. Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d'automobilistes, indique que le formulaire de l'opération "Coût de pompe", qui invite les conducteurs à envoyer leurs factures de carburant à l'Élysée, a déjà été téléchargé plus de 700 000 fois.