Essai de la Ninebot ZT3 Pro : la trottinette qui peut remplacer la voiture en ville ?
Ninebot Segway vient de sortir son nouveau modèle, la ZT3 Pro. Dit comme ça, ça ne fait pas rêver. Pourtant, cet engin pas si petit de 30 kg a tout pour devenir le meilleur pote de votre auto (ou moto c’est selon) sur le papier. Nous l’avons essayé dans toutes les situations pour vérifier si la promesse est tenue dans la réalité.
Nous attendions avant de proposer l’essai d’une trottinette électrique sur Caradisiac. L’objet de cette rubrique est de trouver de quoi soulager sa voiture pour les tâches ingrates, afin que celle-ci ne soit utile que pour les bons moments. Mais nous n’avions rien de convaincant au point d’en réaliser un essai. Jusqu’à l’arrivée de cette Ninebot ZT3 Pro.
Avec ses caractéristiques techniques imposantes et son prix relativement attractif, elle promet de prendre son pied (ou plutôt les deux) pour les trajets en ville. Mais peut-elle vraiment être une alternative crédible à la voiture pour aller travailler ? C’est ce que nous allons voir.
Des caractéristiques haut de gamme
C’est ce qui nous a poussés à réaliser ce papier. Pour les 699 euros demandés, la ZT3 pro offre ce que proposaient des trottinettes haut de gamme il n’y a pas si longtemps.
- Moteur 650 W nominaux et 1 600 W en crête situé sur la roue arrière
- Double frein à disque à câble
- Système antipatinage
- ABS
- Roues 11 pouces tubeless avec gelée anticrevaison
- Feux diurnes et éclairage 4,1 W
- Fourche suspendue à l’avant (double suspension télescopique)
- Suspension à amortisseur central à l’arrière
- Étanche IPX5
- Batterie 597 Wh en 46,8 V
- Chargeur rapide 4A (charge 0 à 100 % donnée en 4 heures)
- Poids : 29,7 kg
- Autonomie : 44 km réels en mode sport avec 4 démarrages « boost »
- Clignotants intégrés
Un gabarit très imposant…
Le premier point qui retient l’attention avec la ZT3 Pro, c’est son gabarit. Avec 28,8 kg mesurés sur la balance et un gros volume (hauteur de guidon à 135 cm, 64,5 cm de largeur au guidon et 124,5 cm de long), cette trottinette (qui fait le double des trottinettes habituelles) ne peut pas emprunter les transports en commun, sauf peut-être les trains de banlieue.
Elle est quasi impossible à monter sur plusieurs étages pour le commun des mortels. Puis il faut pouvoir la stocker quelque part. D’un autre côté, nous avons essuyé bon nombre de trottinettes qui n’assumaient pas totalement leur rôle de véhicule de déplacement à part entière, justement parce qu’il fallait pouvoir les porter (même difficilement) et les embarquer en intermodal (dans le métro par exemple). La ZT3 Pro est un véhicule à part entière qui ne rentre pas facilement dans un coffre de break.
De fait, cet aspect limite grandement son usage et banni de facto ceux qui souhaitent l’utiliser comme complément des transports publics. Il semble clair que la ZT3 Pro est conçue pour être un véhicule autonome, à utiliser sur des trajets continus, plutôt que pour être transportée facilement. Cela la destine principalement aux utilisateurs qui peuvent se rendre directement à leur destination, sans devoir enchaîner différents modes de transport.
… mais un design qui en jette (si on aime le style Off Road)
En contrepartie, le design en jette. La finition est soignée. Rien ne bouge, rien ne grince. Il n’y a aucun jeu et même le joint de protection de la prise de recharge a fait l’objet d’un soin particulier.
On retrouve aussi du rouge sur le châssis, parce que le rouge, ça va plus vite.
Les suspensions sont le gros point fort de la trottinette. La fourche à double bras à l’avant offre 145 mm à l’avant. Pour l’arrière, c’est un énorme amortisseur central qui s’occupe de rendre plus doux votre trajet. Il n’y a qu’un seul câble apparent et celui-ci est gainé.
Autre point intéressant : le deck, large de 20 cm, s’étend sur 66 cm en intégrant un repose-pied. La plupart du temps, ce dernier n’existe pas ou est cantonné à une pièce ajoutée. Ici, il fait partie intégrante du bloc.
Le guidon est large, mais ses 64,5 cm intègrent à leurs extrémités des clignotants. Ils sont malheureusement peu visibles de jour. De nuit, ils brillent fort.
À propos de nuit, la ZT3 Pro embarque un feu diurne qui, comme sur les autres véhicules, fait également office de signature lumineuse. Situé au-dessus de la roue avant, il éclaire avec un large spectre la route de nuit. Pratique pour éviter les nids-de-poule. D’autant qu’il est secondé par un autre phare, 4 W logé sur le guidon.
