Par roc et gravillon
Entre 22 et 23 h Manu Caillot va enfin se débarasser de son pull ?
De phénomènes paranormaux dans Minuit chicanes
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Par roc et gravillon
Entre 22 et 23 h Manu Caillot va enfin se débarasser de son pull ?
Par Anonyme
Minuit chicane, vingt-deux heures chicanes ?
Par Anonyme
conservez toutes ces pages que vous aimez ou détestez lire, commenter. miracle de minuit
Par Anonyme
Lætitia mon amour où est-tu ?
Par Anonyme
Lætitia ou la révolution industrielle
Soft hardware
On m’a prénommée Lætitia et je me prénomme encore Lætitia. Assez bizarrement mon prénom n’a pas changé depuis que je suis née.
Ce prénom, actuellement porté à travers le monde par un nombre inconnu de personnes porté à ma connaissance, j’ai décidé de l’adopter. Pour y parvenir je ne me suis nullement interrogée. C’est (tout) a posteriori (surtout tout à part moi au milieu du monde entier) que je débute une enquête sur ses origines multiples, à tout le moins contemporaines. « Lætitia », en latin du latin, signifie l’allégresse, plutôt la joie matérielle. Ce prénom aurait donné la liesse de la langue francese. Il paraît, qu’en France, cet endroit duquel je m’adresse à vous, plus de 135 590 personnes ont ainsi été prénommées depuis 1900 .
Alors voilà : moi Lætitia mon prénom Lætitia est synonyme de joie, de joie matérielle. Ce qui me plaît plutôt bien. Me plaisait et me plaît encore. Ni « pas bien » ni « moins bien » mais « bien ». Tout juste bien.
Aussi me laisserez-vous vous parler, vous parler de joie, de joie matérielle ?
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Par Anonyme
LA PIAULE DE PLEURNICHOS
par Suicidas
C'est dans une débauche de faste et d'extravagance que le Club des Compagnons de la Vie Inimitable inaugurait cette semaine la nouvelle édition de son très attendu symposium. Selon le protocole que semblent avoir établi, depuis quelques années, Antoine et Cléopâtre, un mystérieux couple de milliardaires, le lieu de rendez-vous est resté inconnu jusqu'à l'arrivée des convives sur place. On pouvait néanmoins affirmer, selon ce même protocole, que les festivités se dérouleraient cette fois encore sur une île artificielle.
Les premières années avaient vu en effet l'invasion provisoire de lieux historiques, fragiles ou inadéquats pour leur seule qualité d'îles artificielles. Parmi celles qui avaient le plus souffert de ces rassemblements outranciers, on comptait les îles souples et flottantes d'Uros sur le lac Titicaca, tressées de roseaux qu'on appelle tortora, et les Crannogs, des îles-habitations datant du néolithique, reconstituées sur les eaux peu profondes des lochs écossais. Cette année, le couple et sa bande d'invités avait choisi d'envahir l'île japonaise de Yumenoshima, une île artificielle, imaginée par des industriels inspirés pour se débarrasser de quelques tonnes de déchets issus de l'aéronautique. Animés par cet élan créatif, ces derniers avaient baptisé leur œuvre Yumenoshima, c'est-à-dire Dream Island, l'« île de rêve », bien avant que les premiers occupants du petit paradis ne commencent à se plaindre de mauvaises odeurs. On conjecturait pour l'année suivante l'occupation de l'île de Notre-Dame, à Montréal, un autre monticule érigé à partir de matières excavées lors des travaux du métro de la capitale. Le grand anniversaire, lui, serait célébré sans surprise sur l'un des complexes d'îles artificielles de Dubaï, les « palmiers » ou le « monde », s'il est achevé.
Par Anonyme
Les convives ont été débarqués sur l'île aux alentours de 15h30, enroulés dans des couvertures. Cléopâtre avait utilisé elle-même ce stratagème pour se faire introduire auprès de César. Les hôtes ont ainsi inauguré cette grande « semaine de la joie » en ficelant leurs invités, huit cent au total, les uns après les autres, dans un brouhaha de jacasseries et de plaintes goguenardes. Ecrasés par la touffeur de leur emballage mais enthousiastes, les invités se sont côtoyés dans la pagaille d'une attente interminable, l'espace d'une grande plage de temps libre et aveugle, donnant parfois naissance à d'anonymes amitiés, aussi spontanées que vaines. Ils ont ensuite été acheminés, ignorant toujours leur destination, jusqu'au dôme de la grande serre tropicale au milieu de l'île où se déroulerait plus tard et pendant une semaine l'essentiel des réjouissances. Le personnel d'accueil, grimé en nymphes délicates quels que soient leur sexe, leur âge ou leur corpulence, veillait à ranger les membres échappés des paquets les plus turbulents, reficeler les plus lâches et s'assurer que les plus timides ne souffraient pas de problèmes respiratoires.
Par Anonyme
A Sébastien
D’accord, j’allais suivre vos conseils éhontés parce que répétés et me ranger des bagnoles.
Par Anonyme
Lêtitia, je t'aime déjà. Parles-nous de ton bonheur…
Par Anonyme
J'étais l'un de ces boudins et l'un de ceux qui n'étaient pas franchement ravis. Déjà parce que je crevais de chaud dans ces foutues couvertures. Ensuite parce que je me fichais pas mal de vivre à mon tour le folklore émotionnel de cette supercherie et, qui plus est, d'en faire l'expérience en collectivité sur le caprice de gens trop riches, désireux de revivre une histoire qu'ils foutaient sens dessus dessous, à grand renfort d'anecdotes foireuses. Face à mon refus de me faire enrouler, le sourire du personnel d'accueil, à barbe et jupons translucides, les joues fardées de rose et couronné de fleurs, me signifia que, si tel était mon libre souhait, je n'assisterais pas au reste de la féérie, joie du corps et joie des sens. Je défiai un moment leur sourire d'un regard que je pensais menaçant puis que je tentai inquiétant. Sans succès. Je cédai. Il fallait que je rende cet article et le secret dans lequel était tenu l'événement supposait que j’y assiste en personne. Je ne pouvais pas non plus me permettre de me passer de la rémunération que me rapporterait ce papier. Je m'abaissai donc à remplir mon rôle de farce et me couchai sur un tas de couvertures en abandonnant ma dignité et la lumière du jour. Une fois empaqueté, je roulai sans grâce vers un groupe de boudins qui attendaient, joyeux, leur transport imminent. Pendant le ridicule trajet qui me séparait de l'ouverture de mon suaire et de la cérémonie, j'eu le loisir d'organiser pour moi-même, et faute de pouvoir exécuter un quelconque autre mouvement, une sorte de brève projection, à quelques millimètres de mon visage. C'est-à-dire qu'il faut m'imaginer les yeux grands ouverts, dans l'obscurité d'un rouleau étanche au moindre rayon de soleil, la face plaquée contre une étoffe hostile, faisant écran, écran au réel, et écran comme support des images à peine possibles qui avaient déjà impressionné mon esprit et que je tentais d'organiser en vue de la rédaction de mon futur article.
