Cupra va-t-il dévorer Seat?
Ventes en forte hausse et grandes ambitions clairement affichées: Cupra, la marque-soeur de Seat, est clairement identifiée comme un important relais de croissance mondial. Dans le même temps, l'horizon s'obscurcit fortement pour Seat.
Sommes-nous en train d’assister à l’agonie de Seat ? C'est fort possible, tant le contraste est spectaculaire entre les résultats récents de la marque espagnole, née en 1950 et appartenant au groupe Volkswagen depuis 1986, et le dynamisme de sa "marque-sœur" électrico-sportive Cupra, apparue en 2018.
Si l’année 2022 a été bonne pour l'entité Seat S.A., avec le deuxième chiffre d’affaires le plus élevé son histoire et un retour aux bénéfices, les ventes de Seat n’enthousiasment guère avec par exemple 46% de baisse pour l’Ibiza, voiture emblématique de l’entreprise, ou bien encore 33% de ralentissement pour l’Arona, modèle qui s’inscrit pourtant dans la dynamique catégorie des SUV citadins. Citons aussi les -52% de la Leon, qui rendraient presque encourageants les -21% de l’Ateca.
-40% pour Seat, +93% pour Cupra
En comparaison, Cupra fait preuve d’un beau dynamisme et ne cesse de monter en puissance. Quand Seat vendait 232 000 voitures l’an dernier, valeur en baisse de 40% par rapport à l’exercice 2021, Cupra en écoulait près de 153 000, chiffre qui traduit une progression de…93% ! Pas mal, pour une ex-sous-marque.
Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi il n’y en a eu que pour Cupra lors de la présentation des résultats de la marque cette semaine. « Alors que l'année 2022 a été marquée par de très nombreux défis, SEAT S.A. a pris des décisions historiques qui définiront notre histoire dans les années à venir », a ainsi déclaré Wayne Griffiths, PDG de SEAT S.A.
Et la plus importantes de ces décisions, martelée par le dirigeant, est de « donner la priorité à Cupra. » C’est dit, et cela s’accompagnera d’une transformation de tout l’outil industriel de Seat S.A. vers l’électrification, de façon a franchir rapidement le seuil des 500 000 ventes annuelles.
« En ce qui concerne notre ambition d'être véritablement mondial, nous analysons actuellement une éventuelle entrée sur le marché nord-américain », a déclaré Wayne Griffiths mercredi lors de la conférence de presse annuelle de Cupra (ah tiens, tout comme Alpine !) « Pour le moment, nous testons notre marque auprès de clients potentiels ; nous pensons que les Américains aimeraient le design et les excellentes performances de Cupra. »
On ignore encore quels modèles seraient concernés dans une gamme qui comprend quatre véhicules: la Leon, le crossover Formentor, le SUV Ateca, ainsi que la Born, une compacte 100% électrique. La gamme s’élargira l’an prochain avec le Tavascan, un SUV 100% électrique attendu en 2024, et un peu plus tard avec le SUV Terramar.
Mais il est très probable que cette offensive américaine débute avec un autre modèle, plus imposant encore : « Vous avez besoin d'une voiture adaptée aux États-Unis et électrique », a déclaré Wayne Griffiths au magazine britannique Autocar. « Une voiture électrique américaine est généralement plus grande, donc ce sera une prochaine génération de voitures électriques qui serait basée sur la plate-forme SSP de VW. » Cette plate-forme devrait arriver après 2025.
Et le même Griffiths d’ajouter que l’entrée sur le marché américain serait lié au passage de Cupra à une marque uniquement électrique, prévue pour 2030. « En tant que nouvelle marque, Cupra doit également s'établir en Europe »,ce qui permet de préparer les investissements nécessaires à un plus large développement. Un développement qui n’impliquera donc guère la marque Seat, dont le champ d’action devrait progressivement se restreindre, avant probablement de disparaître complètement.
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