La Cour des comptes s'alarme de l'état des routes
L'organisme vient de livrer un rapport accablant sur la gestion des routes françaises. Leur mauvais état serait lié à un désengagement de l'État en faveur des communes et des départements qui ne disposent pas toujours des budgets nécessaires au bon entretien des réseaux.
Les titres des chapitres du rapport sont suffisamment édifiants et présagent du contenu. "L'absence d'une véritable politique routière", "l'insuffisance des outils de pilotage et de programmation" et, enfin, "des réformes et des réorganisations nécessaires". Dans ces 139 pages publiées la semaine passée, la Cour des comptes ne cause pas seulement des routes françaises mal entretenues, elle flingue.
Évidemment, l'organisme n'a pas compté les nids-de-poule, ornières et diverses crevasses qui décorent les nationales, départementales et vicinales hexagonales, il fait mieux. Dans son document, il explique le pourquoi du comment. Pour quelles raisons en somme nous arrivés là ? À cause d'une décentralisation mal conçue au sommet de l'État et mal vécue au niveau local.
Des routes ultra-sollicitées et ultra-abîmées
Résultat de cette délégation : l'État lui-même ne gère plus que 1,1 % des routes. Sauf que ce tout petit pourcentage représente pas loin de 20 % de la circulation, que les pouvoirs publics nationaux ont sans doute d'autres chats à fouetter, et que ces autoroutes de liaisons ou quatre voies, puisqu'elles sont ultra-sollicités, sont aussi ultra-abîmées.
Le sort des 380 000 voies sous la houlette des départements, et des 700 000 routes qui sont sous la coupe des communes n'est pas bien meilleur. Ces collectivités territoriales et locales voient leurs prérogatives renforcées, mais sans les budgets qui pourraient leur permettre de les gérer. Alors la Cour des comptes appelle l'État à prendre ses responsabilités.
Pour le contrôleur des comptes publics, l'instance nationale doit rester le patron des routes françaises. Un rôle crucial que "l'État ne s'est pas donné les moyens d'exercer". Une inconséquence qui, justement, a de graves conséquences sur la sécurité routière, "et notamment sur les usagers de deux roues" note le rapport.
Reste évidemment à envisager des solutions, "le plus rapidement possible" selon la Cour. Pour l'organisme, ces solutions passent par une reprise en main de la part de l'État, sans toutefois revenir vers une centralisation du réseau routier. Cette reprise en mains doit prendre la forme "d'une politique nationale en concertation avec les collectivités territoriales", mais aussi et surtout, d'une obligation de se donner "les moyens d'un financement pérenne". Pour que la remise des routes ne soit plus une variable d'ajustement des budgets communaux et départementaux, ou l'on puise lorsque l'on a un petit excédent, et que l'on reporte aux calendes grecques en période de disette.
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