L’automobile, championne d’Europe de la R&D, mais…
Les dépenses en matière de recherche & développement de l’industrie auto ont représenté 32% du total au cours de l’an passé dans l’union européenne. La filière est bonne première de la discipline, loin devant le deuxième : l’industrie pharmaceutique. Sauf que ses dépenses sont en baisse, au moment même ou cette industrie doit investir pour s’assurer un avenir.
C’est une tradition de la rentrée. Chaque année, l'Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) publie son précieux Pocket Guide, une vaste étude plutôt complète qui compile les principaux chiffres de la filière à travers l’Union.
Et dans la nouvelle édition, on apprend notamment que l’automobile est, et de très loin, le plus gros investisseur en matière de recherche et de développement, que ce soit de la part des constructeurs, des équipementiers ou de la myriade de start-up qui gravitent autour de cet univers. Avec 58 milliards dépensés, l’auto représente quelque 32 % des milliards engouffrés dans la R&D à travers le vieux continent, soit près du double des investissements réalisés par l’industrie pharmaceutique qui s’en offre 17 %. Pas mal pour une filière que l’on dit mal en point.
Des budgets en baisse
Sauf que les investissements automobiles sont en baisse par rapport aux années passées, et ce pour la première fois depuis 10 ans, tout comme ceux de l’aéronautique et la défense alors qu’ils augmentent dans les autres domaines, et notamment dans celui de la santé, pandémie oblige. Si l’on peut légitimement supposer que la recherche en matière d’armement risque de connaître un sursaut cette année, Ukraine oblige, pas sûr que le rebond de l’auto soit du même niveau.
C’est que depuis le Covid, les ventes sont en berne. Et pas seulement à cause de la pandémie et de la pénurie de composants et de matières premières. En fait, cette tendance à la baisse des ventes, et en amont de la production, aurait, étonnamment, commencé dès 2017, toujours selon l’ACEA, Cette année-là, elle a accusé une très légère dégringolade de 2 % même si elle s’est largement accélérée depuis pour atteindre 23,5 % en 2020.
Cette chute des ventes a poussé les constructeurs à réduire la voilure en matière de recherche au pire moment de leur histoire : celui où ils doivent investir pour développer les voitures électriques de demain. Et surtout tenter d’échapper à l’emprise chinoise et coréenne en ce qui concerne les batteries, pour en fabriquer eux-mêmes, au travers de gigafactorys, et développer celles du futur.
La situation actuelle, et les perspectives à venir, ne sont donc pas franchement de bon augure. L’Europe a produit l’an passé 21 % des autos à travers le monde, alors que la Chine en a assemblé 33 %, et pas seulement pour son usage domestique. Un taux qui risque encore d’augmenter au cours des prochaines années.
Restent néanmoins quelques chiffres qui se voudraient rassurants, toujours glanés dans le Pocket Guide de l’ACEA. Des chiffres qui démontrent que l’industrie n’a pas encore totalement quitté le sol européen, puisque l’Union compte toujours 194 usines automobiles. L’Allemagne arrive en tête de ce classement avec 44 unités de production à elle toute seule. Mais la France se défend et arrive en deuxième place avec 30 usines. Une bonne nouvelle. Pourvu qu'elle dure.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération