Comment la Renault 14 coupé a failli anticiper la Volvo 480
Un temps envisagée pour la production, la Renault 14 coupé se signale par un design très en avance sur son temps. Dommage qu'elle n'ait pas eu de suite...
On a beaucoup raillé, à tort selon moi, le design de la Renault 14. Présentée en 1976, cette compacte se révélait bien plus moderne par son style fluide et ses parechocs synthétiques que toutes ses concurrentes. Elle n’est d’ailleurs pas si mal vendue. Mais qu’en aurait-il été si Renault avait produit une des nombreuses variantes imaginées pour elle, un petit coupé aux allures de break de chasse ?
Auteur du dessin extérieur de la R14, sous la férule de Gaston Juchet, Robert Broyer est ensuite parti pour se mettre à son compte. Il imagine, sous le regard de son ancien chef, une variante à trois portes et au look novateur de compacte au losange, et la propose en 1974 au directeur de la planification et futur PDG de la Régie, Bernard Hanon. Celui-ci est intéressé et on approche Ligier pour une production industrielle mais sur des cadences basses selon les standards de Renault (25 000 exemplaires annuels semble-t-il). Ligier en a bien besoin : alors qu’il fabriquait les coques de la Citroën SM depuis 1974, Peugeot, propriétaire du double-chevron, décide brutalement d’en arrêter la commercialisation. Il faut donc occuper son usine !
Ce coupé R14, très intéressant avec sa ceinture de caisse plongeante, son museau effilé doté de phares escamotables et cette poupe quasi-verticale, profiterait d'un Cx exceptionnel de 0.30. Broyer a aussi imaginé une banquette arrière modulable, aux dossiers inclinables. Une idée qui sera reprise sur la Twingo.
Des prototypes roulants sont testés, dont il en subsiste au moins un. Mais, en 1976, la Régie stoppe le développement de cette auto qui aurait permis, à un prix raisonnable, de rouler différemment et sans consommer beaucoup. Il faut dire qu’elle dispose déjà des R15-17. Pire encore, c’est à cette époque que, sous l’égide de Robert Opron, venu de chez Citroën où il a supervisé le dessin de la CX et de la SM, on commence à plancher sur la Fuego.
Entre Opron et Juchet, ce ne sera d’ailleurs pas l’amour fou… Plus haut de gamme que la R14 coupé et certainement pas plus chère à développer, la future Fuego semble garante de plus fortes marges, tout en bénéficiant d’un dessin novateur également. Elle a donc obtenu la priorité.
Reste que cette Renault 14 coupé, ou break de chasse, annonce avec une précision assez étonnante la Volvo 480, présentée en 1985, soit une dizaine d’années après l’élaboration des premiers protos de la française… On pense également à la Honda Accord Aerodeck. Son museau pointu à phares escamotables évoque aussi la Triumph TR7, alors que la ceinture de caisse plongeant vers l'avant semble préfigurer la Lamborghini Diablo... Quand on voit le succès des petits coupés aux USA, où Renault allait s'investir à l'époque, on se demande comment cette R14 à la ligne futuriste s'y serait comportée.
Via Cardesignachives et Lignesauto.fr
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