L’écran est lisible (une première), mais ne sert à rien. Il n’affiche aucune autre info que la vitesse et une autonomie représentée par 10 barres. Pas d’heure, pas de pourcentage précis, de kilométrage parcouru. Pour cela, il faut un support smartphone et l’application (gratuite) qui sert à plusieurs autres choses et dont nous reparlerons plus loin.
Au niveau de la poignée gauche se trouvent les commandes. Le bouton rouge permet de programmer le maintien en pente ou le mode marche. Sur le module de commande se trouve les clignotants (sans retour automatique), le sélecteur de modes et le bouton d’allumage de la trottinette (et des feux, mais un mode automatique existe).
Chose sympa, la gâchette d’accélérateur, positionnée droite déborde sur la poignée. Il est de fait possible de tourner la poignée des ga… électrons.
Pour finir, les pneus typés cross font 11 pouces de diamètre. Ils sont tubeless et runflat. Rien que ça. Pour 699 euros, c’est pas mal.
Une puissance qui permet d’affronter le trafic au démarrage
Qui dit déplacement urbain et périurbain, dit évolution au milieu du trafic.
La ZT3 Pro affiche des performances dignes pour un modèle de cette catégorie. Dotée d’un moteur de 650 W (capable d’atteindre 1 600 W en crête), elle va vous demander d’être concentré.
Elle atteint les 25 km/h (vitesse maximale autorisée pour ce type de véhicule) en environ 4 secondes.
En pratique, cette puissance permet de gérer sans difficulté les dénivelés urbains. L’objectif est justement de pouvoir maintenir la vitesse maximum légale de 25 km/h dans les pentes. La ZT3 Pro tient bon sur 15 % et baisse à peine lorsque ça grimpe plus.
N.D.L.R. : si les vélos à assistance électrique sont limités légalement en puissance à 250 W, les trottinettes, elles, ne le sont qu’au niveau de la vitesse maximum.
Donc la ZT3 Pro peut emprunter les voies cyclables, au grand désarroi de certains cyclistes peu partageurs. Mais parfois, il n’y a pas de piste cyclable disponible. Il faut donc emprunter la route.
Il existe deux types d’usagers : ceux qui respectent les feux et les autres. Chez Cara, nous sommes des usagers de la route, donc nous nous plions au Code de la route. Mais il faut avouer que sur la majorité des départs au feu peuvent être trop lents pour le trafic. La ZT3 intègre un mode boost. Il suffit d’appuyer la gâchette d’accélérateur à l’arrêt, puis sur les freins, 3 secondes. Un « boost » apparaît sur l’écran. Il suffit alors de s’élancer avec le pied et vous bénéficiez des 1 600 W. De quoi atteindre les 25 km/h en 3 secondes.
Mais attention, la ZT3 Pro est une propulsion, et en mode Boost, vous avez l’intégralité des 1 600 W au démarrage. Il faudra donc soit avoir une expérience de la trottinette électrique, soit y aller doucement au début et ne pas utiliser cette fonction.
Un freinage efficace, mais à manier avec précaution
Selon un sage italien, sans maîtrise, la puissance n’est rien. Donc avoir la patate c’est bien, pouvoir s’arrêter c’est mieux, surtout pour rester en vie.
La ZT3 Pro est équipée de freins à disque (avant et arrière) mécaniques (à câble), associés à un système de freinage magnétique et à l’ABS (sur la roue arrière).
Oui, de nos jours, des trottinettes électriques ont un ABS quand certains scooters électriques n’en ont toujours pas. Et honnêtement, ce n’est pas un luxe. Les freins sont très mordants et ont tendance à bloquer la roue arrière, en particulier sur des routes humides.
D’ailleurs, à propos de moto, les commandes de frein sont inversées par rapport à celles des vélos électriques (frein arrière à gauche, frein avant à droite), ce qui peut demander un temps d’adaptation pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce type de configuration.
En revanche, une fois cette habitude prise, la répartition du freinage entre l’avant et l’arrière se révèle bien pensée, avec une bonne maîtrise du véhicule, même lors de freinages appuyés. Les suspensions aident à dissiper l’énergie. En forçant un peu, nous avons pu sortir quelques stoppies.
Un confort appréciable, surtout sur les routes dégradées
L’un des points forts de la ZT3 Pro réside dans son système de suspension. Avec une double suspension à l’avant et un amortisseur central à l’arrière, cette trottinette se rit des chaussées irrégulières ou des pavés. Mais elle a surtout permis, durant cet essai, de passer des nids-de-poule sans partir en soleil, et ce, même par temps de pluie.
Les roues de 11 pouces avec des pneus tout-terrain ajoutent une capacité à franchir des obstacles. Il est impensable de repasser sur du 8 pouces ou du 10 pouces non amorti derrière.
