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BMW 525i 24v E34 vs Peugeot 605 V6 24 : match plus serré que prévu

Dans Rétro / News rétro

Stéphane Schlesinger

En 1989, Peugeot relance avec sa 605 une attaque frontale contre les premiums allemands, BMW Série 5 en tête. Forte de 200 ch, la 605 SV 24 trouve en la 525i 24v une rivale de choix, et ne manque pas d’atouts contre elle. 30 ans plus tard, ces deux familiales youngtimer se dégottent à des prix similaires (entre 4 000 € et 6 000 €), alors laquelle choisir ?

BMW 525i 24v E34 vs Peugeot 605 V6 24 : match plus serré que prévu

Les forces en présence

BMW 525i (1987-1995), grande routière, 6-cylindres 2,5 l (170 à 192 ch), à partir de 4 500 €.
BMW 525i (1987-1995), grande routière, 6-cylindres 2,5 l (170 à 192 ch), à partir de 4 500 €.
Peugeot 605 SV24 (1989-1995), grande routière, V6 200ch, à partir de 4 000 €.
Peugeot 605 SV24 (1989-1995), grande routière, V6 200ch, à partir de 4 000 €.

 

Présentation : deux grandes routières élégantes et efficaces

Au moment de renouveler sa vénérable Série 5 E28, dérivant de l’E12 de 1972, BMW remet tout à plat. Châssis inédit, carrosserie ultramoderne et aérodynamique due à Ercole Spada sous la direction de Claus Luthe, qualité de fabrication en hausse… Quand elle sort, fin 1987, la Série 5 E34 séduit particulièrement par son esthétique, proche de la Série 7 E32, sa finition exceptionnelle, son excellent comportement routier et la douceur de ses 6-cylindres.

Seulement, elle s’est alourdie face à sa devancière, et ses performances demeurent juste convenables : il faut une 525i de 170 ch pour qu’elles soient décentes. Cela change en 1990 quand cette version change de moteur. Exit le M20, place au M50 qui troque la courroie de distribution au profit d’une chaîne et passe à 192 ch grâce à sa culasse où les 24 soupapes sont animées par deux arbres à cames. Les performances augmentent, la consommation baisse et la maintenance est facilitée : tout pour plaire ! Il bénéficie d’une distribution variable Vanos en 1992, pour plus de souplesse.

En 1993, la Série 5 bénéficie d’un léger restylage, marqué par l’apparition de « rognons » de calandre agrandis et un équipement enrichi, surtout dans les versions finales Worldline où la clim est de série. La Série 5 E34 disparaît en 1995, remplacée par l’E39.

La Peugeot 605 est très attendue. Elle succède à une 604 qui n’a jamais convaincu, et contrairement à cette dernière qui dérivait de la 504, bénéficie d’une plate-forme haut de gamme, nantie d’une superbe suspension, le train arrière étant de type multibras à micro-braquages induits.

Quand elle apparaît, fin 1989, elle ressemble à une grosse 405, mais l’équipe de designers emmenée par Gérard Welter a bien travaillé. L’auto se révèle très élégante et son dessin inspire la solidité. L’habitacle, en revanche, déçoit par son dessin trop sage et sa finition de bonne facture mais pas exceptionnelle.

En haut de gamme, la SV24 bénéficie d’une toute nouvelle évolution du V6 PRV. Doté de deux culasses à 12 soupapes, il développe 200 ch, conférant à la 605 de belles performances. La presse est dithyrambique sur le comportement routier de l’auto, surtout celui de la SV24 dotée d’amortisseurs pilotés. Enfin la France se dote d’une premium défiant par ses chronos les allemandes !

Hélas, patatras, la fiabilité n’est pas au rendez-vous ! Pourquoi ? Parce qu’apparemment, quelques pontes de PSA ont décidé au dernier moment des économies de bout de chandelle sur le faisceau électrique… Résultat, en 1992, toutes les 605 sont rappelées pour être mises à niveau : traduisez par reconstruites, ou carrément changées ! La catastrophe commerciale se produit alors que ces Peugeot commencent à devenir fiables. En 1993, la clim auto, le toit ouvrant, la sono, l’airbag conducteur et les prétensionneurs de ceintures sont montés en série. La SV24 disparaît en 1996, un an après le léger restylage de la 605 qui s’accompagne d’une meilleure qualité générale.

Fiabilité/entretien : la BMW plus fiable et aisée à entretenir

Une fois coiffé d’une culasse à 24 soupapes en 1990, le 6-en-ligne de la 525i soigne son look en se parant de caches en plastique.
Une fois coiffé d’une culasse à 24 soupapes en 1990, le 6-en-ligne de la 525i soigne son look en se parant de caches en plastique.

