Beauté, puissance, luxe, la XJR X350 est la dernière vraie grande Jaguar sportive
Et elle n’est pas récente, puisqu’apparue en 2003. Pour autant, moderne de par sa fabrication tout alu, forte d’un V8 de 400 ch et classique par sa ligne fine, elle n’a pas eu de descendance digne d’elle, Jaguar ayant décidé de casser le moule. Mettez-la de côté, d’autant qu’elle ne coûte pas très cher : dès 10 000 €.

Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Au départ lignée des XJ, lancée en 1968, la beauté était le mot d'ordre. Jaguar a su la perpétuer au fil des générations, jusqu'à celle portant le code X350. Dessinée tout en finesse et fluidité, elle est pourtant jugée vieillote à sa sortie en 2002. Et pourtant, sa technologie est de très haut niveau, et, en XJR, ses performances étonnantes. Ce mix de hi-tech et de classicisime n'est pas apprécié à sa juste valeur, ou du moins, ne correspond pas aux attentes de l'époque. Et pourtant - on ne le sait pas encore -, cette XJ est la dernière berline Jaguar aborant ce design traditionnaliste. La X351 qui la remplace en 2009, laisse perplexe... Quant au concept électrique aperçu récemment dans les rues de Paris, il ne rend la XJR X350 que plus désirable !

On pensait à long terme, avant, chez Jaguar. La première XJ a duré 26 ans, la seconde, en partant de la XJ40 et en terminant par la X308, qui en est une évolution, 16 ans. Cette dernière a été remplacée en 2002 par la X350, à la structure entièrement nouvelle. En effet, pour elle, Jaguar a recouru à une fabrication entièrement en aluminium, coque et carrosserie, à l’instar de l’Audi A8. A ceci près qu’ici les éléments sont rivetés-collés et non soudés.

Avantages de ce matériau ? Une coque 60 % plus rigide en torsion et allégée de 40 %. Le tout se drape d’une carrosserie aux forts accents rétros, sans verser pour autant dans le néo-rétro, due à l’équipe de designers dirigée par Geoff Lawson, décédé avant la sortie de la voiture, au Mondial de Paris. D’emblée, elle est proposée dans une gamme riche, comportant notamment une variante sportive, la XJR. Un modèle imposant (5,09 m de long), mais voilà, il ne pèse que 1 659 kg, comme une compacte électrique actuelle…

Doté du V8 AJ8 4,2 l à compresseur développant 406 ch et surtout un couple de 553 Nm, il affiche donc des performances remarquables, le maxi s’établissant à 250 km/h et le 0 à 100 km/h s’effectuant en 5,3 s. Le 1 000 m DA ? Moins de 25 s ! Des chronos de belle sportive. Le tout, avec obligatoirement une boîte automatique, l’excellente ZF 6HP26 à 6 vitesses que l’on retrouvera chez Audi ou Maserati. Les trains roulants très évolués (double triangulation avant/arrière) alliés à une suspension pneumatique pilotée et des freins Brembo de XKR n’ont aucun mal à encaisser ces performances, d’autant qu’ils ont été affermis (un peu) par rapport à ceux des autres versions.

Richement équipée (ESP, GPS à écran tactile, volant, pédalier et sellerie cuir à réglages électriques, xénons, régulateur de vitesse, boiseries…), la XJR est pourtant raisonnablement ruineuse, à 96 500 € (136 900 € actuels selon l’Insee). Vous lui préféreriez une BMW 760i à 118 000 € ? Elle a tout pour réussir, semble-t-il. Hélas, la X350 ne rencontre pas tout à fait son public, qui ne comprend pas où est sa grande modernité.

En 2005, la XJR se décline en une variante Portfolio encore mieux équipée (mais pas en France), alors qu’en 2007, elle bénéficie d’un léger restylage. Boucliers, calandre et rétroviseurs changent, alors qu’une prise d’air s’installe sur les ailes avant. En revanche, le V8 n’évolue pas. Fin 2009, la belle XJ X350, donc la XJR, est remplacée par la XJ X351 au look… étrange, mais réalisée sur la même plateforme.

Combien ça coûte ?
A condition d’accepter un très gros chiffre sur le totaliseur (genre 300 000 km), on peut trouver de bonnes XJR à moins de 10 000 €. Si l’auto a été majoritairement utilisée sur autoroute et bien entretenue, ce genre de kilométrage n’est pas un problème. Les exemplaires ayant passé les 400 000 km avec leur mécanique d’origine ne sont pas si rares ! Pour rester sous les 200 000 km, on dépensera 13 000 € minimum, alors que ceux affichant moins de 100 000 km, très rares, dépassent déjà les 20 000 €.

Quelle version choisir ?
La voiture ayant peu évolué, le restylage n’a guère d’importance sur le plan des prestations, donc il est inutile de chercher ces exemplaires. N’importe quelle XJR bien entretenue mérite le déplacement.