Par Anonyme
A Fabien
Eh bien là, moi Lætitia, je me demandais si je n’aurais pas dû me prénommer ou me déprénommer puis me reprénommer Mætitia, pour faire écho à la Maïzéna. Ce soir-là, précisons ensemble d’après vernissage, à l’instar de nombreux autres de mes contemporains m’entourant, je ne semblais voir que tristesse, tristesse matérielle pas même reprise aux Tristes d’Ovide.
Par Anonyme
"tressées de roseaux qu'on appelle tortora". Comme tes cheveux ?
Par Anonyme
C'est à bord d'un colossal navire de plaisance que les convives ont fait le voyage jusqu'à l'île. Le fameux « Bunga Bunga » ne quitte son port d'attache qu'à l'occasion de l'inauguration de ces cérémonies. C'est à lui seul un syncrétisme d'antiquités navales, un assortiment d'orgueils flottants, inspirés de ceux des Ptolémées et autres Hiéron de Syracuse – qui, lui, avait fait construire le sien par Archimède. On pense aussi bien sûr à la « galère de rêve » de Cléopâtre dont le luxe était un spectacle pour les foules sur les rives du Cydnus. Le « Bunga Bunga » réunit à lui seul l'ensemble des excès de pompe de ses prédécesseurs : une double poupe et une double proue en or, des voiles de pourpre et des rames d'argent, des appartements parfumés et décorés de mosaïques aménagés autour de salons de banquet, trois ponts que parcourent des promenoirs d'une richesse inouïe plantés de colonnades d'or et d'ivoire, des gymnases-promenades, autant de pavillons-tonnelles et une domesticité grimée en faux nègres paniques, la face peinte en noir, les jambes recouvertes de fourrures et la taille ceinte de phallus en érection, quels que soient leur race, leur sexe ou leur humeur. Cette année, le long des promenades, les flâneurs ont pu aussi, en exclusivité, admirer de splendides caryatides vivantes ayant semble-t-il renoncé à leur pudeur et à leur sourcils.
Par Anonyme
Pour le Cneai
Devant le décor débauché du siège social d’un groupe industriel moyen et familial français des nineties aussi bien à la pointe de la communication que de la qualité, j’ai vite repéré les longues et basses marches d’un escalier en large colimaçon permettant d’accéder au balcon situé à l’étage et pourvu d’une vaste baie vitrée. Car il me fallait tenter de réfléchir, d’observer l’extérieur de l’Onde à partir de son intérieur, à la manière, mais à la manière seulement, de l’allégorie de la caverne signée Platon.
Une Renault Modus première génération phase 1, en mouvement sur la jetée, a de suite retenu mon attention. D’abord par son mouvement (une marche arrière pour quitter sa place de parking sur fond d’un terrain de foot dont le gazon m’apparut étonnament vert), ensuite par l’association d’idées que cette représentante de la marque Renault produisit dans mon esprit. L’Onde n’est pas très loin de feu (puisque récemment renommé Le Losange – deux majuscules en prime – en référence au logo de la marque) le Technocentre Renault de Guyancourt, là où plusieurs suicides, à défaut d’être aussi courants que la monnaie de singe que constituent les chèques restaurants, ont défrayé la chronique de la Mondaine.
Par roc et gravillon
Sur ma remington portative
J'ai écrit ton nom Laetitia
Elaeudanla Teïtéïa
Laetitia les jours qui se suivent
Hélas ne se ressemblent pas
Elaeudanla Teïtéïa
C'est ma douleur que je cultive
En frappant ces huit lettres-là
Elaeudanla Teïtéïa
C'est une fleur bien maladive
Je la touche du bout des doigts
Elaeudanla Teïtéïa
S'il faut aller à la dérive
Je veux bien y aller pour toi
Elaeudanla Teïtéïa
Ma raison en définitive
Se perd dans ces huit lettres là
Elaeudanla Teïtéïa
Par Anonyme
Ce renoncement, que j'interprétais comme tel, était dû à l'absence totale sur leur corps du moindre bout d'étoffe et sur leur visage de la moindre expression de colère. Lors de cette croisière d'agrément et plus tard pendant la grande féerie, il était difficile de ne pas constater que les ressources humaines fournissaient une grande partie des trouvailles décoratives. Le personnel au complet était pensé et arrangé comme le mobilier, les accessoires, la vaisselle, les compositions florales, les jeux de lumière, les mets et les boissons avec astuce, insolence et brio, et s'il n'était pas toujours question de bon goût, il en était encore moins de respect. Le couple s'était tout permis jusqu'à une certaine tendance à identifier le loisir au vice.
Par Anonyme
"J'étais l'un de ces boudins et l'un de ceux qui n'étaient pas franchement ravis."
Je ne suis pas d'accord Lætitia, tu est sûrement superbe Lætitia. Mon regard te transformera Lætitia. tu seras solaire Lætitia !
Par Anonyme
– Deux boucs de Capri ces deux cons !… Le « bouc de Capri », c'est comme ça qu'on l'appelait Tibère… avec son… son quoi là ?… C'est quoi en latin déjà ?… Son malum otium !… Son « loisir pervers »… ! Qui est-ce qui dit ça déjà ? Tacite ! … dans ses annales !… Je ne sais plus ! … Le tome IV, je crois ! … À boire, bon sang ! C'est quoi cette piaule ? Et l'autre avec son tutu ! Va me chercher à boire mon grand ! C'est ça, mais pose ta flûte, hein, ça ira plus vite.
C'est à cet instant que j'aperçus Pleurnichos pour la première fois. Il était assis à une table en face de moi, entre deux palmiers et un miroir géant taillé en forme de coquille Saint-Jacques. Cela faisait maintenant sept jours et sept nuits que boissons exotiques, alcools rares, vins cuits, friandises luxueuses, graines rarissimes et chaires délicates circulaient en musique pour satisfaire sans discontinuer le bon plaisir des huit cent convives, chaque journée et chaque nuit s'inspirant d'un banquet fameux. À cette heure, il restait peu d'invités en état de se déplacer ou en état de parler. Pleurnichos, lui, semblait s'être réveillé d'un coup par la seule force des mots qui lui sortaient de la bouche à la queue leu leu.
