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Castaner dresse le bilan des 80 km/h. On va souffrir !

Dans Moto / Pratique

Benoit Lafontaine

Le ministre de l'intérieur dresse le bilan des 80 km/h et ne lâche pas le fouet. Lorsque le discours ne suit pas la réalité, comment faire ? Démonstration de la langue de bois par un pro de la communication et des chiffres. Tronqués.

Castaner dresse le bilan des 80 km/h. On va souffrir !

Comme si mourir sur la route était une fatalité, tout comme la constance des chiffres de mortalité routière, 206 vies auraient ainsi été épargnées depuis la mise en place des 80 km/h le 1er juillet 2018. Et ce malgré les dégradations commises sur les radars de France lors des mouvements sociaux agitant le pays.

Pour rappel, la grande majorité des radars fixes a été soit détruite, soit dégradée de manière plus ou moins importante, sans que le gouvernement ne souhaite réellement communiquer (quelle aubaine) sur le nombre de matériel devenu inopérant. Forcément, si l'on pouvait objectivement mettre en relation tous les paramètres, l'analyse serait toute autre et le pipotage faussé.
Les contrôles et l'abaissement de la vitesse ne sont donc pas les seuls bénéficiaires de ce bon chiffre, dont la cause est à chercher ailleurs.

Par contre, le mois de juin 2019 reste déplorablement stable, avec 290 morts, tout comme l'année dernière. Plus de monde sur les routes, donc plus de morts… Cruelles mathématiques. Rappelons en outre que selon une étude récente  de la Sanef (4 juillet 2019), exploitant une partie des autoroutes de France, 43 % des automobilistes y roulent au-dessus des limitations de vitesses, soit une augmentation de 5 % par rapport à 2018, mais seulement 4 % des conducteurs dépassent les 150 km/h. Pour rappel, l'autoroute est l'axe de circulation le plus sûr… et le plus cher. Conclusion ? On peut rouler vite, en ligne droite et en sécurité, mais il faut payer. Cher. Très cher. Faudrait-il les renationaliser ? Certains y pensent, comme nous le relatons dans notre autre article paru ce jour. 

Coupables de se déplacer…

L'occasion, donc, était trop belle pour M. Castaner, de fournir une démonstration de discours moralisateur et culpabilisant. Je cite : "que ceux qui ont détruit les radars pensent aux victimes et à leurs familles." Que ceux qui laissent les gens fumer et se tuer à petit feu, approcher d'une source d'eau potentiellement noyante, respirer un air impur à souhaits ou se nourrir de produits pollués, ou tout simplement que ceux qui n'agissent pas devant les violences conjugales les plus meurtrières lèvent la main et pensent à la famille, aux proches et aux amis avec un peu plus de décence. Merci Monsieur le Ministre, avec tout votre respect, bien entendu.

Comme si l'on mourrait aux pieds d'un radar, comme si l'on pourrait par choix… ou comme si un contrôle ponctuel suffisait à faire changer les usages et les usagers. Le fouet, disions-nous, est toujours sorti, qui dresse les chiffres comme un lion et les dresse surtout contre certains utilisateurs, usagers de deux et trois roues motorisés en premier. Ceux-ci sont une fois encore dans le collimateur : "1,5 % du trafic et 19 % des morts" – à vérifier et à croiser avec les chiffres fournis par la Fondation BMW —, nous faisons tache dans les statistiques. Mais plutôt que de jouer une fois encore sur l'équipement de sécurité (après les gants obligatoires, qui doivent selon nous moins sauver de vie qu'une dorsale, un bon casque ou des protections individuelles performantes), voici que l'on s'attaque une fois encore à la formation, laquelle devrait voir arriver un nouveau Code de la route, mais aussi des difficultés supplémentaires. Déjà qu'il n'est pas donné, ce fameux permis, on croirait que plutôt que de viser la source d'un souci, ou de mieux la canaliser, de vivre avec elle, on bouche l’arrivée d'eau.

 

Faire du chiffre

Rappelons à nos statisticiens et législateurs deux ou trois choses, parmi lesquelles une loi élémentaire de physique : l'énergie cinétique. Plutôt que de laisser proliférer des véhicules de plus en plus lourds, massifs et déresponsabilisant d'assistances et de perception de l'environnement, lesquels emmagasinent une énergie folle (même pour un choc à 80 km/h, plus d'une tonne dans un cas, moins de 200 kg dans l'autre), plutôt que de vouloir une fois encore aller contre nature et contre finances chercher des solutions technologiques à un souci d'infrastructure et de sécurité passive, peut-être, donc, serait-il judicieux de voir un problème dans sa globalité et non sous le prisme d'une lorgnette par trop exiguë. Un petit tour au Luxembourg, pourrait en apprendre long sur ce qu'il est possible et même recommandé de faire pour protéger TOUS les usagers de la route, sans distinction de véhicule ou de moyens financiers. Une fluidification du trafic, une cohabitation facilitée et surtout des espaces de liberté seraient bien plus bénéfiques qu'une action législative et répressive forcément caduque et injuste. Cela dit, sans permis, pas de déplacement motorisé, donc pas de risque de mourir sur la route (on mourra ailleurs, mais on mourra quand même), donc moins de pollution. Mince, voici que sous-jacent arrive un discours écolo ?

Des mesures dans la démesure

Si les motards ne sont pas réellement concernés par la récente annonce du durcissement des sanctions pour infraction grave commise en relation avec l'utilisation d'un téléphone portable (une suspension de permis si le téléphone est à la main), les utilisateurs d'applications avertissant de la présence de contrôles policiers ont eux du souci à se faire. En théorie, seules les opérations spéciales de sécurité et de recherche ne devraient plus être signalées (pour ne pas contourner les éventuels barrages), mais la restriction des libertés sur route continue de progresser, tout comme le muselage des communautés. À l'heure où il est même question d'embarquer des limiteurs de vitesse GPS dans les véhicules, nous voici bien mal partis pour apprécier durablement les trajets. Cela étant dit, lorsque l'on se fait conduire, a-t-on réellement conscience de ce que représentent les notions d'ennui, de plaisir ou tout simplement de passion ? Tous ces sentiments chers à la plupart d'entre nous, juste en dessous d'un autre, pourtant gravé au fronton des mairies : Liberté.
L'on voudrait tuer les véhicules plutôt que leurs usagers, que l'on ne s'y prendrait pas mieux. Et on en revient à la source. Une fois encore. Si l'on savait que certains communicants ne manque pas d'air, voici qu'ils ne manquent pas d'eau non plus, à leur moulin politique.


 

 

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