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La beauté des laides - Emelba Chato : une Seat Marbella maltraitée, mais une innovation avérée

Dans Rétro / Autres actu rétro

Michel Holtz

Sur une base de l'ersatz espagnol de la Fiat Panda, le carrossier catalan Emelba a conçu le premier ludospace de l'histoire en réussissant un tour de force : caser 6 personnes dans une auto low cost de 3,40 m. Parfois, un physique très ingrat peut cacher un véritable exploit.

La beauté des laides - Emelba Chato : une Seat Marbella maltraitée, mais une innovation avérée

On est en 1975, et le Caudillo n’en finit pas de mourir. Le général Franco agonise durant plusieurs semaines et l'Espagne attend sa délivrance : la fin de 40 ans de dictature. Dès la nouvelle du décès connue, le pays s'emballe. Culturellement, c'est un feu d'artifice et économiquement, les Espagnols se dépêchent de rattraper leur retard sur le reste de l'Europe. En l'espace de cinq ans, le pouvoir d'achat augmente et les classes moyennes ont, enfin, accès à l'automobile. Créé par le pouvoir de Franco en 1950, le constructeur catalan Seat tente de répondre à la demande, mais il se sent menacé dans son hégémonie puisque l'Espagne n'est plus fermée aux importations et les constructeurs étrangers commencent à affluer. Pourtant la marque résiste car la plupart de ses autos sont des Fiat fabriquées sous licence. Elles sont parfaitement adaptées à un pouvoir d'achat encore faible, mais la gamme manque d'une auto cruciale : un petit utilitaire à tout faire, également capable de transporter les familles nombreuses un peu fauchées.

Sur une base de Seat Marbella ...
Sur une base de Seat Marbella ...
... Emelba a conçu ce curieux Chato.
... Emelba a conçu ce curieux Chato.

 

Cette analyse, un carrossier d'Arbucies, dans la province de Gérone à une centaine de kilomètres de Barcelone, la tient également. Fondée en 1978, la maison Emelba passe immédiatement un accord avec Seat et jette son dévolu sur la Marbella, une Fiat Panda rebadgée que Seat fabrique sous licence. L'auto a toutes les qualités requises, une extrême simplicité de fabrication, garantie de fiabilité, mais aussi un design très simple qui permet à l'atelier d'Arbucies de la transformer comme il l'entend.

On est parfaitement à l'aise, à 6 dans une auto de 3,40 m.
On est parfaitement à l'aise, à 6 dans une auto de 3,40 m.

Mais les concepteurs du futur petit ludospace malin se heurtent d'emblée à un gros souci : la plateforme de la Panda, toute futée qu'elle soit, n'est pas extensible. Ce sera 3,40 m et puis c'est tout. Alors comment gagner de l'espace et loger 6 personnes sur une si petite surface ? Rien de plus simple : il suffit d'agrandir l'auto vers le haut. Ainsi le conducteur et les passagers seront assis bien droit. Allonger ses jambes ? Rien de pire pour perdre de l'espace. L'affaire est validée. Avec 1,80 m de hauteur pour une si petite longueur, l'auto aura forcément un look particulier.

Un maximum de pièces communes pour une auto hors du commun

Côté design, c'est mission impossible. Même si chez Emelba on a pris le soin d'ouvrir un bureau de style baptisé Elba design, il ne parviendra pas à rendre la ligne cohérente. Car en plus de la hauteur excessive, il s'agit de réutiliser le maximum de pièces de la Marbella-Panda pour tenir des prix de revient serrés et un tarif de vente riquiqui, seul gage de succès. Le capot et les portières avant sont similaires. Pareil pour la très réussie planche de bord avec son astucieux hamac boite à gants et son cendrier coulissant. Quant à l'accès à la deuxième rangée, une porte coulissante et son rail, plutôt bricolés, feront parfaitement l'affaire.

Le hayon qui se plie en deux ? Parfait pour caser la collection automne - hiver 1982 d'anoraks.
Le hayon qui se plie en deux ? Parfait pour caser la collection automne - hiver 1982 d'anoraks.

Le hayon à l'arrière ? Facile : on garde celui de la voiture d'origine. Mai il n'est malheureusement pas plat. Aucun problème, on le coupe sous la vitre et pour l'aplatir, on l'articule au moyen d'une charnière. L'affaire est pliée pour pas cher. Quant à la parfaite étanchéité de la manœuvre, on fait une prière et on se souvient que l'auto est destinée à l'Espagne, ou il pleut moins qu'en Angleterre.

34 pauvres chevaux pour 6 passagers

Reste à trouver un nom au curieux engin, alors va pour Chato. Chez le grand écrivain espagnol Cervantes, le terme s'applique aux bons copains. Une manière de signifier qu'on destine l'auto aux jeunes, qu'on a des lettres et qu'en plus on a la fibre patriotique. La voiture est lancée au salon de Barcelone en 1982, et connaîtra un joli succès pendant sa courte carrière. Mais pas auprès de la clientèle des familles, visiblement peu attirées, même à 10 000 de nos euros actuels pour une 6 places. Il faut dire qu'ainsi chargé, le ludospace était un peu à la peine dès la première montée avec son petit moteur, pourtant ultra-robuste, de 34 minuscules chevaux. Pour autant, la poste catalane ainsi que nombre de services publics l'adoptent très vite en version utilitaire, séduits par son plancher plat pratique et ses 450 kg de charge utile. Une version pick-up est même développée.

La géniale planche de bord et son hamac-boite à gants sont conservés dans la Chato.
La géniale planche de bord et son hamac-boite à gants sont conservés dans la Chato.

L'aventure Chato tournera pourtant court au bout de trois ans, car en 1985, les accords entre Seat et Fiat sont caducs et Emalba est privé de sa matière première : la Marbella. Dans une tentative désespérée, l'entreprise d'Arbucies met en chantier un autre ludospace, beaucoup mieux dessiné, sur une base de Seat Ibiza. En vain. Emalba n'arrive plus à payer ses fournisseurs, ne fabrique que 9 exemplaires de sa nouvelle auto et ferme définitivement ses portes en 1986.

Low cost et ludospace à la fois

35 ans après la débâcle d'Emelba et de son curieux Chato tombé dans l'oubli, il convient néanmoins de saluer, non pas l'absence absolue de toute notion d'esthétique de l'engin, mais son idée révolutionnaire : réaliser un engin à 6 places sur une toute petite surface, de surcroît sur une base simple et solide et pour un prix peu élevé. L'histoire de l'automobile a oublié injustement le nom du petit carrossier catalan qui a tout de même inventé le low cost et le ludospace en une seule et même voiture.

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