Par Anonyme
– Les clubs royaux… ça date des rois d'Egypte ! On les connaît les geloiastai, la compagnie des buveurs de Ptolémée IV et l'autre, le Ptolémée VI, le Philomêtor qui dansait nu au milieu des bouffons ! Et Démétrius Poliorcète ! … Lui, il avait converti l'Acropole en lupanar géant ! Et il exhibait sa maîtresse aux fêtes sacrées, une flûtiste ! Et tu crois qu'ils auraient inventé quelque chose d'autre ces deux « chèvres de Venise » ? … Un nouveau club, un truc chouette avec un nouveau nom. Penses-tu ! Tout ce qu'ils ont fait c'est pomper le « club des Amimêto … beu …les Amimêto … bê … i … ah ! les Amimêtobeioi ! ». Tu parles d'une invention, ça veut dire exactement ça : « Les Compagnons de la vie inimitable » ! Branleurs ! Et ça se fait appeler Antoine et Cléopâtre comme s'ils y avaient été, eux, à Alexandrie et à Canope, faire des paris ruineux à savoir lequel paierait son style de vie le plus cher et à se faire jouer des chorégraphies nautiques en grignotant des sangliers à la broche… À boire ! Où il est passé Kandinsky ? …
Le fatras gastronomique et musical de cette dernière journée a vu passer les inventions culinaires les plus délirantes, des loirs saupoudrés de miel et de pavot portés sur des plats à passerelles par des ânons en bronze de Corinthe, des poules de bois pondant des œufs de paon en pâtisserie dissimulant des bec-figues entourés de jaunes d'œuf au poivre, des fantaisies de viande et de poisson figurant le zodiaque avec les mets correspondants aux signes, bœuf sur le Taureau, langouste sur le Capricorne, un porc entier prétendument non vidé de ses entrailles, mais dont la panse, une fois tranchée, avait rejeté en pagaille un flot de boudins et autres saucisses encore fumantes, ou encore un Priape en pièce montée dont la culotte avait été fourrée de fruits de toutes sortes qui produisaient un jet d'eau de safran au moindre attouchement. Tout cela était, pour ne rien arranger, arrosé et distribué en service-ballet par une domesticité « spécialisée », quelles que soient leurs réelles aptitudes artistiques.
Par Anonyme
A Valentina
On m’a prénommée Lætitia et je me prénomme encore Lætitia. Assez bizarrement mon prénom n’a pas changé depuis que je suis née.
Ce prénom, actuellement porté à travers le monde par un nombre inconnu de personnes porté à ma connaissance, j’ai décidé de l’adopter. Pour y parvenir je ne me suis nullement interrogée. C’est (tout) a posteriori (surtout tout à part moi au milieu du monde entier) que je débute une enquête sur ses origines multiples, à tout le moins contemporaines. « Lætitia », en latin du latin, signifie l’allégresse, plutôt la joie matérielle. Ce prénom aurait donné la liesse de la langue francese. Il paraît, qu’en France, cet endroit duquel je m’adresse à vous, plus de 135 590 personnes ont ainsi été prénommées depuis 1900 .
Alors voilà : moi Lætitia mon prénom Lætitia est synonyme de joie, de joie matérielle. Ce qui me plaît plutôt bien. Me plaisait et me plaît encore. Ni « pas bien » ni « moins bien » mais « bien ». Tout juste bien.
Aussi me laisserez-vous vous parler, vous parler de joie, de joie matérielle ?
Par roc et gravillon
Bonaparte (Mme Marie-Laetitia Ramolino). Epouse de Charles Bonaparte, mère de Napoléon 1er, née à Ajaccio le 24 août 1750, d’une famille patricienne. Bien qu’au milieu des discordes civiles qui déchiraient son pays, elle n’eût pu recevoir qu’une éducation médiocre, elle se fit toujours remarquer par la pénétration de son esprit et la rectitude de son jugement, autant que par l’élévation de son caractère. Elle, était d’une beauté pleine d’éclat, dont la gravité mélancolique et la dignité sévère rappelaient à l’esprit le type idéal de la matrone romaine. En 1767, elle épousa Charles Bonaparte, dont elle partagea les périls lors de la résistance armée contre la conquête française ; elle le suivait à cheval, même pendant ses grossesses, dans ses expéditions et ses fuites à travers les montagnes. Devenue veuve en 1785, elle déploya le plus ferme caractère et veilla seule à l’éducation de ses enfants. Lorsque, en 1793, la Corse eut été livrée aux Anglais, elle fut obligée de fuir au milieu de mille dangers, et se réfugia avec son fils Lucien et ses trois filles à Marseille, où elle fut réduite aux subsides que la République accordait aux patriotes réfugiés, et où elle vécut dans un dénùment extrême jusqu’au moment où Bonaparte, devenu général en chef de l’armée d’Italie, put améliorer le sort de sa famille. Dès lors, elle suivit la fortune extraordinaire de son illustre fils ; reçut, en 1804, le titre de Madame Mère, eut un palais, une cour, dont les charges étaient remplies par les plus grands noms de l’ancienne monarchie ; mais conserva, au milieu de cette grandeur inouïe de sa race, l’austère simplicité de sa vie passée. Il paraît même que, malgré le désir de l’Empereur, elle poussait sa répugnance pour le faste et l’éclat jusqu’à la parcimonie, et qu’elle s’attachait moins à jouir du présent qu’à se prémunir contre les éventualités de l’avenir. Par une prévoyance de mère de famille dont la vie avait été douloureusement éprouvée, elle disait parfois, avec une gaieté pleine de mélancolie : Qui sait si je ne serai pas un jour obligée de donner du pain à tous ces rois ? On sait qu’en effet, plus tard, les économies accumulées par la sollicitude maternelle ne furent pas inutiles à tous ces rois devenus des proscrits. Après les désastres de Waterloo et la seconde abdication de Napoléon, Madame Mère se relira à Rome, où elle vécut dans une retraite profonde, protégée par le respect et la sympathie de toute l’Europe, portant avec une dignité admirable, et pendant plus de vingt ans encore, le poids de ses souffrances physiques (elle s’était cassé la cuisse), de ses angoisses morales et de ses immenses douleurs. Elle mourut en 1836, âgée de plus de quatre-vingt-cinq ans, d’une fièvre gastrite, emportant dans sa tombe la déchirante pensée que la France était à jamais fermée à tous les siens, et exprimant le désir qu’ils n’y rentrassent jamais qu’appelés par la volonté nationale. Quelques dissidences passagères avaient existé entre le fils et la mère. Napoléon se rappelait avec une certaine amertume qu’elle s’était vivement opposée à ce qu’il prît le titre d’Empereur, et oubliait difficilement sa préférence pour Lucien, qu’elle avait sans cesse soutenu, en disant avec une grandeur d’âme toute cornélienne : « Celui de mes enfants que j’aime le plus, c’est toujours le plus malheureux. » II se montrait aussi blessé de son aversion pour Marie-Louise. Cependant, en 1820, lorsque les fautes de la Restauration suscitèrent des révolutions en Espagne et en Italie, et qu’il se forma une conspiration bonapartiste, accusée de répandre des millions pour fomenter un mouvement en faveur de son fils, elle répondit noblement : « Je n’ai pas de millions ; mais si je possédais les trésors qu’on me suppose, je les emploierais à armer une flotte pour enlever mon fils de l’île de Sainte-Hélène, où la plus odieuse déloyauté le retient prisonnier. » En effet, quoi qu’on ait dit de ses immenses richesses, elle ne laissa qu’une fortune de 80.000 fr.ancs de rente et environ 500.000 francs de bijoux. Le plus bel héritage qu’elle légua à ses enfants fut l’exemple de sa modération dans la prospérité, de sa grandeur d’âme dans l’adversité.
