DESIGN BY BELLU - Renault Clio vs Peugeot 208 : " Au style bourgeois, installé, tout en retenue de la Clio, la 208 oppose un esprit rebelle"
Cette fois, les deux grandes rivales du marché français montent sur le ring en même temps. Avec toujours le même objectif sous les roues : décrocher le titre de voiture préférée des Français. Le design sera l’arme secrète pour la Clio et la 208.
Nouvelle Peugeot 208 : son premier essai est désormais en ligne sur Caradisiac.
L’attitude des deux constructeurs français face à leur best-seller n’est pas identique. Ils n’ont pas choisi le même langage pour définir les nouvelles moutures de la Clio et de la 208. Malgré la poussée des crossovers urbains - Captur chez Renault et 2008 chez Peugeot - la Clio et la 208 demeurent des modèles majeurs.
La Clio occupe actuellement la tête du marché français avec 19 436 exemplaires écoulés aux cours des deux premiers mois de l’année 2019 alors que la 208 a dû se contenter de 16 961 unités vendues pendant la même période.
Il est clair que pour le renouvellement des deux stars, les instructions données aux stylistes n’ont pas été les mêmes. Chez Renault, la plus grande réserve était imposée à l’équipe de Laurens van den Acker. Pas question de faire des vagues, de risquer des gestes incongrus, d’oser des audaces inutiles : il s’agissait avant tout de capitaliser sur le succès d’une lignée qui domine le marché depuis 2011 ; par conséquent, pour re-dessiner la Clio, il convenait de suggérer le renouvellement… sans qu’il se voit.
Dans l’évolution de la lignée, le vrai changement était intervenu en octobre 2012 avec l’avènement de la génération précédente, la Clio IV, qui visuellement inaugurait une silhouette plus cossue et plus élancée.
Pourtant, la Clio V aurait pu tout se permettre puisque sur le plan technique, elle partait d’une page blanche ; elle utilise une toute nouvelle plate-forme, la CMF-B, qui sera abondamment exploitée par l’Alliance Renault Nissan Mitsubishi.
Entre la Clio V et la Clio IV, il n’y a plus un élément commun… mais cela ne se voit pas au premier coup d’œil. La même ligne générale a été reprise in-extenso. Pour le profil, le même thème a été retenu, avec le même dessin du vitrage, avec le même mouvement fluide et élancé et avec le même artifice qui consiste à déplacer la poignée de la porte arrière à un emplacement malcommode.
On a juste simplifié la décoration des bas de caisse par rapport à la génération précédente, mais les surfaces libres ont été comblées : un motif en creux a été ajouté sur l’aile avant et un relief a été prévu pour soutenir la partie arrière du vitrage. Le designer a horreur du vide…
Naturellement, selon la tendance actuelle, la face avant se fait plus agressive qu’auparavant avec une prise d’air sensiblement agrandie autour du losange et des phares aux contours complexifiés. Ils ne peuvent pas s’empêcher d’en rajouter les designers, d’accrocher des virgules, des crochets et des pendentifs qui brillent et qui scintillent.
Changement ou continuité ?
Chez Peugeot, la consigne était plus radicale. La deuxième mouture de la 208 se devait de créer une rupture avec sa devancière. Jamais les ventes de la 208 ne sont parvenues à dépasser celles de la Clio, depuis leur lancement en 2012. Donc, terminées les demi-mesures et place au traitement de choc qui tranche sur le quant-à-soi de Renault.
La 208 bénéficie comme la Clio d’une plate-forme inédite : la CMP (common modular platform), déjà employée pour la DS 3 Crossback. À partir de cette base, les designers de Peugeot, menés par Gilles Vidal, ont eu la bride sur le cou. Au style bourgeois, installé, tout en retenue de la Clio, la 208 oppose un esprit rebelle.
Par rapport au modèle qu’elle remplace, la 208 tranche par un traitement beaucoup plus énergique : le volume général s’est débarrassé des mollesses du modèle précédent. Ses lignes sont plus tendues, plus nerveuses, son attitude est plus trapue et plus dynamique, et tout se joue sur la subtilité des proportions : l’épaisseur de la caisse par rapport à la surface vitrée, la longueur et l’horizontalité du capot. La face avant aux traits plus nets est occupée par une calandre qui a perdu sa lèvre supérieure pendante.
Seul effet de style, cet insolite trait de lumière, vertical, qui semble bien plaire à ses auteurs puisqu’il a été repris de la 508 ; un motif distinctif, certes, aussi incongru qu’une balafre mal placée.. Les trois griffes qui ornent les optiques répondent à bon escient à celles imprimées dans les feux arrière.
Le profil ramassé, bien rempli par des grands passages de roues cernés d’arches épaisses affiche une réelle vigueur. La forme de la vitre latérale rappelle le dessin des 205 deux portes… Mais qui se souvient que ces contours avaient été imaginés par le styliste Gérard Godfroy. Il reconnaît aujourd’hui avoir été inspiré par le van Brubaker Box américain !
Allongée de neuf centimètres par rapport au modèle précédent, la 208 atteint désormais 405 cm soit, à quelques millimètres près, la même longueur que la Clio.
À l’intérieur, on retrouve la même opposition entre le classicisme assumé de la Clio - bien qu’entièrement revu - et le i-Cockpit plus radical de Peugeot qui associe volant compact et combiné à vision tête haute.
Les deux rivales s’échauffent pour s’affronter pour de bon à la rentrée prochaine.
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