La Série 5 E34 est une BMW de la meilleure veine. Elle vieillit remarquablement bien et profite d’une grande fiabilité. Néanmoins, avec l’âge, des soucis de corrosion, d’électronique et de suspension (silentblocs) apparaissent. Et il ne faut pas oublier de changer la courroie de distribution sur la 170 ch ! Une des BMW les plus fiables qui soient. L’entretien se révèle plus facile sur le bloc M50 à chaîne, et beaucoup de pièces se trouvent encore chez BMW, à tarif BMW évidemment.

Peugeot a fait un effort de présentation pour le V6 de la 605 SV 24 mais sous le capot, il fait un peu fouillis.
Peugeot a fait un effort de présentation pour le V6 de la 605 SV 24 mais sous le capot, il fait un peu fouillis.

Pour la 605, c’est l’inverse, malheureusement. Avant 1992, tout pouvait tomber en panne : fuites de direction assistée, climatisation, allumage, soucis électriques… Le PRV 24 soupapes souffre en plus d’usure prématurée des arbres à cames. Cela s’améliore très nettement ensuite, sans pour autant devenir parfait. Dommage car la 605 se révèle très bien protégée contre la corrosion. L’entretien se voit facilité par la présence d’une chaîne de distribution, mais certaines pièces deviennent difficiles à dénicher, et le réseau Peugeot ne sera pas d’une grande aide. Fort heureusement, l’Aventure Peugeot Classic commence à proposer pas mal d’éléments. Les rares versions restylées posent moins de soucis.

Avantage : BMW. Bien née, la BMW n’a guère posé de soucis à ses propriétaires et demeure aisée à entretenir. Deux choses dont la Peugeot ne peut se prévaloir.

Vie à bord : les vertus de la tradition

Très bel habitacle que celui de la 525i, ici gorgé d’options : cuir, airbag, boîte auto, sono…
Très bel habitacle que celui de la 525i, ici gorgé d’options : cuir, airbag, boîte auto, sono…

À bord de la BMW, on est séduit par la totale homogénéité de l’habitacle, par ailleurs remarquablement assemblé. L’ergonomie est conforme à la meilleure tradition, tandis que les sièges régalent par leur confort, la position de conduite étant parfaite. Cela dit, l’habitabilité est très limitée à l’arrière, et l’équipement de base se révèle chiche.

Le dessin du tableau de la 605 est plus raide et la finition moins soignée que dans la BMW. Mais l’équipement est plus complet.
Le dessin du tableau de la 605 est plus raide et la finition moins soignée que dans la BMW. Mais l’équipement est plus complet.

La 605 a du mal à soutenir la comparaison. Elle se révèle nettement moins bien finie, son tableau de bord affiche des lignes raides, son ergonomie apparaît moins soignée, ses sièges moins bien étudiés. Elle contre-attaque par son habitabilité et son équipement très supérieurs (cuir, 4 vitres électriques, sans oublier la clim auto de série dès 1992). On y est en outre assis un peu trop haut.

Avantage : BMW. La BMW profite d’une finition exceptionnelle, d’un habitacle très flatteur et d’une bonne ergonomie. La Peugeot ne peut répliquer que par sa meilleure habitabilité, ce qui est mince.

Sur la route : le dynamisme français prime

Saine et sécurisante sur le sec, la BMW 525i demande un peu de doigté sur le mouillé.
Saine et sécurisante sur le sec, la BMW 525i demande un peu de doigté sur le mouillé.

Une fois réveillé, le 6-en-ligne de 192 ch de la BMW flatte les sens. D’une onctuosité sans pareille, il monte allègrement en régime dans un feulement aérien, offre de belles accélérations, mais manque un peu de souplesse. Il s’attèle à une boîte fort plaisante à manier, quoiqu’à l’étagement trop long qui muselle les reprises en 5è. Très confortable, la suspension ne compromet pas le comportement routier très sûr, du moins sur le sec. Seulement, la direction manque de précision et le freinage, certes puissant, d’endurance. Une auto raffinée, vraiment plaisante à manier mais pas une sportive. Elle a le mérite de modérer sa consommation, passant aisément sous les 10 l/100 km.

Dynamiquement, la 605 SV24 est la référence absolue de sa catégorie. Aujourd’hui encore, elle impressionne.
Dynamiquement, la 605 SV24 est la référence absolue de sa catégorie. Aujourd’hui encore, elle impressionne.

Passons à la 605. En ville, le moteur déçoit par ses à-coups et la commande de boîte est un peu rugueuse. Mais sur route, la Peugeot abat sa carte maîtresse : un comportement routier exceptionnel, sûr, vif, précis et pas vraiment dépassé à l’heure actuelle. Quelle tenue de route de fou ! Et le freinage est du même acabit. Quant au PRV, s’il n’est pas un parangon de douceur, ni de souplesse, il sonne bien et procure de belles performances. Malheureusement, il boit trop : difficile de tomber sous les 12 l/100 km.

Avantage : Peugeot. Nantie d’un comportement routier exceptionnel, la Peugeot domine malgré sa mécanique moins raffinée une BMW méritante, mais bien moins sûre sur le mouillé.