Par Anonyme
– Pitié ! Remplis mon verre mais cesse de chanter ! … Tiens et laisse donc la cruche ! … Ah ça, elle est de premier choix la valetaille cette année ! Pétrone en serait foutrement satisfait … mais alors ! ... Dans le Satiricon, ils chantent aigre, c'est sûr … mais aussi mal ? Oui je parle de toi ! Tu es débile ! En tout cas, dans le genre repas chez Tribalcon … non … ah ! Trimalcion … on a eu le droit à tout. On peut dire qu'il ne manquait pas un seul raisin sec au fion du plus gros gibier ! Allez, allez ! Pshht, pshht, pshht, de l'air ! Va montrer tes fesses et chanter tes guirlandes à un autre malheureux !
Pleurnichos était bourré comme une huître – c'est lui qui le disait, ça ne voulait rien dire, c'est dire s'il était bourré. Peu après que je l’aperçus interpeller le serveur-chanteur-danseur, c'est moi qui fis les frais de ses interjections, puisque, semble-t-il, je le fixais depuis un moment et que, toujours d'après lui, je portais le même déguisement. Nous ne portions évidemment pas de déguisement et je ne voyais pas ce qu'il voulait dire par là, mais il était vrai que d'apparence nos vêtements étaient assez semblables. Pleurnichos, c'était le nom qui était inscrit, enfin de ce que j'ai pu en lire de loin, sur son badge. Le personnel d'accueil avait fourni des badges à chacun et ce fût une pagaille sans nom à la sortie des couvertures lorsque s'organisa la distribution de feutres et que tout le monde se mis à écrire dessus tout en poussant des cris car c'est à ce moment qu'on découvrait l'île et les premières installations. Comme les autres, j'avais bien écrit mon nom. Ce n'est qu'un peu plus tard, en proie au désœuvrement le plus total, que je m’amusai à rajouter un C et un I entre le I et le D de SUIDAS. « Ludvin SUIDAS, enchanté. – Comme : "D'où y vient c'ui-là" ? », me répondit Pleurnichos avec un sourire en coin, juste avant de s'effondrer dans son bras gauche, son poignet droit resté mou au dessus de sa tête, l'index pointé vers nulle part, position qui malgré lui le faisait ressembler à un cygne, un peu abruti et tout froissé. Puis il se releva en haussant le ton.
– Mais … ce n'est pas ce qu'il y a écrit sur votre badge ? Je lis bien SUICIDAS, là ? Non ?…
Par roc et gravillon
Laetitia Jarty, responsable des jeunes UMP de Gironde a annoncé sa démission dans un courrier envoyé aux adhérents du département. Celle qui est également conseiller municipal de Bordeaux, et dont le père était sur la liste du socialiste Alain Rousset aux dernières municipales, était très contesté en interne. Selon un certain nombre d’adhérents, celle-ci a insufflé à ce mouvement de jeunes des idées et prises de position souvent proches de la gauche.
En janvier 2010, lors d’une interview réalisée par l’agence de presse Novopress, elle déclarait : « Pourquoi laisser à la gauche un monopole sur certaines idées ? La Gay Pride ne choque pas du tout à l’UMP. En aucun cas celle-ci n’est en opposition avec les valeurs familiales, au contraire » !
Pour Laetitia Jarty, la raison principale de sa démission est la volonté de se « consacrer totalement à Bordeaux à travers mon mandat municipal et mes responsabilités en tant que suppléante de Pierre Lothaire ». Son remplaçant a été annoncé, il s’agit de Benoit Grange, son ancien adjoint.
Par Anonyme
Tu seras double Lætitia puisque derrière la première Lætitia se cache la seconde Lætitia.
Par roc et gravillon
Biographie de Letizia d'Espagne
Née le 15 septembre 1972 à Oviedo (Principauté des Asturies) d'un père chauffeur de taxi et d'une mère infirmière, Letizia Ortiz, plus connue sous l'appellation de Letizia d'Espagne, princesse des Asturies puisque épouse du prince Felipe, héritier de la couronne d'Espagne, était une brillante journaliste avant d'entrer dans la famille royale d'Espagne.
Diplômée de journalisme à l'université Complutense de Madrid, l'étudiante, issue d'une famille modeste, part faire son doctorat au Mexique puis travaillera pour un journal à Guadalajara. Là bas, elle rencontre un professeur de littérature et décide de l'épouser. Mais leur amour ne passera pas 1999, l'année de leur divorce.
Une fois rentrée en Espagne, la belle Letizia débarque sur TVE, la chaîne publique espagnole et gagne le coeur des téléspectateurs à mesure de ses reportages. Elle sera même envoyée spéciale à New York le 11 septembre 2001 et se rendra en Irak, pendant la guerre.
En 2002, elle croise la route de Felipe, alors célibataire. Ils ne se quitteront plus jamais.
Le 22 mai 2004, en présence de tout le gotha et en direct à la télévision, elle épouse son prince en la Cathédrale Santa Maria la Real de la Almudena à Madrid. Le conte de fées peu commencer...
En l'espace de quelques mois, Letizia d'Espagne, ancienne star de la télévision et professionnelle reconnue, va s'imposer comme la lady espagnole, incarnation de la grâce, de la beauté et de la dévotion aux nobles causes à travers le monde.
Le 31 octobre 2005, la princesse ravit toute une nation en donnant naissance à Leonor. Un bonheur qui sera répété le 29 avril 2007 lors de la naissance de leur seconde fille Sofia, qui porte le nom de sa grand-mère paternelle, la reine Sofia.