Le poids maximum est donné pour 120 kg. Nous devions être autour des 110 kg entre le rider et l’équipement photo dans le sac.
Autonomie : les 50 bornes annoncées sont confirmées
La question de l’autonomie est cruciale pour un véhicule censé remplacer la voiture pour des trajets quotidiens. La ZT3 Pro a offert une autonomie oscillant entre 44 et 47 km lors de l’essai, avec des variations en fonction du style de conduite et du type de parcours (dénivelés, démarrages fréquents, etc.). Notez que ce parcours type a permis d’atteindre réellement 50 km malgré son dénivelé important à l’aller (qui s’est donc transformé en pente au retour). Le freinage régénératif ayant récupéré un peu de jus au passage. Pour avoir plus, il faut payer 2,5 fois plus.
En enchaînant les Boosts dans les montées, nous avons, dans le pire des cas, roulé 32 km. Des conditions impossibles à reproduire. Et pour la température, elle a oscillé entre 23 °C et 6 °C (lors de nos 50 km parcourus).
Histoire d’enfoncer le clou face à une concurrence coriace, Ninebot a ajouté un chargeur rapide 4A. Nous avons mesuré le temps d’une charge complète (en partant de 7 %) et obtenu l’évolution suivante :
- 30 % récupérés en 35 minutes
- 55 % récupérés en 1 h 20
- 77 % récupérés en 2 heures
- 90 % récupérés en 2 h 30
- 100 % récupérés en 3 h 30
Pour une utilisation quotidienne dans un cadre urbain, cela suffit largement pour effectuer un aller-retour domicile-travail, même sur des trajets relativement longs. Et au pire, le chargeur est compact et pas trop lourd.
Pour ternir ce tableau, Ninebot n’a pas réussi, malgré les 46 V de la batterie, à assurer la patate au bout e l’autonomie. Elle chute à 10 % de la fin pour atteindre un peu plus lentement les 23 km/h. Nous n’avons pas intégré l’autonomie des derniers 7 % à notre mesure pour cette raison.
Enfin, sachez qu’avec 596 Wh de la batterie pour 50 km, la recharge complète revient à 0,15 € (au tarif EDF classique à 0,26 €/kWh). Cela donne un coût de 0,30 €/100 km.
Une application complète, efficace, mais une application quand même
Il existe deux religions : ceux qui aiment les véhicules connectés et les autres. Si vous roulez en Tesla, vous ne serez pas dépaysé, car l’application offre la même approche. Pour les autres, vous allez devoir vous y faire.
On trouve l’allumage et le verrouillage à distance, avec la possibilité d’un déverrouillage automatique avec le smartphone en poche. Car il y a une fonction verrouillage qui bloque la roue motrice. Notez qu’en cas d’oubli du téléphone, le code peut être saisi sur le boîtier de commande du guidon.
L’application sert également de tableau de bord avec un compteur stabilisé par le gyroscope (un détail). Il est possible de configurer plusieurs options, comme le bouton de raccourcis, l’intensité du freinage électromagnétique.
Enfin, et comme il est devenu commun dans l’univers de la trottinette, la ZT3 pro est compatible avec la fonction « Localiser » d’iOS (sur iPhone donc).
Conclusion : le meilleur véhicule de mobilité urbaine en rapport qualité-prix-endurance
La Ninebot ZT3 Pro offre une alternative intéressante à la voiture pour les trajets urbains, à condition d’accepter certains compromis, notamment sur le poids et l’exigence de la maniabilité. Son autonomie est gargantuesque pour un engin à 700 euros. Elle ne craint pas la pluie. Elle est bourrée de qualité, mais exigeante dans la conduite, ce qui n’en fait peut-être pas l’outil idéal des débutants trop sûrs d’eux. Il faut y aller mollo.
Dans le cadre de cette rubrique mobilité, c’est probablement le meilleur engin pour des trajets urbains et périurbains individuels. Notez que le casque n’est, selon la loi, qu’obligatoire en zone rurale. Mais franchement, autant l’avoir sur sa tête tout le temps. Enfin, la trottinette, à la différence du vélo, est un EDPM et nécessite une assurance. Comptez 100 €/an.
Caradisiac a aimé
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Design et finition digne de la gamme supérieure
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Confort de conduite
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Puissance idéale
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Application sans bug et complète
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Charge rapide (90 % en 3 heures, 30 % en 30 minutes)
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Une autonomie réelle de 50 km en mode sport
Caradisiac n'a pas aimé
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Elle pèse presque 30 kg
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L’activation de l'ABS dans les options est indispensable
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La conduite demande un peu d’expérience et de ne pas trop vite prendre la confiance
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Adhérence des pneus sur sol gras pas géniale
Chiffres clés *
- Taux d'émission de CO2 : NC
- Date de commercialisation du modèle : --
* pour la version .
Photos (24)
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