Budget : écart serré

Les sièges de la BMW sont des modèles de confort, et la position de conduite frôle la perfection. Dommage qu’il faille recourir aux options pour arriver à ce résultat.
Les sièges de la BMW sont des modèles de confort, et la position de conduite frôle la perfection. Dommage qu’il faille recourir aux options pour arriver à ce résultat.

En 1990, la BMW 525i 192 ch revenait cher, mais sans excès : 209 900 F, soit 50 000 € actuels. Cela dit, si les 4 vitres électriques et l’ABS étaient de série, les jantes alu, le cuir et la clim demandaient un supplément. Et contrairement à la Peugeot, la BMW pouvait s’équiper d’une boîte automatique. Elle s’est très correctement vendue, et se déniche aisément, le tout étant d’en trouver une en bon état d’origine. Dans ce cas, ce sera un minimum de 4 500 €.

Belle sellerie à réglages électriques pour la 605, mais la position de conduite demeure un poil trop haute.
Belle sellerie à réglages électriques pour la 605, mais la position de conduite demeure un poil trop haute.

À son lancement, la Peugeot était carrément ruineuse : 244 800 F en 1990, soit 58 000 € actuels. Si le cuir, les sièges électriques chauffants, les autres vitres électriques, la température régulée, les jantes alu de 16, l’ABS et l’amortissement piloté étaient de série, il fallait remettre la main à la poche pour obtenir la clim ou encore l’autoradio : on avait de l’ambition chez Peugeot ! Évidemment, même avant la révélation des soucis de fiabilité, les ventes se sont montrées faibles, de sorte que la 605 SV24 est actuellement très rare sur le marché. Malgré cela, un exemplaire convenable se paie à partir de 4 000 €.

Avantage : Peugeot. Bien mieux équipée que la BMW, la Peugeot se déniche à des prix un peu inférieurs, malgré sa grande rareté. Ses pièces d’occasion ne valent pas grand-chose, ce qui limite encore le budget si on y met du sien.

Verdict : la BMW rassure, la 605 étonne

La mode actuelle voudrait que la BMW, eu égard à son image en béton armé, remporte ce duel. Elle peut aussi compter sur son moteur plus agréable que celui de la Peugeot, son habitacle superbe et sa grande qualité générale.

Oui, mais voilà, après 30 ans, l’état d’une auto est aussi et surtout fonction des soins qui lui ont été prodigués, de sorte qu’on peut trouver une 605 SV24 en meilleure condition qu’une 525i pour un prix inférieur.

La française domine aussi l’allemande par son comportement routier, son habitabilité, et ses performances.

Alors que choisir ? Si on aime l’originalité, les engins un peu improbables et l’audace, on prendra la Peugeot. On ne sera pas déçu. Ceux qui préfèrent le classicisme se jetteront sur la BMW et ils n’auront pas tort. Et tout cas, le match était bien plus serré qu’on aurait pu l’imaginer !

Bilan final : égalité

C’est peut-être la poupe de la 525i qui la date le plus, même si l’ensemble demeure fort homogène.
C’est peut-être la poupe de la 525i qui la date le plus, même si l’ensemble demeure fort homogène.
L’arrière de la 605 vieillit mieux que l’avant. Il est en outre traité avec plus de finesse.
L’arrière de la 605 vieillit mieux que l’avant. Il est en outre traité avec plus de finesse.

 

Thème Avantage
Fiabilité/entretien BMW 525i
Vie à bord BMW 525i
Sur la route Peugeot 605 SV24
Budget Peugeot 605 SV24
VERDICT Égalité

 

La Série 5 E34 n’est pas une reine de l’habitabilité, mais son confort est incontestable.
La Série 5 E34 n’est pas une reine de l’habitabilité, mais son confort est incontestable.
Un habitacle spacieux et luxueux pour la 605, qui prodigue par ailleurs un grand confort.
Un habitacle spacieux et luxueux pour la 605, qui prodigue par ailleurs un grand confort.

Les fiches techniques

  BMW 525i 24v E34 (1990) Peugeot 605 SV24 (1990)
Moteur 6 cylindres en ligne, 2 494 cm3 6 cylindres en V, 2 975 cm3
Alimentation injection électronique injection électronique
Suspension jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; bras obliques, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR) jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; essieu multibras, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
Transmission boîte 5 manuelle ou automatique, propulsion boîte 5 manuelle, traction
Puissance 192 ch à 5 900 tr/mn 200 ch à 6 000 tr/mn
Couple 245 Nm à 4 700 tr/mn 260 Nm à 3 600 tr/mn
Poids 1 475 kg 1 460 kg
Vitesse maxi 230 km/h 235 km/h
0 à 100 km/h 8,6 secondes 8,0 secondes

> Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : BMW Série 5 E34, Peugeot 605

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