La bourse et les nouveaux constructeurs en plein divorce
Michel Holtz , mis à jour
Rien ne va plus entre Wall Street et les marques naissantes, qu'elles soient américaines ou chinoises. Les cotations de XPeng, Li auto, Rivian, Fisker et les autres dégringolent. Du coup, le Vietnamien Vinfast, qui souhaite lui aussi récolter des fonds à la corbeille, joue la prudence.
Les histoires d’amour finissent mal, en général. Et si, lors de leur arrivée sur les marchés boursiers, les start-up de la voiture électrique étaient encensées par les marchés boursiers, dans le sillage de Tesla, la romance est terminée. La dégringolade a même commencé il y a un an. Et les chutes de Nikola et de ses camions électriques, qui ont perdu 80 % de sa valeur en quelques mois et de Faraday Future, qui a suivi cette route de la débâcle, en perdant près de 97 % de sa valeur initiale ont peut-être signé la fin de l'âge d'or des nouvelles marques.
Chinois et Américains logés à la même enseigne de la débâcle
Des dégringolades qui auraient dû mettre la puce à l’oreille des autres nouveaux venus. Il n’en a rien été, et toute l’année 2022, la débâcle a continué. Lucid a perdu 13 %, Rivian est aux abois et Fisker a plongé de 26 %. Un mauvais sort qui n’est pas réservé aux seuls américains (même si les Fisker Ocean et Pear sont fabriquées en Europe), les Chinois eux aussi mordent la poussière lorsqu’ils ne sont pas rattachés à un grand groupe. C’est le cas de Xpeng et de sa voiture volante dont le cours, en revanche ne s’envole pas, puisque l’entreprise perd 49 % de sa valeur. C’est aussi le cas de Li auto qui promet un SUV disposant de 1 200 km d’autonomie mais qui, en attendant, perd de son automoie financière en chutant de 23 % en bourse.
Étant donné la débâcle, les autres constructeurs naissants, qui n’ont pas encore osé se jeter dans la corbeille, ont enfin senti le vent tourner et jouent la prudence. C’est le cas du Vietnamien Vinfast qui souhaite entrer au Nasdaq à New York, et qui attend des jours plus favorables, expliquant qu’il débarquera à Wall Street, « lorsque les conditions de marché le permettront ». Pour autant, son dossier, notamment préparé par les spécialistes de Morgan Stanley et JP Morgan a bien été déposé cette semaine. Mais le groupe asiatique attend son heure et elle n’est pas près de sonner, vu les dévalorisations de ses rivaux chinois ou américains.
Mais si l’introduction à la bourse américaine n’est pas pour tout de suite, le Vietnamien, filiale de Vingroup, affiche toujours ses ambitions : vendre 1,1 million de voitures dans moins de quatre ans et son usine américaine, en Caroline du Nord, est déjà en construction, alors que l’unité de production de Hai-Phong au Vietnam est loin d’avoir atteint sa vitesse de croisière de 300 000 autos électriques par an. Reste que pour le moment, seuls 58 000 VF8 et VF9 ont été livrés. Le constructeur afficherait des pertes de 4,7 milliards de dollars selon le document boursier. Pour autant, Vinfast n’est pas à la rue, puisqu’il a levé 7,5 milliards de fonds et est adossé à un groupe solide. Mais devant la méfiance boursière, il se garde bien d’aller récolter de nouveaux fonds à Wall Street pour le moment.
Une réticence passagère ou durable ?
Mais pourquoi la bourse se désolidarise-t-elle à ce point des nouveaux constructeurs ? L’aventure Tesla, à laquelle elle a participé, à pertes, pendant des années avant d’en récolter les fruits, devrait, à l’inverse, la pousser à faire confiance à ces nouvelles marques. Mais la décennie 2010-2020 est loin. Depuis, le temps s’est couvert. Les crises sanitaires et militaires comme l’inflation planétaire sont passées par là. Et les traders sont gavés à l’air du temps et sentent monter, aux États-Unis comme en Europe, ce petit parfum de réticence envers la bascule vers le tout électrique. Mais l’air du temps est fluctuant, tout comme le sont les marchés et la situation peut s'inverser à la moindre embellie.
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