Entretien exclusif avec Sébastien Poirier, nouveau Président de la Fédération Française de Moto
Arrivé à la Fédération Française de Motocyclisme en 1995, Sébastien Poirier n’est pas un nouveau venu. Autant dire qu’il connaît la maison FFM sur le bout des doigts. Elu Président en octobre dernier pour succéder à Jacques Bolle, il entend désormais imposer sa patte et s’appuyer sur le travail de son prédécesseur pour poursuivre le développement du sport moto français. Une ambition et des projets sur lesquels le nouveau Président de la FFM s’est confié à Caradisiac.
Monsieur le Président, si vous êtes à la FFM depuis 1995, le grand public ne vous connaît pas encore très bien !
« Je suis entré à la Fédération Française de Motocyclisme en 1995 en tant que juriste. Je suis né dans une famille de motards, je suis un passionné de moto, je roule au quotidien en Africa Twin et pratique également la moto sur piste. Directeur général de la FFM de 2009 à 2020, je m’inscris aujourd’hui dans la continuité du projet porté pendant douze ans par Jacques Bolle. Nous sommes là pour soutenir et développer le sport moto français. »
En tant que nouveau Président, pouvez-vous nous dire quels sont les grands objectifs de la fédération ?
« Nous allons déjà veiller à assurer la progression du nombre de licenciés. Fin 2019, nous comptions ainsi plus de 96 800 licenciés. Nous allons poursuivre l’achat et la pérennisation des sites de pratiques et ce, dans différentes disciplines du sport moto. Il existe actuellement en France environ 700 circuits de motocross et une petite cinquantaine de pistes de vitesse et le travail de sécurisation de ces sites de pratiques reste un axe important. Il faut également continuer à soutenir les clubs, leur apporter un soutien financier mais aussi juridique, structurel. Ensuite, il va falloir développer l’accompagnement de nos jeunes pilotes vers des championnats du monde, vers l’excellence. La France a aujourd’hui deux magnifiques ambassadeurs en MotoGP : Johann Zarco et Fabio Quartararo. Ils font notre fierté et portent le sport moto français. Il faut s’en réjouir. »
Avoir deux Français dans l’élite du sport moto mondial n’est-il pas l’arbre qui cache la forêt avec une relève de pilotes de vitesse qui se fait attendre ?
« Ils sont encore jeunes, particulièrement Fabio ! Mais c’est vrai qu’il faut tout mettre en œuvre dès aujourd’hui pour avoir des pilotes capables de briller en Moto 2 et en Moto 3. » (Nous avons appris après l’entretien la titularisation de Lorenzo Fellon en Championnat du monde Moto3 pour la saison 2021, ndr)
« Bien évidemment, tout cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut mettre en place des filières, des championnats, des écoles de pilotage, etc. Rouler sur circuit coûte cher, c’est certain. Ce n’est pas non plus toujours simple pour les parents de trouver un circuit proche de leur lieu de vie. C’est pour cela qu’il faut chercher des solutions. Rendre accessibles les circuits de karting aux jeunes pilotes de vitesse moto est une piste que nous allons explorer. Il faut trouver un modèle économique avec les propriétaires de ces pistes, souvent privées pour que chacun y trouve son compte. Accompagner les jeunes pilotes, cela passe aussi par des moyens humains, un soutien pour les pousser dans la bonne direction et ne pas brûler les étapes. La FFM va prochainement mettre en ligne un site Internet pour faciliter l’accès au sport moto. On y trouvera pleins d’informations : où rouler, quels équipements faut-il, etc. Les pilotes auront accès à un site dédié à la pratique qui regroupera toutes les infos et les contacts pour débuter la moto. »
2020 est une année à part pour tout le monde, quel a été l’impact de la situation sanitaire sur la FFM ?
« Nous déplorons 70 % d’épreuves annulées, seulement 260 maintenues sur 900 prévues. Une perte d’environ 10 % des licenciés annuels et 50 % des licenciés "Une Manifestation". La situation est très compliquée. Il va falloir aider nos clubs, que la FFM soit à leurs côtés pour les épauler et pour établir d’ores et déjà un calendrier 2021 complet. Nous espérons finaliser les dates du calendrier des épreuves de 2021 dans le courant du mois de décembre pour garantir une visibilité optimale à tous les intervenants. »
Pour conclure, vous avez déclaré à nos confrères de la Nouvelle République des Pyrénées qu’un motard faisait souvent un meilleur automobiliste, pourquoi à votre avis ?
« C’est une vision toute personnelle. Je roule au quotidien à moto, je suis toujours en veille, toujours attentif à ce qu’il se passe autour de moi. Le motard est obligé de faire attention, d’avoir une attention accrue car il n’a que peu de protections. Ces habitudes de vigilance on les retrouve souvent au volant. Un motard, même au volant d’une voiture conserve ses réflexes de motard. »
Cela peut-il être une piste pour la Sécurité Routière, apprendre à voir et agir comme un motard aux automobilistes, sortir des clichés motos contre voitures ?
« Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde sur la route. La sécurité passe par l’action de tous, des usagers de la route aux différents aménagements sur les routes notamment dans les villes. Un responsable de la voirie, dans n’importe quelle ville, habitué à rouler à moto, ne fera pas les mêmes aménagements routiers qu’un non-motard. C’est un ensemble. »
Ancien directeur général de la FFM, Sébastien Poirier est aujourd'hui aux commandes d'une fédération qu'il connaît parfaitement. Entre le soutien aux clubs, le développement des infrastructures, la détection des jeunes talents et leur accompagnement jusqu'au plus haut niveau, les sujets d'occupation ne manquent donc pas. Successeur naturel de Jacques Bolle, Sébastien Poirier a maintenant quatre ans pour s'imposer et mener à bien les grands projets de la FFM.
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