L'Audi RS Q e-tron E2 du Dakar : le vaisseau électrique du désert retente sa chance
Pour la deuxième fois, Audi engage au Dakar saoudien une auto entièrement électrique. Entièrement ? Si l'énorme buggy allemand de 2,1 tonnes ne roule que grâce à l'énergie de ses batteries, ces dernières sont rechargées, pendant la course, par un générateur thermique. Stéphane Peterhansel, 14 fois vainqueur de l'épreuve nous entraîne dans son cockpit.
C’était une gageure. Lors du Dakar 2022 exilé en Arabie saoudite, Audi avait engagé trois autos électriques. Comment courir tout au long de spéciales qui peuvent atteindre 600 km, sur ses seules réserves de batteries ? Y a un truc. Et ce truc c'est un générateur thermique. Ni plus ni moins qu'un groupe électrogène installé à bord et qui recharge les 400 kg de batterie durant la course. "Mais on roule toujours en mode tout électrique" précise Stéphane Peterhansel. Il a remporté 14 fois la course, mais l'an passé, il a accumulé les déboires mécaniques, laissant la victoire au Qatari Nasser Al-Attyiah, sur une auto on ne peut plus thermique.
Pas question pour autant de s'avouer vaincu par la technologie. D'autant que ce sot des éléments de suspensions qui ont lâché. L'électrique est fiable et le pilote y croit. "C'est juste génial en course, beaucoup mieux que le thermique. J'ai uniquement à me concentrer sur le pilotage, sans me demander quel rapport engager en grimpant une dune". Si le pilote multicapé y croit, Audi Sport en est tout aussi convaincu. Et le team de se remettre au travail pour développer une nouvelle voiture.
Mécaniquement, rien ne change. "On a toujours nos 400 kilos de batteries et notre générateur", confie Édouard Boulanger. Il est copilote de Peterhansel, et ingénieur. "Le gros du boulot a été fait sur l'aérodynamique et le soft". Générer 15% de traînée en moins, développer des logiciels sur le déclenchement de la régénération électrique, et "optimiser le moment de la recharge", précise le navigateur. "Car on essaie d'avoir toujours entre 70 et 80 % de charge. C'est indispensable pour prévoir les aléas d'une spéciale". Tout ce travail a été engagé depuis le printemps.
Mais cette Audi de course a-t-elle un intérêt autre que sportif ? Les bureaux de recherches et développement de la marque regardent de près ce qui se trame à Neubourg chez Audi Sport, tout près du siège d'Ingolstadt. Si le système n'est pas appliqué en série pour le moment, la porte reste ouverte.
Mais en course comme dans la vraie vie, quel est l'intérêt d'un tel système électrique à recharge thermique, à la manière de l'e-Power Nissan en série ? Peterhansel a un argument massue. "Ça nous permet d'économiser entre 30 et 40 % d'essence. Un énorme atout en course.". Comme dans le civil.
Le softwre et l'aérodynamique améliorée, et même la clim à bord
Une fois le software et l'aérodynamique au point à la fin de l'été, il ne restait plus qu'à fiabiliser les éléments mécaniques qui ont coûté la victoire au duo l'an passé, et à améliorer un minimum le confort à bord. "La clim a été revue et on a même des baquets aérés dans le dos" se réjouit le champion. Pour autant, celui qui a remporté tant de fois l'épreuve n'envisage pas une partie de campagne, et il se souvient d'un précédent coéquipier qui s'était brisé deux vertèbres lorsqu'ils avaient sauté une dune à bord d'une auto.
Cette nouvelle Audi RS Q e-tron E2 va finaliser ses dernières mises au point lors su rallye du Maroc en octobre avant de se lancer dans les sables saoudiens en janvier avec une feuille de mission évidente : la victoire. Mais il faudra non seulement composer avec les thermiques engagées, mais aussi avec les autres électriques maison, puisque Carlos Sainz et Mathias Ekström sont eux aussi engagées dans l'épreuve, eux aussi au volant d'Audi électriques, ou presque.
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