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La route, cette oubliée de la République

Dans son ouvrage, Transports, les oubliés de la route, publié ce mois-ci, André Broto dresse un constat : les chaussées sont délaissées au profit des transports urbains ou de longue distance. Comme si la fameuse France périphérique n'était pas seulement l'oubliée de l'économie mais aussi des politiques de mobilité.

La route, cette oubliée de la République

"Au lieu de promouvoir une politique alternative à la voiture individuelle, nos gouvernants ont mené une politique hostile à la route.". C'est ainsi que dès l'introduction de son livre, André Broto engage les hostilités. Pour l'auteur de Transports, les oubliés de la République, les politiques de mobilité font fausse route en France depuis vingt ans, en privilégiant le rail et les transports urbains, et en délaissant l'existant : la route.

Pour l'auteur, qui est accessoirement l'ancien directeur de la prospective de Vinci Autoroutes, les pouvoirs publics ont effectivement pris conscience de la pollution qu'engendrent les voitures, et qu'André Broto ne nie absolument pas. Mais en privilégiant les TGV, RER, métros et autres transports urbains, et en réduisant la voilure sur certaines lignes de TER, ils ont totalement négligé cette fameuse France périphérique décrite par le sociologue Christophe Giully, et découverte par tous au moment de la crise des gilets jaunes.

Pour André Broto, la route est le premier "réseau social" de nombre de Français.
Pour André Broto, la route est le premier "réseau social" de nombre de Français.

Cette France vit en grande banlieue parisienne ou dans les "territoires", selon l'expression pudique qui remplace désormais la "province" et les "régions". C'est cette même France des lotissements que l'on retrouve d'ailleurs dans le troisième roman de Nicolas Mathieu, Connemara. Ce sont donc trois ouvrages qui semblent découvrir une majorité d'habitants de l'hexagone, comme semblent les découvrir les gouvernants qui, depuis deux décennies délaissent la route, le premier "réseau social" de cette population, comme la désigne joliment Broto. Un réseau qui, chaque jour, permet à ces conducteurs usagers, d'utiliser leur voiture sur des distances comprises entre 10 et 50 km, en moyenne, avec, à bord de chaque auto, 1,6 personne seulement. Une aberration économique en ces temps de pétrole hors de prix, mais aussi un massacre environnemental.

L'autocar des lotissements

Mais si Broto fustige la politique publique des transports, il propose également des solutions. Le covoiturage ? On en voit les limites. Le vélo ? Il ne concerne pas nos lotissements, sauf pour les ballades du week-end. L'ex-cadre dirigeant de Vinci leur préfère une autre formule plutôt innovante, même si elle repose sur un moyen de transport hyperconnu : l'autocar. L'auteur propose aux pouvoirs publics de mettre en place une flotte de 1 000 bus, pas moins.

Les bus Macron couvrent de grandes distances, les bus Broto doivent emmener les Français au boulot.
Les bus Macron couvrent de grandes distances, les bus Broto doivent emmener les Français au boulot.

Mais on est loin des bus Macron destinés à relier entre elles les grandes villes.Les bus Broto sont amenés à couvrir de courtes distances entre les bassins d'emploi et des points de ralliements proches des zones pavillonnaires d'habitation. Une manière utile de réduire les émissions de C02, mais aussi d'en finir avec les bouchons qui se densifient autour des grandes villes. L'auteur n'est pas radical et estime que les salariés empruntant ces bus n'excéderaient pas 25 % de la population active de ces "territoires". Mais en ancien pro de l'autoroute, il sait qu'une baisse de 15 % de la circulation, telle que l'on peut la constater en été, permet d'en finir avec les sacro-saints embouteillages du matin et du soir.

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