Essai longue durée : 25 000 km en Dacia - Jour 4: de Bucarest à Titu (4/7)
Après avoir rallié Bucarest depuis Paris dans des conditions souvent difficiles, rejoindre le centre technique de Titu, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale roumaine, aurait dû tenir de la formalité. C’était sans compter avec les éléments déchaînés.
Allez hop, direction Titu pour ce quatrième jour de notre périple. C’est dans cette ville située à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Bucarest qu’est installé le centre technique Dacia, endroit qui représente le point d’orgue de l’expédition de Caradisiac en Roumanie.
A trois membres de l’équipe près, joyeux drilles dont j’aurai l’obligeance de taire l’identité, tout le monde a bien dormi et s’est réveillé frais ce mercredi matin. Après un solide petit-déjeuner, nous quittons l’hôtel situé dans le centre-ville de Bucarest, à un jet de pierre de l’hallucinant palais du Parlement (plus grand bâtiment d’Europe avec ses 270 mètres de long sur 240 de large, le tout sur 12 étages et 350 000 m2, témoignage de la mégalomanie de Ceaucescu qui sera renversé avant que les travaux ne soient achevés) et regagnons nos montures. Trois d’entre nous ont été contraints d’opter pour un parking très vaguement surveillé à une centaine de mètres de l’hôtel, où le vigile pratique des tarifs variables. L’un a ainsi dû s’alléger de dix euros pour la nuit, payables d’avance, alors qu’un autre ne sera ponctionné que de 5 € (de toute façon je n’avais pas plus !).
Et c’est parti. A nous les joies de la circulation matinale à Bucarest, trafic dense et pluie battante. Aux petites rues encombrées succèdent d’immenses avenues tout aussi encombrées, mais les indications de Waze nous permettent de nous extraire de la ville sans trop de difficultés. Les GPS de nos Dacia, dotés de la seule cartographie Europe de l’ouest, ont en effet capitulé à la frontière austro-hongroise. Il est tout de même malheureux que nos voitures soient pour ainsi dire « perdues » dans leur pays natal…
Avec le froid glacial qui règne, la pluie battante se transforme progressivement en gros flocons de neige. Le paysage se pare d’une couche blanche tenace en à peine plus de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, et même à vitesse maximale, les essuie-glaces peinent à remplir correctement leur office. Une vraie purée de pois qui, si elle a pour effet de ralentir le rythme de notre convoi, ne refroidit en rien les ardeurs des conducteurs locaux, manifestement accoutumés aux aléas hivernaux. Ils continuent de rouler comme si de rien n’était ou presque, et certains nous doublent comme des balles au volant de leurs véhicules hors d’âge. Au passage, on pense avec effroi aux conséquences qu’aurait un tel déchaînement météo sur les routes d’Ile-de-France, quelques jours après l’immense pagaille dont chacun se souvient…
Il nous faudra près d’une heure et demie pour gagner notre destination. Ouvert en 2010, le Centre technique de Titu est, avec le centre de design de Bucarest et l’usine de Pitesti, le troisième pilier de Dacia en Roumanie. Sur une surface de 330 hectares, on y soumet des prototypes à des situations extrêmes, qui comprennent aussi bien de la simulation de conditions météo dantesques que de la conduite sur circuit. 32 kilomètres de piste, bitumées ou non, permettent d’affiner les trains roulants et d’optimiser le comportement routier des futurs modèles Dacia.
Nous garons nos voitures sur le parking attenant à l’établissement et sommes accueillis, en français et avec sourire, cafés et croissants par deux représentantes du service communication de la marque. « Pas de chance, c’est le code jaune sur les routes roumaines aujourd’hui ! » Bon, à vrai dire, c’est tout de même assez drôle d’évoluer dans ces conditions…
Est également présent Doru Coman, directeur de l’ingénierie de la marque. Dans un français impeccable, ainsi que vous le constatez dans la vidéo accompagnant cet article, l’homme va nous retracer les grandes étapes de l’aventure industrielle de Dacia depuis 1968, année de lancement de la Dacia 1100, sœur jumelle de la célèbre Renault 8 lancée six ans plus tôt sur le marché français. On sent chez lui un profond attachement à Dacia, dont il semble connaître les moindres détails de l’histoire. Ainsi, quand on lui demande ce que Dacia représente aujourd’hui pour la Roumanie, il évoque une « immense fierté ». A juste titre, si l’on considère que le succès du constructeur, qui a vendu plus d’un million d’exemplaires de ses modèles en France, s’apparente à un véritable phénomène de société.
La présentation achevée, il est maintenant temps de songer au retour dans nos pénates, plus de 2 500 kilomètres à l’ouest. Mais avant cela, nous procédons à un ultime tour du propriétaire. Nous nous attardons aussi – pas longtemps, tant il fait froid – sur les Duster un peu spéciaux garés devant l’entrée du site, notamment le modèle des pompiers doté d’une lame chasse-neige, ainsi que celui doté de chenilles. Deux équipements pour le moins utiles ce jour-là.
En deux heures, nos véhicules auront été recouverts d’une couche de neige de trois bons centimètres. Nous les garons devant la porte d'entrée du site, filmons et photographions de dernières images parmi lesquels les incontournables photos de groupe, puis saluons nos hôtes, qui ont le bon goût de ne pas montrer trop de commisération à notre endroit. Il y aurait pourtant de quoi. Traverser l'Europe en voiture est une chose, mais le faire en plein hiver au volant de modèles pas tous calibrés pour l'exercice en est une autre…
Pour autant, alors que je rédige ces lignes quelques jours après notre retour, ces moments me manquent car ils nous ramènent à une époque où l’automobile représentait encore une aventure. Circuler en Roumanie, pays qui représente une véritable catastrophe en matière de sécurité routière, nous transporte loin, bien loin de notre douce France et de ses interminables débats sur la limitation de vitesse à 80 km/h… Au pays de Dracula, le simple fait d’arriver à destination en un seul morceau constitue déjà un exploit en soi.
Midi approche, et le froid glacial aiguise les appétits. La tempête bat son plein, et nous comprenons rapidement combien est illusoire la perspective de traverser une partie de la Roumanie dans ces conditions pour gagner Timisoara, où nous avions initialement prévu de faire étape. Nous décidons donc de prendre notre temps et faisons tranquillement cap sur Bucarest, où il nous faut trouver un nouvel hôtel. Nous entamerons notre périple vers la France le lendemain et, pour la première fois depuis quatre jours, prendrons le temps de souffler un peu. Pas du luxe, croyez-nous bien !
Les différentes étapes de notre road-trip
Jour 2 : Munich-Budapest en passant par Vienne
Jour 3 : Budapest-Bucarest par le Sud de la Roumanie
Jour 4 : Bucarest-Titu-Bucarest
Jour 5 et 6 : retour vers Paris
Essai longue durée : 25 000 km en Dacia - Duster dCi contre Duster TCe
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