Symbole d'ouverture, Letizia d'Espagne est également fragile. Sujette à des problèmes de santé tels que l'anorexie, elle fut également très affectée par la disparition de sa soeur Erika en 2007, victime d'une profonde dépression.
Très concernée par les populations désoeuvrées, Letizia d'Espagne consacre une large partie de son temps aux enfants, à qui elle rend visite à travers le monde, en marge des représentations officielles que son titre implique.
Une princesse des temps moderne, qui a dignement pris la relève de Lady Di.
Par Anonyme
Oui, c'était exact, j'avais rajouté le C et le I par ennui, je ne savais plus quand, sans doute dès le premier jour. Je constatais d'ailleurs que son nom n'était pas non plus Pleurnichos, j'avais mal lu. Je lui fis remarquer.
Nous nous surprîmes alors le doigt tendu l'un vers l'autre, transportés par une grâce idéalement symétrique.
– Ah non, moi c'est écrit « Phrynichos ». Cela étant … ce n'est pas non plus mon vrai nom. C'est le nom de l'un des personnages … enfin l'un des auteurs cités … dans les … Deipnosophistes … Athénée de Naucratis, vous voyez ? … Le banquet des savants … un fourre-tout de citations érudites, quasi archéologiques … façon histoire ancienne sous toutes ses formes … avec des mystères étymologiques et des … bizarrerie grammaticales enrobés de rites désuets selon un protocole de table … très approximatif … tout ça se voulant « à la manière » des banquets de Platon ou de Phédon : trame narrative et philosophique en moins … bordel et perles en plus ! … Enfin, il est dit là-dedans, que ce type, Phrynichos, natif d'Athènes, passe pour être l'inventeur de la tragédie grecque ! … un prédécesseur d'Eschyle ! De qui on parle aussi d'ailleurs dans les De … hip ! … nosphistes … dans le livre I … Tiens, je m'en souviens … attends ! … c'est : « C'est dans l'ivresse qu'Eschyle composait ses tragédies, à ce que prétend Chamailéon. Aussi Sophocle le lui reprochait ainsi : "Même quand il fait bien, c'est sans le savoir" » ! … Ha ha ! C'est chié, non ? Mais c'est comique ! Alors … J'en étais où ? Ah oui, donc à l'époque, on voyait plutôt fleurir des farces ampoulées, des comédies bachiques et autres mythes de traineaux … tréteaux ! … mais distraire, ça ne l'intéressait plus ce Phrynichos, lui ce qu'il voulait c'était faire ressentir des émotions avec des sujets sérieux ! Hérodote raconte même qu'à la suite de sa tragédie sur la prise de … de quelle ville déjà ? Milet ! Eh bien le poète avait été condamné à payer une amende pour avoir fait fondre en larmes son public ! … D'ailleurs, Pleurnichos c'est encore mieux … ça me plaît bien ! Je vous autorise à m'appeler comme ça, mais seulement vous, hein, pas eux là ! Ces guignols à grelots qui distribuent leur pisse filtrée au compte-goutte !
Par Anonyme
A Philippe
S’il fallait aux artistes rembourser la dette que représente l’argent investi sur eux par le centre d’art, La Boîte correspondrait aux intérêts de la dette. Evidemment, tel n’est pas le cas car jamais l’artiste principal, celui ou celle qui expose dans le Micro Onde proprement et promptement localisé, n’accepterait sans doute de rembourser seul le principal de la dette. Le capitalisme est décidément fort là où l’art peine infailliblement et actuellement. « Lætitia », je me sens votre obligée à le rappeler signifie joie, une joie matérielle. Que allegria !
Par roc et gravillon
Læticia Hallyday, de son nom de jeune fille Læticia Marie Christine Boudou, est une mannequin française née le 18 mars 1975 à Béziers.
Par Anonyme
Il était debout maintenant, le poing levé à l'adresse des porteurs de grelots et lourdes cruches, tous identiques et indifférents. Certains vinrent pourtant le resservir, si bien qu'il se calma et se rassit. Il ne s'arrêta pas pour autant de parler.
– Votre nom là, ça me fait penser à … Suidas … Suidas … cette sorte d'encyclopédie … byzantine ou grecque … ou la Souda … un autre vrai foutoir ce truc … pourtant ils sont nombreux ceux qui n'ont pas eu d'autre choix que de se référer à cette base de données … Elle regroupe des informations si anciennes que, dans bien des cas, ce sont les seules qu'on ait. Je me demande même si Athénée de Naucratis n'y fait pas lui-même référence. Ça ne m'étonnerait pas … Rien n'est sûr dans cette chose ! Et rien n'est vérifiable et on ne sait même pas non plus si c'est l'œuvre d'un seul type érudit, Suidas ou le Suida ou Souidas qui aurait répertorié toutes les informations savantes de son époque … d'où « le » Suidas comme on dit le « Bayle », le « du Cange » ou le « Littré » … vous me suivez ? … ou si c'est plutôt une œuvre collective … un peu comme cette encyclopédie en ligne aujourd'hui … mais si … Wikipédia, là ! … Il est aussi peu sûr de s'y référer mais ça compile des informations les plus contemporaines qui soient, à l'inverse des plus anciennes pour le Suidas… et ces informations … aux limites de la connaissance … comme des sortes d'extrémités épistémologiques … eh bien, les encyclopédies dites « sérieuses » ou « classiques » ne les traitent pas ! … enfin bref … Je suis bourré et j'ai trop bouffé… Bah ! Allons flâner, maintenant … et glaner … et flâner … et glaner … et flâner !
Sur ces mots, il se leva et entama une série de petits pas chassés, finissant sa sotte chansonnette par un sifflotement horripilant. Il se mit alors en quête de bonbons à la menthe, agaçant tout le monde à la ronde, qu'il finit par trouver par je ne sais quel miracle. Je le suivis comme un seul homme, ne sachant pas très bien où cela nous mènerait.
Par roc et gravillon
Naissance à Saint-Vallier-sur-Rhône le 19 décembre 1970.
Lætitia Bourgeois est docteur en Histoire médiévale. Elle se passionne pour celles du Gévaudan et du Velay. D'ailleurs, la thèse qu'elle a présentée à l'Université de Lyon, en 1998, pour l'obtention de son doctorat, ne porte-elle pas comme titre : Les Communautés rurales en Velay face aux crises de la fin du Moyen Âge ?
Outre la connaissance des hommes et des faits, elle s'attache à explorer les domaines économiques, sociaux et judiciaires. Les plantes aromatiques et médicinales, en usage à cette époque, mobilisent également son attention. Elle a installé, pour ce faire, un jardin expérimental médiéval et publié, en 1999, Les Bonnes herbes du Moyen Âge aux éditions Publisud.
