Florent Ménégaux (Michelin): "il faut que les écarts de salaire restent acceptables pour préserver la cohésion sociale"
Quelques semaines après la polémique annuelle sur la rémunération de Carlos Tavares, le président de Michelin prend la parole en faveur d'un meilleur équilibre des salaires dans l'industrie.
Très intéressante interview que celle accordée par Florent Ménégaux, Président de Michelin, à nos confrères du Journal du dimanche. Celui-ci y revient en premier lieu sur les annonces concernant la garantie assurée à ses salariés d’un « salaire décent permettant à une famille composée de deux adultes et deux enfants de pouvoir se nourrir, se loger, mais aussi de constituer une épargne de précaution et pouvoir se projeter. » Ces salaires sont variables selon les pays et calculés avec le concours d’une ONG mandatée par Michelin. Cela se traduit à Paris par un salaire deux fois supérieur au salaire minimum en France, tandis qu’à Greenville (USA), un agent de production touchera trois fois le salaire minimum (soit plus de 42 000 $).
Bien sûr, de telles mesures ne pouvaient qu’entraîner une question sur la rémunération mirobolante de Carlos Tavares (36,5 millions d’euros) , DG de Stellantis. « Chaque entreprise a son propre contexte et je ne peux vous parler que de ce que je connais », rappelle Florent Ménégaux en préambule…avant de souligner être « favorable a un plafonnement des salaires les plus élevés. Tout est une question de proportion, il faut que les écarts restent acceptables pour préserver la cohésion sociale. […] Je pense que la variabilité pure et dure emmène vers des écarts excessifs. », conclut l’industriel après avoir précisé avoir demandé à ce que sa propre rémunération, « très élevée, soit plafonnée. » Au moins les choses sont-elles clairement exprimées par le grand timonier de Michelin, qui regrette aussi le « déséquilibre au profit de la rémunération du capital et au détriment de la rémunération du travail. » Belle illustration de l’humanisme social qui a toujours caractérisé l’entreprise française, réputée pour son paternalisme.
"Je ne prends aucun engagement sur la pérennité d’un site, où qu’il soit dans le monde."
Pour autant, l’industriel ne s’engage pas sur l’avenir des 14 sites de production en France : « je ne prends aucun engagement sur la pérennité d’un site, où qu’il soit dans le monde. En revanche, nous prenons deux engagements permanents et non négociables lorsque nous décidons de restructurer une activité : accompagner individuellement chaque salarié et revitaliser les territoires.»
Interrogé par ailleurs sur les pneus chinois, Florent Ménégaux regrette qu’ils entrent dans l’UE «avec des règles du jeu qui ne sont pas les mêmes que celles que nous appliquons à nous-mêmes, tant au niveau social, fiscal, qu’environnemental.» Et de conclure sur l’urgence « à refonder les règles de la concurrence en Europe et au-delà si nous voulons garder et développer une industrie sur le continent. » Sur ce point, Florent Ménégaux et Carlos Tavares ne pourront que tomber d’acord.
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