Alfa Romeo 159 JTDm 2.4 vs Peugeot 407 V6 HDi : apprenties premium aux moteur nobles, dès 3 500 €
Afin d’attaquer les premiums allemandes, ces deux latines se dotent de moteurs et de trains roulants dernier-cri, emballés dans des carrosseries au style fort. Elles n’ont pas tellement eu de succès, mais aujourd’hui, elles permettent de rouler raffiné sans se ruiner. A condition de bien les acheter…
Au début des années 2000, les grandes berlines ont le vent en poupe. Leur marché, vif et lucratif car il n'a pas encore amorcé son effondrement, est devenu la chasse gardée des Allemands, mais Français et Italiens ne s’en laissent pas compter. La 407 V6 HDi constitue en 2005 une montée en gamme inédite pour Peugeot sur le segment M2, avec son moteur de 204 ch et son équipement riche.
Pour sa part, l’Alfa Romeo 159, dévoilée en 2005, cible ouvertement la BMW Série 3 en s’appuyant sur des arguments assez similaires à ceux de la 407. Et ce, sans faire partie du groupe Stellantis, réunissant actuellement Alfa et Peugeot. Elle a également droit à un puissant diesel, un 2,4 l de 200 ch. Performantes et efficaces, ces deux berlines failliront à atteindre leur cible, mais conservent de jolis arguments qu’elles proposent à prix d’ami.
Les forces en présence
Alfa Romeo 159 2.4 JTDm (2005 - 2011) : berline ou break, 5 cylindres en ligne, 2,4 l turbo-diesel, 200 – 210 ch, 1 630 kg, 228 km/h, à partir de 3 500 €.
Peugeot 407 V6 2.7 HDi (2006 - 2009) : berline ou break, 6 cylindres en V, 2,7 l biturbo-diesel, 204 ch, 1 600 kg, 230 km/h, à partir de 3 500 €.
Présentation : charme et watts
Propriété de Fiat depuis fin 1987, Alfa Romeo a su se réinventer magnifiquement en s’appuyant sur la technologie du géant de Turin pour développer la 156, en 1997. Pour remplacer cette berline cruciale dans sa survie, le Biscione décide d’en conserver la formule, à savoir une ligne charismatique, un châssis affûté et des moteurs performants. En 1999, Fiat s’allie à GM, dans le but de partager des éléments techniques, tels que des plateformes, horriblement chère à développer.
Et cela aura des conséquence pour la remplaçante de la 156. En effet, Alfa doit utiliser la plateforme premium de GM, lourde car devant servir à des autos très puissantes. Pour abaisser son prix de revient, il est prévu que Saab la récupère également, mais cela n’a pas lieu. Conséquence, la marque italienne se retrouve seule à se servir d’une base qui devient plus onéreuse que prévu. Cela aura, nous le verrons plus loin, des répercussions néfastes sur la 159, qui remplace la 156 fin 2005. Magnifiquement dessinée par Giugiaro, la 159 bénéficie par ailleurs de très beaux trains roulants : double triangulation avant, essieu multibras arrière. Nantie d’une belle finition et d’un équipement riche, elle semble avoir tout pour réussir. Surtout qu’en diesel, ses moteurs sont à la pointe de la technologie.
Notamment le 5-cylindres 2,4 l, nanti d’une injection Multijet, capable d’envoyer du gasoil à très haute pression dans les cylindres plusieurs fois par cycle. Développant 200 ch, il emmène la 159 à 228 km/h, en dépit d'un gros défaut : un poids considérable de 1 630 kg. Il est induit par la plateforme premium, qui grève aussi le prix de vente, en forte hausse face à celui de la 156.
En finition de base Progression, la 159 2.4 coûte déjà 30 900 € (soit 39 400 € actuels selon l'Insee) en incluant l’ESP la clim manuelle, les 8 airbags, le régulateur de vitesse, et les jantes en alliage. A 31 900 €, la Distinctive ajoute la clim auto bizone ou encore le radar de recul. Et à 35 950 €, la Selective propose la sellerie cuir, les sièges électriques chauffants, ou encore les capteurs de pluie et de luminosité. Des prix proches de ceux de la BMW Série 3, mais l’entretien compris pendant 3 ans compense quelque peu.
En 2006, la 159 se décline en un superbe break SW, puis en une alléchante variante TI aux airs sportifs. Une boîte auto apparaît également en option. En 2007, le 2,4 l passe à 210 ch et peut s’associer à une transmission intégrale. Début 2008, Alfa revoit quelque peu la 159, qui grâce à l’emploi de l’aluminium (notamment pour les tourelles d’amortisseurs avant), perd 45 kg. Dans le même temps, un différentiel électronique Q2 apparaît sur les tractions. Puis l’Alfa se laissera glisser jusqu’à la retraite, prise en 2011. 250 000 unités environ seront produites, soit trois fois moins que pour la 156…
Au contraire de celles d’Alfa, les berlines de Peugeot connaissent toutes le succès depuis la 203. Quand elles ne sont pas trop haut de gamme, les 604 et 605 étant des échecs. Deux crans plus bas, la lignée initiée par la 204 en 1965 atteint des sommets dans les ventes : 305, 405, 406… A cette dernière succède fin 2003 la 407, à laquelle rien n’est refusé. Elle a droit à un design fort, mais on sent que Gérard Welter, patron du style Peugeot, est obsédé par celui avec qui il a si souvent été mis en concurrence : Pininfarina.