Pour un roman, elle amalgame, à une intrigue de bon niveau, ses connaissances historiques approfondies sur le Gévaudan, sur l'usage des plantes à cette période. Elle créée, pour l'occasion, Barthélémy Mazeyrac, un paysan sergent de justice et Ysabellis, une guérisseuse, qu'elle fait évoluer en l'an 1363. Les Deniers du Gévaudan paraît en 2005, aux éditions Privat.
L'accueil du public l'amène à continuer le récit des enquêtes de ses héros, ce qui est chose faite avec Le Parchemin disparu de maître Richard (2006) et Un Seigneur en otage, (2007) toujours aux éditions Privat.
Les deux premiers titres ont été repris dans la collection "Grands détectives" aux éditions 10-18 en 2009.
Par Anonyme
A Tsuneko
Eh bien là, moi Lætitia, je me demandais si je n’aurais pas dû me prénommer ou me déprénommer puis me reprénommer Mætitia, pour faire écho à la Maïzéna. Ce soir-là, précisons ensemble d’après vernissage, à l’instar de nombreux autres de mes contemporains m’entourant, je ne semblais voir que tristesse, tristesse matérielle pas même reprise aux Tristes d’Ovide.
Par Anonyme
Nous marchâmes pendant des heures et traînâmes dans toutes les conversations de cette station de plaisance qu'offrait l'espace de la vaste serre tropicale. Nous goûtions au plaisir de sentir le sable, que nous venions de remarquer sous nos pieds et qui n'y était pourtant pas avant, c'était curieux, là où venaient mourir parmi les corps les dernières ondulations digestives d'une élite romaine de pacotille. Grisés par l'enfantillage de cette promenade, dominant les êtres allongés et flapis, nous profitions de la vue dégagée et jouissions des derniers mots encore audibles, des bruits agréables de cette villégiature avinée qui caressaient nos oreilles, tel le murmure de la fontaine, le souffle du vent dans les arbres, la percussion rythmée des vagues sur le rivage. Et nous collections, comme les enfants qui sur la plage ramassent galets et coquillages, des bribes de mots ou des sujets entiers, suivant le temps passé à nager parmi les miraculés et selon la qualité de leur amitié ou hospitalité à bien vouloir se laisser écouter.
Par Anonyme
Pleurnichos n'arrivait plus trop à parler mais il me glissa à l'oreille qu'il avait lu un livre très intéressant sur la notion de rivage. Je l'écoutai me parler comme une voix à l'intérieur de moi. Le Territoire du Vide plus exactement, d'un certain Alain Corbin se souvenait-il, un historien sensible ou « du sensible », il n'était pas certain mais il se souvenait du sous-titre et il l'énonça … en reprenant son souffle … sur un ton si net, que je me fis la réflexion absurde qu'il parlait en italique : L'Occident et le désir du rivage 1750 -1840. Et un autre aussi … sur Les loisirs en Grèce et à Rome. Et l'auteur … c'était Jean-Marie André. Oui … c'était ça … Jean-Marie André … De lui il y avait un autre livre important … Mais à ce moment là, il me sembla qu'il avait préféré sourire plutôt que chercher à se souvenir …
Notre estivage nous poussa ici et là, à l'aveuglette. Nous soupirâmes après quelque site charmeur peuplé de convives plein d'esprit puis, blasés de ces raffinements, nous gagnâmes de longues étendues désertiques d'une sauvage tristesse. Cette mobilité, ennemie de l'état présent, nous berça un moment, puis nous recracha sans prévenir sur une nouvelle rive qui une fois inspectée, cela ne faisait aucun doute, était bien la grande cuisine installée dans la serre pour l'occasion. Les cuisiniers avaient fini leur service et un groupe de personnes encore alertes avait investi les lieux et discutaient avec entrain. Pleurnichos me fît remarquer que là, on y était dans le symposium, pas celui des parpaillots qui traînent de congrès en colloques en appelant ça des « symposiums », non, celui des origines, celui qui correspond au temps du dessert, à la seconde partie du repas où les derniers invités boivent et échangent sur des sujets variés. Je lui fis remarquer que les desserts étaient passés depuis un moment mais il insista et me répéta qu'il ne parlait pas d'une horloge suisse indiquant la sortie des sucreries, mais du « temps du dessert », et qu'il fallait que je fasse un petit effort conceptuel pour lubrifier nos échanges. J'essayai mais je ne réussis qu'à imaginer de petites pâtisseries factices défonçant de petites portes en bois annoncées par le son irritant d'un coucou bien huilé. Bien que cette fois je faillis l'agacer, Pleurnichos était d'un calme inquiétant. Il s'était assis en tailleur sur une table de cuisson vêtu d'une sorte de toge qu'il venait de se fabriquer avec une nappe souillée de vin, de jaune d'œuf et d'eau de safran. Je le laissai faire, mais je sentis bien qu'il nous avait fait repérer. Le regard amusé et complice que m'adressa celui qui semblait être le chef me rassura – son badge le présentait ainsi : Fabius Gurges, dit Le Gouffre. Je me laissai aller au loisir de la conversation. Il était justement question de loisir. Le petit groupe débattait sur l'origine d'un mot latin, qui revenait dans toutes les bouches, l'otium. Pendant ce temps, le sympathique chef qui ressemblait à un chérubin – bien que je l'imaginais assez aisément distribuant des injures fleuries et autres grossièretés de rond-point au volant d'une Punto lancée à pleine allure – préparait à discrétion une quantité pyramidale de panariola et d'epula ; des casse-croûte et des collations, me traduisit Pleurnichos, qui fixait un point indéterminé, toujours assis sur la gazinière.
Par roc et gravillon
Signification prénom :
C'est l'exacte transcription d'un substantif latin signifiant l'allégresse, la joie débordante. Ce mot a donné en français " liesse ", qui a la même signification.
Laetitia a été utilisé comme prénom dès le XIIe siècle, dans la plupart des pays latins mais également en Grande-Bretagne, sous la forme Lettice. Sa diffusion correspond à l'extension du culte de la Vierge Marie, vénérée souvent sous le nom de Notre-Dame de Liesse. Peu fréquent à partir du XIXe siècle, on a assisté, à la fin des années 1960, à son retour en force, en France en particulier.
