Citroën : boulimie d'innovations

Serge Bellu Le 15/08/2024 à 21:00

ROUTE DE NUIT. Au cours de l’été, tous les jeudis, la Route de nuit vous conduit aux racines de quelques grandes marques nées de rencontres, de hasards et de convergences avec l’histoire du monde.

Le 4 juin 1919, la foule se presse au numéro 100 des Champs-Élysées devant le magasin que Fernand Charron a mis à la disposition de son nouveau confrère, André Citroën.

Celui-ci présente la « première voiture française produite en grande série », livrée complète et standardisée, selon une stratégie initiée outre-Atlantique par Ford.

À 41 ans, André Citroën n’est pas un inconnu. Sa vie commença par un drame : son père, diamantaire hollandais installé à Paris en 1870, s’était suicidé quand il avait cinq ans. Adolescent, André Citroën découvrit Auguste Comte et son apologie de l’ingénieur. Il fut admis à Polytechnique à une époque où l’antisémitisme était exacerbé par l’affaire Dreyfus.

André Citroën au volant d’une voiture de la marque Mors qu’il avait redressée.

En 1902, avec un associé, il crée sa première entreprise, « Citroën, Hinstin et Cie », qui fabrique des engrenages taillés en forme de chevron d’après une licence acquise en Pologne. L’affaire prospère, se transforme en S. A. des engrenages Citroën et s’installe quai de Grenelle à Paris, en 1912.

Entre-temps, en 1908, André Citroën a pris les rênes de la firme Mors alors en difficulté et il sut la redresser. André Citroën a réponse à tout.

L’entrée en guerre le contraint à de nouvelles initiatives… En février 1915, il signe un contrat avec la direction des Forges et de l’Artillerie pour la fourniture d’obus. Il acquit à Javel des terrains occupés par des champs et des ateliers pour y ériger une usine ultra-modèle qui produira 50 000 obus par jour quand elle tournera à plein régime !

Après l’Armistice, la question de la reconversion se pose pour les industriels qui se sont investis dans l’industrie de guerre. Fort de son expérience chez Mors, André Citroën opte pour l’automobile. Dès février 1917, il a engagé l’ingénieur Jules Salomon qui avait acquis l’expérience des voitures populaires en concevant les Le Zèbre. Il est l’auteur de la Citroën Type A 10 HP.