L’inflation des pièces détachées n’en finit pas
Spéculation, hausse des prix de l’emballage, du transport, rallongement des délais de livraison, le contexte économique a provoqué depuis 2021 une forte inflation sur l’ensemble des postes liés au budget des ménages. Comme les produits alimentaires et l’énergie, les pièces automobiles ont vu leur prix s’envoler, obligeant nombre d’automobilistes à revoir à la hausse leur budget d’entretien.
L’association Sécurité & réparation automobile (SRA) compare chaque année les tarifs officiels d’une cinquantaine de pièces détachées automobiles. Il s’agit tout autant d’éléments de carrosserie, que de pièces des trains roulants, de refroidissement, de freinage, etc., représentatives de 261 modèles de véhicules et de 24 marques constructeurs.
Des pièces toujours plus chères depuis trois ans
Déjà en 2021 les équipements (freinage, filtration, embrayage, etc.) avaient subi une hausse de 5 à 10 %. En 2022, comparativement à l’année précédente SRA a noté à nouveau une augmentation de +12,69 %. Le phénomène était alors dû au fait que l’ensemble des constructeurs avaient relevé les prix de leurs pièces bien au-delà du seuil de l’inflation fixé à 5,2 % par l’INSEE.
En 2023, 6 des 25 marques suivies par SRA enregistraient une augmentation de leurs prix sur leurs pièces détachées supérieure à̀ 15 % : Skoda 19,8 %, Toyota 19,5 %, Hyundai 16,4 %, VW 15,9 %, Alfa Roméo 15,8 % et Seat 15,5 %. Tandis que les marques françaises pratiquaient des augmentations variant de 7,8 % (Citroën et DS) à 10 % (Renault et Dacia).
À contrario, Mazda 0,15 %, Honda 4,1 % et BMW 4,7 % présentaient quant à elles des variations de prix inférieures à̀ 5 %.
Résultat, les pièces détachées nécessaires à la réparation ou à l’entretien de vos véhicules ont subi en moyenne une hausse de + 8,6 % en 2022 et + 9,2 % en 2023 qui se révèlent nettement supérieures à l’inflation générale.
Quels sont les véhicules les plus durement touchés ?
Étonnamment les prix des pièces destinées aux véhicules électriques sont plus élevés que ceux des véhicules thermiques. Viennent ensuite les SUV, les grandes berlines familiales, et les utilitaires qui présentent un coût de réparation plus important que les citadines qui sont les moins onéreuses à réparer. Ceci tient au fait que le coût d’une portière ou d’un pare-chocs est nettement plus important sur un SUV ou un VE que sur une petite citadine. À noter que les versions SUV sont également nettement plus coûteuses en pièces que les berlines familiales correspondantes.
Pourquoi les pièces sont-elles désormais si chères ?
Certes l’inflation n’est pas anodine, de même que le coût de l’énergie et des matières premières qui grève la fabrication des pièces détachées, mais c’est surtout aux évolutions technologiques et à l’électrification des véhicules que l’on doit ces hausses spectaculaires.
En effet, les évolutions du design font que le nombre de pièces à remplacer augmente d’autant, tout comme leur prix de vente souvent plus élevé.
En effet, à chaque génération de véhicules ceux-ci se voient doter de nouvelles pièces à la fois esthétiques et techniques. Ainsi, désormais si vous avez des optiques à LED, qui sont deux fois plus onéreuses que les halogènes, vous ne changez plus l’ampoule mais toute la pièce technique, à savoir le phare ; lorsque l’éclairage sera déficient.
En outre, en cas de sinistre, si en 2019 31,9 % des pièces de carrosserie ou les optiques de phare pouvaient être réparées, désormais seuls 29 % sont réparables.
De surcroît, l’amélioration et l’allègement des éléments de carrosserie par l’apparition de nouveaux alliages, d’aluminium, de métaux à très haute limite élastique, de composites, sont autant de freins à la réparation puisque le plus souvent ces éléments sont tout simplement changés.
Résultat, le prix des pièces de rechange qui représente approximativement désormais 52 % du coût des réparations a augmenté d’environ 18 % en deux ans. Une hausse des prix qui ne pourra que perdurer dans l’avenir du fait des développements technologiques qui accompagnent toutes les catégories de véhicule.
Comment faire baisser la note ?
Une bonne nouvelle est intervenue en 2023 pour les automobilistes avec la mise en œuvre de la loi Climat et Résilience qui a ouvert la libéralisation du marché des pièces captives, jusque-là monopole des constructeurs (ailes, capots, pare-chocs, pare-brise, feux, rétroviseurs, etc.) qui étaient protégées au titre du droit des dessins et modèles et du droit d’auteur.
Une ouverture à la concurrence qui peut faire baisser de 34 % la note des pièces détachées de carrosserie en cas de sinistre.
Néanmoins, le meilleur moyen de faire baisser votre facture est également de faire jouer la concurrence non seulement entre les concessionnaires, garagistes, centres auto mais également en ciblant internet. De nombreux sites vous proposant des pièces « d’origine constructeur » à des prix beaucoup plus compétitifs. En outre, le développement de l’offre en matière de pièces de réemploi est également une piste intéressante pour faire baisser une facture qui, de toute façon, nous paraît toujours trop chère !
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