Par Anonyme
Tout en attaquant les hauteurs de la pyramide de sandwichs, le petit groupe poursuivait sa conversation animée sur ce qui semblait être un répertoire d'hypothèses sur l'étymologie d'otium. Otium signifiait le loisir, le temps du loisir comme me l'avait laissé entendre Pleurnichos, avant qu'il ne commence à faire défiler une série de petits pains depuis la pile de petits pains jusqu'à sa bouche. D'après ce que je suivais de leur propos, l'étymologie d'otium suscitait périodiquement la curiosité des philologues. Dans les hypothèses étymologiques qu'ils passaient en revue, apparaissait presque toujours le choix d'un sens « primitif » ou « essentiel ». Or l'établissement du sens primitif d'otium recélait bien des difficultés. Dans sa longue destinée, le mot n'avait cessé de s'enrichir et de se charger de sens. Pleurnichos poussa alors un cri qui fît sursauter tout le monde. Je crus ensuite qu'il allait s'étouffer, à cause de l'appel d'air qu'avait provoqué l'exclamation et parce que sa bouche, qui n'était pas encore vide, accueillait déjà un nouveau pain fourré au moment de son cri. Le temps qu'il reprenne visage humain et sa couleur d'origine, on put distinguer, au milieu de ses toussotements et tandis que chacun lui tapait dessus, qu'il disait avoir retrouvé le titre de ce livre dont il parlait tout à l'heure, ce livre de Jean-Marie André, que « ça parlait exactement de ça » et que « d'ailleurs le livre s'appelait Recherches sur l'otium romain ». Sur ce, Pleurnichos en profita pour réclamer un petit quelque chose à boire, afin de se rincer le gosier, feignant de ne pas voir le verre d'eau qu'on lui tendit à plusieurs reprises. L'incident passé et Pleurnichos sirotant un defritum – qui n'était pas meilleur qu'un mauvais porto, comme il m'en informa une fois le verre séché – la conversation reprit. C'était donc comme si l'otium avait suivi l'évolution culturelle de son temps. Il avait été le temps laissé libre par le calendrier agricole et par les opérations militaires, il devînt un slogan politique, une forme de paix sociale dans la vie de la cité, puis, en liaison avec les progrès de l'individualisme épicurien, il désigna, à l'époque de Cicéron, la tranquillité des existences privées, l'apolitisme serein, jusqu'à évoluer ensuite vers le culte des muses et la contemplation philosophique. L’otium tendit ainsi à devenir un havre de paix au sein d'un monde tumultueux, une détente passagère, négation et récompense du negotium, mais de ce fait, et par corrélation, toujours étroitement lié aux étapes de la civilisation et à l'édifice de ses activités. Suivant les hypothèses étymologiques, il était aussi possible de lire les nuances de la disposition de ce temps libre, précédant ou non l'activité, dans un substrat pastoral, agricole ou militaire.
Ici je commençai à m'engourdir d'une sorte d'ennui digestif pas désagréable qui me fit perdre le fil du débat. Je flottais, bienheureux et nonchalant dans un savoureux bain de sciences et d'allégresse que venait enchanter la vision alentour d'une nature bucolique. Je me sentais tout entier devenir cette Lætitia dont parle si bien Spinoza et qui correspond à la joie que l'on atteint par l'accès à la connaissance. Toujours transporté par la fraîcheur de ces paysages arcadiens, je me trouvai soudain sur la terre ferme encerclé par des brebis. Un type du nom de Schwyzer leur courait après en criant « Oui-tium ! Oui-tium ! ». J'étais vêtu comme un berger et je courais moi aussi derrière le type en sautillant, en appelant les brebis ovis et en agitant les bras et mon bâton de berger de façon très désordonnée. Entre deux couinements, j''entendis le type proférer que « la tâche du jeune pâtre est dans une très grande mesure un jour de fête sans fin ! ». Puis le Schwyzer en question s'arrêta net, m'attrapa les pieds et se mit à leur expliquer plus qu'à moi-même l'existence d'un homo otus, un « homme chaussé », revêtu de ses plus beaux atours pour les jours de fête. Comme si de berger j'étais devenu paysan. J'étais fort surpris et c'est à ce moment qu'intervint un autre type, un certain Vaniček, qui parla à l'oreille du premier. J'entendis quelques mots, mais très mal : avetiom, avati, « favoriser », « faveur divine ». Je ne comprenais rien. Schwyzer, lui, faisait alors la tête de quelqu'un qui acquiesce avec condescendance, puis il entra soudain dans un état de liesse mystique comme s'il avait été comblé par les dieux. Des gens, que je soupçonnai être les brebis de tout à l'heure, sortirent de nulle part pour l'accompagner dans cette fête primitive et naturelle. Mais la joyeuse collectivité fût vite dissipée par un gros nuage. Je restai seul dans l'obscurité avec pour toute compagnie une souche d'arbre et un épi de blé. Ils se présentèrent, Walde, la souche et Muller, l'épi. Ils me dirent de ne pas m'inquiéter et m'annoncèrent que cet avetiom dont il était question pouvait aussi bien s'expliquer par la particule ava qui signifiait « hors de, loin de » et que, par une étape intermédiaire, on obtenait au-tium. Le mot traduisait alors l'ennui de l'individu séparé un instant de son groupe et de ses tâches, victime d'un morne désœuvrement. Je remarquai alors que se tenait dans mon dos la statue d'un homme au faciès mal aimable. Sur la stèle était inscrit : « À Caton, qui a corrigé les mœurs. » S'ensuivit un persiflage très désagréable qui me poursuivit alors que je courais dans tous les sens pour y échapper, les mains collées sur les oreilles, mais les mots tournaient autour de moi, encore et encore : « Tu te promènes sans savoir que faire » et en même temps « loin de tes affaires » ! Quand la voix du méchant Caton me laissa enfin en paix, dans le désarroi qui accablait mon esprit, je sentis qu'on me glissait quelque chose dans la poche. C'était un petit bout de papier sur lequel était écrit : « Átati, c'est aller et venir à l'aventure», et c'était signé « Fick » ! Je regardai autour de moi pour interroger le porteur de ce message mais j'eus à peine le temps d'apercevoir une silhouette qui courait se cacher dans un buisson tout proche. Allongé devant ce même buisson, une herbe à la bouche et les bras sous la nuque, un homme, qui se faisait appeler Thurneysen et qui portait un costume militaire, m'apporta l'explication suivante en secouant dans ma direction, comme pour appuyer son propos, l'herbe molle qu'il tenait auparavant à la bouche : « Si aller et venir est la signification fondamentale de at-, alors oui on peut comprendre otium comme "allées et venues du désœuvré ou désœuvrement" ». Un second