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Paris - Et si Anne Hidalgo était la maire la moins autophobe d’Europe ?

Dans Economie / Politique / Personnalités

Michel Holtz

L'évocation de son seul nom suffit à faire râler les automobilistes. Pourtant la politique auto d’Anne Hidalgo n’est pas la plus contraignante d’Europe. Loin de là. En examinant les restrictions de circulation à Berlin, Londres ou Madrid, on s’aperçoit que la maire de Paris est plutôt autophile.

Paris - Et si Anne Hidalgo était la maire la moins autophobe d’Europe ?

Il suffit d’écrire son nom, dans un article, ou sur les réseaux sociaux. H.i.d.a.l.g.o : 7 petites lettres qui déclenchent des insultes souvent violentes et parfois sexistes. Et lorsqu’il s’agit de la politique de la Mairie de Paris concernant l’automobile, les noms d’oiseaux s’en trouvent décuplés. Même Carlos Tavares l’a dit : « elle est autophobe ». On ne doute pas, évidemment, du sens de l’observation du patron de PSA, mais pour un homme comme lui, qui voyage à travers le monde (il a livré son avis sur la première élue parisienne depuis la Chine), il n’a pas pu lui échapper que Paris, si elle n’est pas la capitale mondiale qui laisse le plus de champ à la voiture, est en tout cas la grande ville européenne où les bagnoles ont (pour le moment) le plus de liberté.

À Berlin, les automobilistes ne font pas les malins

Pour s’en convaincre, il suffit de s’offrir un petit tour d’Europe des centres-villes, en commençant par Berlin. On ne peut soupçonner l’Allemagne de la vitesse illimitée, du groupe Volkswagen, de BMW et de Mercedes de vouloir se tirer une balle dans le pneu en s’attaquant au fleuron de son économie. Et pourtant.

Berlin : dix ans de restrictions.
Berlin : dix ans de restrictions.

La vignette Crit’air, en usage à Paname depuis un plus d’un an existe, sous une forme différente, dans la capitale allemande depuis dix ans. Et pour garder cette belle avance, Berlin a étendu l’interdiction des autos polluantes (notamment diesels) dans une zone élargie de 15 km autour du centre-ville. On le voit, Anne est une petite joueuse avec son interdiction, d’ici peu, réservée aux vieilles autos d’avant 2005.

À London, l’auto c’est pas bon

Mais on sait les Anglo-Saxons tatillons sur la pollution. En Angleterre, Londres n’échappe pas à la règle. Le fameux péage urbain, qui commence à être évoqué chez nous, et pourrait voir le jour à Paris un de ces quatre matins, est en usage là-bas depuis 15 ans.

Quant au diesel, qu’Anne Hidalgo veut interdire dans la capitale en 2024, il sera purement et simplement interdit de séjour non pas dans 6 ans, mais dès le 1er janvier 2020. Si la maire de Paris est une autophobe notoire, ses collègues de Londres et Berlin sont carrément des zadistes à dreadlocks adeptes de la décroissance et du chariot à bœufs.

À Madrid, la voiture fait un bide

Sauf qu’évidemment, en France, on est un peu latins, un peu râleurs, un peu attachés à nos bonnes vieilles pétrolettes que l’on veut conduire comme bon nous semble, où bon nous semble. Comme les Italiens et les Espagnols. Un petit tour du côté de Madrid va nous montrer que pas vraiment, on est peut-être plus latins que les latins.

À Madrid, le régime sec dans 7 ans.
À Madrid, le régime sec dans 7 ans.

La capitale ibérique a elle aussi pris une sacrée avance sur la française. Pas tout de suite, mais en 2025. À ce moment-là, chez nous, il n’y aura plus de diesel, mais toujours des autos à essence. Mais à Madrid ne circulera plus aucune voiture particulière. Rien, nada, même pas la dernière Plugin hybride. Les Madrilènes ont adopté le même régime sec que Copenhague et Oslo.

À Rome et Milan, seuls les résidents sont contents

Mais au pays de Ferrari, de Maserati et de Lamborghini, on fait ce qu’on veut quand même ? Certainement pas. À Rome et Milan il faut être résident pour rouler au centre-ville. Pour se garer près du Colisée ou du Duomo, mieux vaut habiter à côté. Alors ? Anne Hidalgo est toujours une ayatollah du vélo ? Une khmer verte du tout piétonnier ?

Les bouchons augmentés, Autolib détricoté

Évidemment, on ne va pas dédouaner la première magistrate parisienne de tous les défauts de sa politique de mobilité. Le bide monumental d’Autolib peut, en partie, lui être attribué, même si les premiers contrats ont été signés par son prédécesseur Bertrand Delanoë. Quant au déplacement des bouchons, en augmentation depuis la fermeture des voies sur berges, il n’est lié qu’à sa seule décision. En revanche, lui faire procès de vouloir bouter les voitures hors de la ville serait méconnaître une tendance de fond européenne, voire mondiale. Et pour ce faire, il suffit de quitter des yeux, rien qu’un instant, notre nombril hexagonal.

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