Les versions collector
Ici, en revanche, les versions restylées seront plus recherchées car bien plus rares. Mais toute XJR en parfait état est un collector.

Que surveiller ?
Comme évoqué plus haut, la XJR profite d’une mécanique remarquablement endurante. Bien entretenus, le V8 (à chaîne de distribution) et la boîte encaissent des kilométrages énormes, même si le différentiel commence souvent à faiblir passé 200 000 km. Cela dit, les faiblesses existent, comme le refroidisseur du compresseur, le vase d’expansion ou les bobines. A surveiller aussi, les galets de la courroie d’alternateur. Pour sa part, la boîte apprécie grandement une vidange avant 100 000 km.
Toutefois, la XJR a bien son talon d’Achille : les liaisons au sol. Les grandes jantes induisent des contraintes sur les silentblocs des triangles, qui s'usent assez vite d’abord à l’arrière. Ensuite, le système pneumatique connaît des défaillances, du côté de la pompe avant (pas très chère), ou, plus onéreux, des coussins d’air. Changer une paire (ce qui peut arriver avant 100 000 km) revient vite à 3 000 €.
En aluminium, la carrosserie demande un examen précis car plus chère à réparer que si elle était en acier. On se console avec une électronique bien conçue, les bugs étant rares même dans l’habitacle, qui vieillit d’ailleurs fort bien, hormis le renfort gauche du siège conducteur. On testera tout de même toutes les fonctions électriques, ainsi que la clim, sujette à quelques avaries.

Sur la route
Jugée vieillotte à sa sortie, la XJR impressionne par son élégance intemporelle. Ses rivales badgées Audi, BMW ou Mercedes ne peuvent en dire autant ! Même constat dans l’habitacle, à la présentation sublime. Les sièges procurent un confort superbe, et la position de conduite n’appelle aucune réserve. Certes, les commodos d’origine Ford détonnent un peu… Au démarrage, le V8 est presque inaudible, mais dès qu’on met les gaz, on entend le bruit du compresseur. Comme il accompagne une poussée insoupçonnable sur une berline de cet âge, on s’en réjouit plutôt. Car oui, la XJR vous colle encore dans le dossier, dans une douceur implacable ! La boîte, réussie, accompagne efficacement ce moteur au punch permanent.

Dynamiquement, on se rend vite compte que la XJR vise plus le confort que le sport. Silencieuse, elle vous dorlote et manque de vivacité quand on l’inscrit en virage. Cela dit, son équilibre et son grip remarquables l’aide à passer très vite ! De plus, si on veut s’amuser, on débranche l’antipatinage, et on peut s’amuser à générer de beaux survirages. Malgré tout, souplement suspendue et encombrante, la Jag n’est pas à l’aise dans le sinueux comme peut l’être une Maserati Quattroporte. L’anglaise compense par sa façon d’effacer les aspérités : avec la XJR, on roule fort sans effort ! Mais elle est surtout une formidable machine d’autoroute. Elle freine par ailleurs puissamment, même si, là encore, l’attaque à la pédale manque de netteté.
La consommation dépend totalement de vous : à 130 km/h stabilisés, elle ne dépasse pas les 10 l/100 km, mais si vous avez le pied lourd, les 20 l/100 km sont vite franchis !
L’alternative youngtimer
Jaguar XJR X300/308 (1995 – 2002)

Présentée en 1994, la Jaguar XJ de type X100 est une évolution profonde et réussie de la XJ40. En 1995, elle se décline en XJR, dotée d’un savoureux et puissant 6-en-ligne 4,0 l à compresseur développant quelque 306 ch. La digne anglaise se mue en hooligan survolté, d’autant que ses trains roulants sont affermis. En 1997, la X300 évolue et devient X308. Outre un nouveau tableau de bord, elle bénéficie de moteurs V8, y compris en XJR. Allié à une boîte auto comptant désormais 5 rapports, il voit sa puissance bondir à quelque 375 ch, au bénéfice des performances. Le tout, dans un luxe et un confort étonnants. Mieux, la fiabilité s’avère excellente ! Fin 2002, la Jaguar X308 disparaît. Dès 10 000 € en très bon état.

Jaguar XJR X350 (2003), la fiche technique
- Moteur : V8, 4 196 cm3
- Alimentation : Injection, compresseur
- Suspension : Double triangulation, ressorts pneumatiques pilotés, barre antiroulis (AV et AR)
- Transmission : boîte 6 automatique, propulsion
- Puissance : 406 ch à 6 100 tr/mn
- Couple : 553 Nm à 3 500 tr/mn
- Poids : 1 659 kg
- Vitesse maxi : 250 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 5,3 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Jaguar XJ, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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