militaire, qui semblait un peu plus gradé, fît irruption. Il apostropha sèchement le premier qui se leva aussitôt en lui donnant du « Caporal Skutsch » à tout bout de champ. Le gradé lui rappela que si une tâche autre que le labor et la militia avait été instaurée, c'était pour maintenir en haleine les troupes, et que « quartier libre » ne signifiait pas oisiveté ! Puis il changea de ton pour se radoucir. « Dans cette tâche librement acceptée, qui délivre de l'ennui mal employé, tout soldat peut trouver un centre d'intérêt et un plaisir ! Par "quartier libre" vous devez entendre "le droit d'aller et venir librement" et vous pouvez même pousser jusqu'à comprendre "baguenauder pendant la suspension des combats", mais je ne veux pas entendre parler d'"oisiveté". C'est compris ? Vous pouvez rompre ! – Oui, Caporal Skutsch ! » Ils s'éloignèrent en plaisantant et en se poussant des hanches : « Qu'est-ce que vous lisez en ce moment Caporal ? – Oh, je lis l'Iphigénie d'Ennius – Ah oui ? – Oui, c'est pas mal, je vous le prêterai … »
« On se cherche des retraites à la campagne, au bord de la mer, à la montagne ; toi aussi tu as coutume de désirer au plus haut point ce genre de plaisirs. Cela dénote une grande sottise, car on peut à toute heure de son choix, se retirer en soi-même. »
Je dégringolai de la cuisinière sur laquelle je ne me souvenais pas être monté. Penché sur moi, un homme barbu, dont le badge annonçait « Marc Aurèle », ricanait. Puis il tourna les talons et me laissa en plan sans même m'aider à me relever. Il riait encore quand il disparut tout à fait. Une fois debout, je me découvris endimanché d'une nappe crasseuse dont je tentai de me débarrasser, non sans peine. J'avais mal au crâne, j'avais besoin d'un café et les mots latins me tapaient sur les nerfs. C'est ce que je me disais en me dirigeant vers la cafétéria, un peu plus tôt, avant de tomber sur ce type qui me donnerait l'occasion d'en finir. Il m'était tombé dessus pile au moment où il fallait que je me sorte de cette piaule. Car « piaule » ça vient de pier qui signifie « boire », c'est ce qu'aurait précisé Pleurnichos. C'est aussi une taverne. C'est en tout cas « l'endroit de l'ivresse ». Et la piaule de Pleurnichos, c'est en fait celle de Suicidas, l'endroit de l'ivresse d'un journaliste encyclopédiste que j'avais envoyé festoyer à ma place sur une île artificielle en mode pensée-banquet. Ces deux qui n'en était qu'un, je les baignais dans ce loisir otium aux qualités fluctuantes, tantôt malum quand il est vice, luxuriosum quand il est débauche et enfin litteratum quand il est curieux, léger et cultivé. D'autre part, l'ivresse de ce personnage fictif m'avait offert l’opportunité de donner libre corps à mon appareil de notes, notes qui sont d'habitudes reléguées à la fin des ouvrages. Là, je les invitais à passer à table, parce que j'aime passer du temps avec elles et que c'était l'occasion de les extraire de leur marginalité. Tout ça c'était avant de me retrouver, moi, qui me dirigeais vers la cafétéria en me demandant comment j'allais bien pouvoir me sortir de cette fameuse piaule. Ce jour-là je portais un pantalon à fleurs et j'avais épuisé toute la joie délirante de mes lectures savantes, tout ce que j'avais en moi de lætitia. Ma dernière voix, mon ultime personnalité n'aspirait plus qu'à la trivialité d'une boisson caféinée. C'est alors qu'était apparu celui qui allait m'en sortir, celui auquel j'allais prêter les mots de Marc Aurèle. Ce Marc Aurèle de cafétéria, qui s'était ce jour-là penché sur mon cas, était en réalité un type vaguement asiatique, entre deux âges, avec une simple moustache, simple mais drue comme une moustache asiatique qu'on parvient très bien à imiter en plaçant une main sous son nez et en agitant quatre doigts raides. Cette journée où je portais un pantalon à fleurs, je l'avais passée à manigancer toute une série de personnages débiles qui porteraient les propos et les noms de savants on ne peut plus sérieux pour parler de loisir et d'oisiveté. Tout cela me tournait la tête et c'est alors que mon sauveur moustachu était apparu, au milieu du public convenu et convenable de la cafétéria de la BNF, avec son gros sac à dos et son petit plateau repas. Je l'avais à peine vu s'approcher et pendant que je buvais mon café, penché sur mon épaule, avec un demi-sourire presque sympathique, il m'avait dit tout bas : « On dirait que vous êtes en pyjama ! » … Bouche bée, manquant de dégringoler de ma chaise, je l'avais observé s'éloigner vers une grande poubelle. Il m'avait alors regardé en faisant glisser les restes de son plateau repas, souriant encore à moitié, pendant que, moi, je me demandais si je ne l'avais pas inventé, lui. Ce n'est qu'un peu plus tard, en reconsidérant ces fleurs qui ne camouflaient pas si bien mon « pyjama », que j’avais réalisé qu'à toute heure et endroit de mon choix, ici et là, il est vrai, j'avais ce loisir de me retirer en moi-même. Ce type disait vrai et je ne l'avais pas inventé. Si j'hésitais à l'envisager comme une faveur divine, je me faisais au moins le devoir et le plaisir de le prendre pour quartier libre.
À FABIUS GURGES,
TA LÆTITIA.
Par roc et gravillon
Les sculptures de Laetitia de BAZELAIRE / « Métamorphoses ou l'imaginaire du Mythe »
La fonction du mythe est de donner une signification au monde et à l'existence humaine.
Les mythes révèlent que le Monde, l'homme et la vie ont une origine et une histoire surnaturelles, et que cette histoire est significative, précieuse et exemplaire. « Vivre » les mythes implique une expérience vraiment « religieuse » puisqu'elle se distingue de l'expérience ordinaire, de la vie quotidienne.
La « religiosité » de cette expérience est due au fait qu'on réactualise des événements fabuleux, exaltants, significatifs, on assiste de nouveau aux oeuvres créatrice des êtres surnaturels .Il ne s'agit pas d'une commémoration des événements mythiques, mais de leur réitération.
Par §yyy163Zn
Ok donc euhhh cet article est apparu dans mon flux RSS à 23h, je n'ai donc tout raté et donc rien compris, d'où cette désormais célèbre exclama-interrogation : WTF!?
Par Anonyme
Ah zut, il est plus de 23h. C'était effectivement paranormal...
Par §yyy163Zn
En plus je ne connais même pas de Laetitia (quelle que soit l'orthographe de ce prénom)
Par Anonyme
+1 avec yyyeeeaaahhh
Par §st-611vn
Et je veux la même ! Ca a l'air vraiment tripant
Par Anonyme
Je ne sais qui est cette Lætitia mais elle a l'air très sympathique. J'aimerais bien la rencontrer.
ad
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