Électriques : la France et l'Allemagne signent un accord pour l'Airbus des batteries
Paris et Berlin ont acté une feuille de route qui doit mener à la mise en place d'un consortium pour produire en Europe des batteries pour les modèles électriques, afin de ne plus dépendre de la Chine.
Un gros pas en avant vient d'être fait dans le projet surnommé "l'Airbus des batteries", pour les voitures électriques. La France et l'Allemagne viennent de signer un accord, lors de la sixième réunion annuelle des "Amis de l'industrie", qui regroupe 18 pays de l'Union Européenne. Bruno Le Maire, notre ministre de l'Économie, a déclaré : "Les gouvernements allemand et français, en coopération avec la Commission européenne, vont développer une approche stratégique pour établir une cellule de production industrielle de batteries en Europe".
Avec ce projet, l'Europe veut contrer la mainmise des pays asiatiques sur la production des batteries. Actuellement, la Chine et la Corée du Sud sont de très loin les principaux producteurs de batteries. Dans la mesure où la demande va exploser avec l'augmentation des ventes de modèles branchés, ces pays peuvent profiter de notre dépendance.
Un Airbus des batteries devient d'autant plus urgent que l'Europe vient d'annoncer des objectifs de réduction de CO2 très contraignants. Entre 2021 et 2030, les constructeurs devront baisser de 37,5 % les émissions de dioxyde de carbone des voitures vendues dans l'Union. Pour y arriver, les marques devront mettre le paquet sur les véhicules hybrides rechargeables et 100 % électriques, d'où un besoin croissant de batteries.
L'Allemagne et la France ont donc bien compris l'importance de produire des batteries au sein de l'Union pour alimenter leurs propres constructeurs. En réaction à la prochaine réglementation CO2 de l'Europe, le patron de Volkswagen a indiqué hier que sa marque va devoir donner un nouveau coup d'accélérateur pour sa production de véhicules branchés, évoquant maintenant l'objectif de porter à plus de 40 % la part de l'électrique dans ses ventes d'ici 2030. Du côté des firmes françaises, Renault a prévu d'assembler un nouveau véhicule électrique à Douai et PSA va donner le coup d'envoi de sa stratégie d'électrification en 2019 avec la Peugeot 208 et la DS3 Crossback.
Pour l'Airbus des batteries, l'Allemagne a déjà fait savoir qu'elle va investir un milliard d'euros d'ici 2022. La France n'a en revanche pas communiqué sur le montant qu'elle compte mettre sur la table. La première feuille de route prévoit de dresser au cours des prochains mois la liste des consortiums (les entreprises prêtes à travailler en commun) qui pourraient porter le projet.
Comme l'expliquent nos confrères de la Tribune, la liste serait ensuite soumise à la Commission Européenne, qui validerait le projet et surtout lui donnerait le statut d'IPCEI (Important Projects of Common European Interest). Ce statut permet de contourner les règles communautaires en termes d'aides d'État. Les heureux élus devront être prêts pour fabriquer des batteries d'actuelle génération, mais devront surtout préparer la prochaine génération, qui permettra notamment des recharges plus rapides.
Le projet englobe tout ce qui touche à la batterie, de la recherche à la production. Bruno Le Maire a prévenu : "Soit nous prenons les décisions nécessaires pour devenir une puissance industrielle avec tous les moyens financiers et technologiques nécessaires, soit nous deviendrons dépendants d'autres continents, en premier lieu la Chine et les États-Unis".
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