E85 : un développement du marché déjà compromis
L'E85 séduit les automobilistes français, avec une envolée de la vente de ce carburant. Mais les contraintes liées au CO2 (malus, amendes européennes) risquent d'empêcher les constructeurs de vendre des modèles compatibles.
Petit à petit, l'E85 fait son nid. Pour rappel, ce carburant est composé de 65 à 85 % de bioéthanol, qui est issu de la fermentation des sucres et de l’amidon contenus dans les betteraves sucrières, les céréales et leurs résidus de transformation.
Désormais, plus de 1 600 stations en France proposent une pompe E85. Le nombre a fortement progressé cette année, puisque 500 ont ouvert rien qu'en 2019. Au cours des derniers mois, deux stations ont été mises en service chaque jour. Preuve que ce carburant séduit de plus en plus : le volume vendu a atteint un record en octobre avec 34 millions de litres et une part de marché des essences de 3,4 %, contre 1,7 % sur l'année 2018.
Le Ford Kuga connaît d'ailleurs un joli succès avec sa version Flexfuel. C'est le seul modèle disponible neuf en France avec la compatibilité E85. 1 400 exemplaires ont été immatriculés en novembre. Mais sa carrière, commencée il y a peu, est déjà menacée. Il y a bien sûr le fait que ce Kuga s'apprête à passer le relais à une nouvelle génération. Mais c'est surtout à cause de contraintes CO2.
Le SUV Ford est un parfait exemple : il est homologué avec des rejets de 170 à 200 g/km de CO2 selon sa boîte de vitesses. Afin de ne pas trop pénaliser ce genre de modèles et inciter les Français à adopter ce carburant, il y a toutefois un abattement de 40 % du taux de CO2 pour le calcul du malus. Problème : le barème du malus sera plus sévère à partir du 1er janvier 2020, ce qui pourrait devenir plus gênant.
Surtout, les modèles Flexfuel peuvent devenir très pénalisants pour le calcul de la moyenne des rejets de CO2 par groupe automobile. On rappelle que les constructeurs vont devoir respecter un seuil maxi en Europe. En cas de dépassement, ils devront payer des pénalités. Voilà qui ne va donc pas inciter les marques à vendre elles-mêmes des véhicules Flexfuel aux taux de CO2 trop élevés.
S'il ne sera pas facile de trouver dans les garages une voiture Flexfuel, le marché de la conversion devrait en revanche bien se porter. Cette fois, une grande majorité de modèles essence est compatible grâce à l'homologation de boîtiers issus de quatre fabricants, dont Biomotors qui a déjà cinq appareils homologués (voir la liste). La conversion est d'ailleurs en plein boom car les centres autos s'y sont mis. Il faut dire que pouvoir faire des pleins avec un carburant à 68 centimes d'euro le litre, c'est tentant !
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