Comment les voitures autonomes vont réinventer l'assurance auto
Les voitures autonome commenceront à se multiplier d’ici 5 ans, avec comme point fort la promesse d’une conduite apaisée et globalement nettement plus sûre qu’aujourd’hui. Une bonne nouvelle pour les usagers de la route, mais qui va forcer le secteur de l’assurance auto à se réinventer.
D’après la NHTSA, équivalent américain de notre sécurité routière, le développement des voitures autonomes devrait permettre une chute de 80% du nombre d’accidents de la route à l’horizon 2035. Une vision probablement un peu optimiste - France Stratégie retient pour sa part « une commercialisation progressive sur 10 ans dans un scénario de rupture (la part des véhicules neufs autonomes commercialisés passant de 0 % en 2025 à 100 % en 2035) et sur 20 ans dans un scénario tendanciel (cette part passant de 0 % en 2040 à 100 % en 2060) » - mais qui pose d’ores et déjà de grandes questions pour le secteur de l’assurance auto.
Dans la Tribune, le Directeur Digital, Marketing & Communication d'ASSU 2000 Nicolas Sailly posait récemment le problème en ces termes : « Nous n'en sommes donc qu'au stade de l'expérimentation, mais il faut d'ores et déjà se poser la question de l'assurance. Qui doit être responsable ? Le conducteur qui ne conduit plus ? Le véhicule, et donc le constructeur ? Ou encore le concepteur du logiciel de conduite automatique, si celui-ci diffère du constructeur du véhicule ? Sur ce point, tout est à construire. Et à légiférer. […] Le revenu global de l'assureur risque certes de diminuer mais avec la chute des accidents, ses frais (prise en charge, dépannage, remboursement, etc.) seront également en forte baisse. On peut donc imaginer un nouvel équilibre - moins de primes mais moins de frais - dans lequel l'assureur pourrait continuer à exister. […] Faut-il imaginer un système d'assurance à double niveau dans le cadre de la voiture autonome ? Une assurance pour le conducteur, une autre pour le véhicule ? »
Ces thèmes seront notamment abordés ce mardi lors d’une table ronde organisée par Volvo et l’institut britannique Thatcham, spécialisé dans l’assurance. Leur réflexion se nourrit d’un rapport sur le futur de l’assurance automobile, qui fait état d’un manque à gagner de 20 milliards de dollars dès 2020 aux Etats-Unis avec la mise sur les routes des premières voitures autonomes.
Volvo, qui lancera une vaste expérimentation de voitures autonomes sur les routes britanniques en 2017, parle ainsi d’une « lame de fond qui va révolutionner le business model de l’assurance automobile ». « Les constructeurs prédisent que les voitures très autonomes permettant au conducteur de “passer la main” sur certaines portions de leurs trajets circuleront à partir de 2021. Il ne fait aucun doute que la fréquence des accidents chutera de manière spectaculaire. Cela a déjà été le cas avec l'apparition du système de freinage d'urgence (AEB) sur bon nombre de véhicules. […] De plus, si la collision ne peut être évitée, la vitesse lors de l’impact diminuera du fait de la performance des systèmes embarqués et réduira la gravité de l'accident » affirme Peter Shaw, PDG de Thatcham. Moins d'argent, moins d'accidents: la voiture autonome apparaît comme une vraie bonne nouvelle. C'est moins drôle, certes...
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