Fiat et PSA, une alliance bien plus ancienne que Stellantis
Dès 1974, par le biais de Citroën, Fiat et PSA ont créé des véhicules ensemble, des utilitaires, notamment, avec un certain succès. Une alliance gagnant-gagnant peut-être plus intéressante qu’une fusion…

Si l’Etat français a tout fait pour que Fiat ne rachète pas Citroën, les deux marques avaient tout de même créé la Pardevi, qui a notamment permis à la CX de disposer d’une boîte adaptée à une mécanique transversale. La collaboration franco-italienne a aussi donné l’utilitaire Citroën C35/Fiat 242 en 1974, au look bien plus typé Turin que Javel. Et pour cause ! C’est en Italie que la coque a été conçue, même si c’est Citroën qui l’a finalisée avec des ingénieurs de Lancia.

Ce fourgon très avancé techniquement utilise des quatre freins à disques, alors que si Fiat le fabriquera à Turin et y mettra ses propres moteurs à essence, il récupérera le diesel 2,2 l français. Une première ! Réussite commerciale, le duo C35/242 pourrait bien avoir incité Peugeot et Fiat à créer une société commune, la SEVEL, pour d’une part produire des voitures de tourisme en Argentine (Fiat 128 et Peugeot 504), d’autre part des utilitaires, une fois de plus.

Cela donne en 1981 une gamme complète de véhicules : Citroën C25, Peugeot J5, Fiat Ducato mais aussi Talbot Express (au Royaume-Uni) et Alfa Romeo AR6. Tous fabriqués dans les Abruzzes, ils connaîtront un immense succès car bien conçus et disponible en une variété incroyable de carrosseries, de transmissions (traction et 4x4) et de moteurs.

En 1994, cette série à succès est remplacée par une autre génération de véhicules tout aussi réussis et appréciés, les Citroën Jumper/Fiat Ducato II/Peugeot Boxer. Produits jusqu’en 2006 en Italie, ils bénéficieront d’une offre encore plus riche que celle de leurs prédécesseurs, surtout du point de vue des moteurs, et domineront le marché des camping-cars. Puis depuis 2006, une troisième génération d’utilitaires, les remplacera, badgés Citroën, Fiat, Peugeot, mais aussi Opel, RAM, Toyota ou encore Vauxhall. Toujours conçus par Fiat, ils sortent d’Altessa dans les Abruzzes pour ceux vendus en Europe.

En 1994, ce sont des véhicules plus légers qui seront fabriqués par Sevel Nord à Hordain dans une ancienne usine Simca, d’un côté les utilitaires Citroën Jumpy, Fiat Scudo, Peugeot Expert, de l’autre, sur la même base, les monospaces Citroën Evasion, Fiat Ulysse, Lancia Zeta et Peugeot 806, tous armés de mécaniques françaises. Leur succèdent en 2001 sur la même base les Citroën Evasion II, Fiat Ulysse II, Lancia Phedra et Peugeot 807 d’un côté, de l’autre leurs pendants laborieux ne changeant pas de nom.

Dans une catégorie inférieure, Fiat et PSA partageront un tout petit fourgon fabriqué en Turquie, les Citroën Nemo, Fiat Qubo/Fiorino II et Peugeot Bipper entre 2007 et 2017. La création en 2021 de Stellantis aura raison de la Sevel en 2022. Dès 2014, Fiat se rapprochait de Renault pour produire son Talento, un Trafic rebadgé : est-ce là que le français a pensé à s’allier à l’italien avant que PSA ne lui souffle l’accord ?

Toujours est-il que l’alliance franco-italienne a très bien fonctionné. Cela dit, la Sevel n’existe plus, et la fusion FCA-PSA s’est soldée par une invasion technologique française en Italie, d’où, par exemple, le fait que la nouvelle Grande Panda soit fondamentalement une Citroën C3. On peut déplorer qu’en Europe, les blocs Fiat, à la fiabilité remarquable, ont été supplantés par les ineffables Puretech…

Au Brésil, l’inverse a lieu, la Peugeot 208 s’y équipant du moteur Firefly de Fiat. La nomination d’Antonio Filosa, un homme de Fiat, à la barre de Stellantis, chapeauté par John Elkann, de la famille Agnelli, va-t-il changer les grandes orientations stratégiques du groupe ? Ce sera intéressant à suivre, car l’immense héritage technologique du groupe italien mérite mieux que de passer par pertes et profits, tant pour les clients que les susceptibilités au sein de la Botte…
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