L'Élysée et Bercy font de la câlinothérapie au Mondial de l'auto
Le président de la République, en inaugurant le Mondial de l'auto, a tenu à rassurer les constructeurs. Antoine Armand, le nouveau ministre des finances, en a fait autant. Mais cette cellule de soutien psychologique ne promet pas la moindre aide supplémentaire, et ne promet pas formellement de revenir sur le malus durcit l'an prochain, déficit public oblige.
Emmanuel Macron monte à bord de la Citroën e-C3, entouré de Thierry Koskaz, le patron de Citroën, de Luc Chatel et de Carlos Tavares. Crédit photo : IP3 PRESS/MAXPPP
Luc Chatel a peur. « L’automobile est en danger. Elle risque un décrochage » a déclaré le président de la PFA, la fédération qui regroupe les constructeurs et les équipementiers. Une crainte qu’il a exprimé en ouverture de la grande conférence Paris Automotive Summit qui s’est déroulée ce mardi 15 octobre en parallèle du Mondial de l’Auto. Et son appel a semble-t-il été entendu, de l’Elysée jusqu’à Bercy.
En inaugurant le salon, la veille du colloque, le président de la République a répété à l’envi combien la R4 « est géniale» et le nouveau Peugeot 3008 « superbe ». Il a enjoint, en passant, les constructeurs à continuer le travail d’électrification, en répétant sa volonté de produire 2 millions d’EV et d’hybrides en France en 2030.
Un soutien "pragmatique"
Un soutien à la filière « indéfectible » que le nouvel hôte de Bercy a récupéré à son compte en clôturant le Paris Automotive Summit. « Les 800 entreprises de la filière ont tout le soutien du gouvernement » a-t-il déclaré, en ajoutant qu’il « fallait sortir de Paris. En zone rurale, la vie ne s’organise pas sans voiture. Notre soutien n’est pas idéologique, il est pragmatique ».
C’est donc un véritable consensus, un message d’amour que l’Élysée et Bercy envoient à la voiture. Mais encore ? Quels efforts l’exécutif entend-il concéder pour aider le secteur automobile secoué par des ventes en berne, un marché de l’électrique stagnant, un malus en hausse, et des amendes qui, telle une épée de Damoclès, guette les constructeurs qui ne respecteront pas les normes européennes CAFE l’an prochain ?
Rien, ou pas grand-chose. En fait, Emmanuel Macron comme Antoine Armand semblent avoir crée une cellule psychologique chargée de soulager une filière en difficulté. Mais hormis cette câlinothérapie, aucune nouvelle aide d’envergure n’est prévue. Les fameuses normes européennes ? Le ministre des finances s’est déclaré contre, mais la décision n’est pas de son ressort.
Le futur malus qui va, de facto, augmenter le prix de vente de nombreux modèles thermiques ? Le locataire de Bercy s’en remet au Parlement pour en discuter, une méthode déjà employée par Michel Barnier pour l’ensemble du budget 2025 d’ailleurs. Il a aussi égrainé, manière de s’excuser, toutes les mesures dont le secteur a bénéficié depuis trois ans, sous forme d’aides directes, aux gigafactorys notamment, ou en crédit d’impôt.
Le retour du leasing social ? Peut-être
Reste le fameux leasing social, réclamé par les constructeurs français, et beaucoup moins par les importateurs qui n’y ont pas droit. Antoine Armand y est favorable et souhaite son retour en 2025. La mesure serait en discussion à Bercy, mais un peu plus de deux mois avant son éventuelle application, le flou règne toujours et le nouveau ministre rappelle les contraintes budgétaires, histoire de prévenir les éventuelles et futures déceptions.
En somme, dans ce domaine comme dans d’autres, les pouvoirs publics laissent entendre à l’industrie automobile que les portes de l’Élysée et du ministère des finances leur sont grandes ouvertes. Surtout si la filière n’a besoin de rien.
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