Dans certaines régions du monde, ce qui est banal devient soudainement un privilège. C’est le cas au Pérou, où l’autorité publique a pris une décision pour le moins radicale : interdire aux passagers de monter à l’arrière d’une moto dans plusieurs zones urbaines. Une mesure impensable dans d'autres pays, où les balades en duo sont une routine quotidienne.Mais ici, la violence urbaine a forcé la main du gouvernement. Extorsions, assassinats ciblés, braquages... La moto est devenue l’outil privilégié de nombreux criminels. « La plupart des crimes se passent à moto », note El Confidencial, qui explique que les autorités veulent identifier rapidement si quelqu’un est potentiellement en train de préparer un délit. Une moto = une personne. Point.Cette règle s’applique désormais notamment à ceux qui travaillent dans les services de livraison express, des professions très répandues dans les grandes villes péruviennes. Résultat : ces travailleurs devront rouler seuls, ce qui fragilise une partie importante de l’économie informelle. Et ce n’est pas tout.Les règles sur l’équipement se durcissent également : les dispositifs sur les casques qui pourraient masquer le visage sont interdits. Les motards doivent porter des gilets réfléchissants affichant leur plaque d’immatriculation, afin d’être facilement identifiables à distance.Selon Infobae, les critiques ne se sont pas fait attendre. De nombreux spécialistes et acteurs du secteur estiment que cette mesure est inefficace contre la criminalité mais pénalise lourdement les citoyens honnêtes, en particulier les plus modestes qui dépendent de la moto au quotidien. « Les autorités ne reconnaissent pas la valeur des motos dans le système de transport urbain du pays », déplorent-ils.La capitale, Lima, compte à elle seule 1,2 million de motos immatriculées. C’est dire l’importance de ce moyen de transport dans le quotidien péruvien. En criminalisant l’usage normal d’un véhicule populaire, le gouvernement prend une décision controversée, entre impératif sécuritaire et atteinte aux libertés de mobilité. La question reste ouverte : répression ou solution de facilité ?