L'Audi A8 arrive en concession : pour le patron geek

Certains constructeurs généralistes sont bien placés pour savoir qu'une montée en gamme est compliquée. Elle l'est dans la technique puisqu'il faut des années d'avancées techniques et de lourds investissements, mais elle l'est aussi dans la tête des clients. Faire évoluer les points de vue sur une marque est tout ce qu'il y a de plus complexe, mais c'est ce qu'est parvenu à faire Audi en une trentaine d'années, sous l'impulsion de Ferdinand Piech, un des leaders historiques du groupe Volkswagen, qui a poussé à ce qu'Audi devienne l'Audi que l'on connaît aujourd'hui.

Presque vingt ans après la sortie de la mythique Quattro, Audi fixe enfin son statut de constructeur premium avec l'A8. La luxueuse berline débarque à la fin des années 90 avec la ferme intention de faire de l'ombre à la Mercedes Classe S. A l'époque, l'A8 se mesure à la Classe S W120 (tristement célèbre pour avoir été le dernier lieu de vie de la princesse Diana), une voiture dont la popularité n'est plus à faire auprès des acheteurs du segment. Pourtant, les bases de l'A8 (génération D2) sont solides avec l'emploi d'aluminium, ce qui était rare à l'époque. Lancée avec plusieurs motorisations et la fameuse transmission Quattro, l'A8 fait de bons débuts...

Aujourd'hui, Audi lance la quatrième génération. L'A8 D5 n'a plus grand-chose à voir avec son aînée, que ce soit sur le plan du style comme celui de la technique. La nouvelle limousine aux anneaux est l'une des premières voitures de série à proposer la conduite autonome de niveau 3. C'est à dire que théoriquement, l'auto a les solutions techniques et assez de capteurs et d'outils informatiques en tout genre pour que le conducteur lâche les mains du volant. Evidemment, la loi ne le permet pas encore et il faut toujours veiller sur la conduite. Mais c'est encore une fois la preuve que l'A8 est bien le navire porte-étendard de la marque allemande. Lidar, capteurs, caméra 360° et même suspension prédictive (uniquement sur les versions les plus hautes), la nouvelle A8 reprend le leadership du contenu technologique face à la concurrence.

A l'intérieur, là encore, c'est la révolution. Même si l'on retrouve ces lignes très tendues caractéristiques des productions Audi, il faut bien avouer que tout le reste est plutôt inédit. A commencer par un choix qu'à fait Audi et qui pourrait en rebuter certains : le tout tactile. Que ce soit pour l'infotainment comme pour les commandes liées aux paramètres de confort et du véhicule. C'est très épuré et moderne, mais à voir si la clientèle accrochera. En tout cas, une chose est sûre, elle s'y sentira bien, avec un empattement conséquent de trois mètres !

Sous le capot aussi, il y a du changement. Nous ne rentrerons pas une nouvelle fois dans le détail des appellations un peu tarabiscotées choisies par Audi, mais sachez que les moteurs, en diesel comme en essence, s'étendent désormais de 286 à 585 ch pour la monstrueuse A8 W12. Et Audi n'a même pas encore sorti de S8...

Toute cette avalanche de technologie, de confort et de sécurité a un prix : le ticket d'entrée à 92 600 € la place un peu plus haut que ses concurrentes, mais elle est mieux dotée en puissance, et plus technologique. Un bon point pour plaire à des patrons qui seront forcément un peu geek sur les bords. Tout ceci sera-t-il suffisant pour que l'A8 double enfin la Mercedes Classe S, reine des ventes en Europe en 2017 ? Rien n'est assuré, d'autant plus que l'ennemi vient désormais aussi de l'intérieur avec la Porsche Panamera.