Aussi, Welter cherche-t-il à susciter l’émotion en donnant un petit air de coupé à 4 portes à la 407, dont la partie arrière rappelle celle de la Ferrari 456. Seulement, quelques détails compromettent l’homogénéité de l’ensemble : logo caricatural sur le capot, rétroviseurs mal intégrés, assiette déséquilibrée donnant l’impression que l’auto se tasse sur son train avant… Dommage ! Côté châssis, Sochaux dote sa berline des derniers raffinements. Éléments de suspension en aluminium, train avant à double triangulation et pivot découplé, essieu arrière multibras, structure hyper-rigide dérivant de celle de la Citroën C5...
Une version SW apparaît rapidement, et la 407 peut débuter une carrière encourageante. Dans un désir de montée en gamme, elle a droit dès 2006 à un V6 diesel étudié en collaboration avec Ford (voire uniquement par Ford). Ce 6-cylindres étonne par sa sophistication : deux turbos à géométrie variable, 24 soupapes, 4 arbres à cames en tête, overboost… Plus que la puissance (204 ch), c’est le couple qui le rend attractif : 440 Nm à 1 900 tr/mn. Pas de trop : la 407 V6 HDi pèse 1 600 kg ! Ce bloc s’associe aux finitions Executive Pack, Sport Pack, Griffe, Féline et Féline Pack. Toutes disposent de la clim auto bizone, des sièges électriques, du radar de recul ou encore du régulateur de vitesse. La Sport Pack ajoute une sellerie mixte-tissu que la Griffe complète des projecteurs au xénon, des vitres latérales feuilletées, du cuir, des airbags latéraux arrière voire des sièges chauffants.
Quant aux Féline et Féline Pack (les seules proposées durant les premières semaines), elles sont limitées et correspondent grosso modo aux Sport Pack et Signature. Les prix débutent à 33 700 € (42 300 € actuels selon l'Insee), soit 42 300 € actuels selon l’Insee. En 2008, la 407 bénéficie d’un léger restylage qui ne changera rien techniquement sur les V6. Tout au plus note-t-on l’apparition d’un quadrillage chromé sur la calandre, de boucliers légèrement revus, comme les feux arrière, tandis que la planche de bord bénéficie de retouches minimales. En avril 2009, le V6 2.7 disparaît, remplacé par un 3.0… sur la 407 Coupé uniquement.
Fiabilité/entretien : deux belles sous surveillance
Le 5-cylindres de la 159 a connu son lot d’ennuis en 200 ch. Turbo, injecteurs et volant moteur fragiles, soucis de capteurs, vanne EGR et FAP s’encrassant vite en ville… Mais le bloc en lui-même est très solide, tout comme les transmissions, à condition d’être entretenu comme il se doit. Vidanges régulières avec de la bonne huile, courroie de distribution avant 100 000 km… En 210 ch, le 2,4 l se révèle nettement plus serein.
Par ailleurs, les premières 159 ont connu des avaries de biellettes de direction, imposant de changer également la crémaillère, tandis que la suspension avant, passé 150 000 km, souffre du poids du moteur. Pas anormal mais à vérifier avant achat car la refaire coûte cher. Pour sa part, l’habitacle vieillit très bien, même si les bugs électroniques et les pannes d’accessoires électriques ne sont pas rares.
Sur le 2,7 l de la 407, on relève aussi nombre de scories en début de carrière : avaries de pompe à huile, de joint de culasse et de boîte à eau, sans oublier des soucis de vanne EGR encrassée. En revanche, le filtre à particules tient longtemps si l’on pense à le recharger. Notons que l’accès mécanique difficile complique nettement les interventions, telles que le changement des courroies de distribution tous les 10 ans ou 240 000 km (attention, il faut vérifier la chaîne synchronisant les arbres à cames plus souvent).
Mais, avec un bon entretien, le V6 est costaud. Comme sur l’Alfa, la suspension avant souffre du poids du moteur et demande un joli billet en cas de réfection. Quant à l’habitacle, il vieillit bien, même si l’afficheur central peut faire des siennes, tout comme les volets motorisés de clim. En clair, n’achetez qu’une auto parfaitement fonctionnelle.
Avantage : Egalité. Les deux autos ont leurs faiblesses, surtout en début de carrière. Privilégiez les exemplaires les plus récents et les mieux suivis.
Vie à bord : une italienne bien plus chic
Avec la 159, Alfa Romeo a consenti de gros efforts de qualité et cela se voit dans l’habitacle. Plastiques bien rembourrés, plaquages en aluminium séduisants, ajustements plutôt soignés. Ce, sans oublier un dessin des plus agréables du tableau de bord comme du reste du cockpit. Aucune faute de goût ici ! Si les sièges se révèlent très confortables (et le cuir splendide), on regrette toutefois le manque d’habitabilité arrière, de rangements et de luminosité.
Pour sa part, la 407 ne peut se vanter d’un tableau de bord aussi soigné. Profusion de boutons sur la console centrale, ajustements imprécis, plastiques disparates, alternant entre le qualitatif et le basique… Heureusement, la sellerie se révèle confortable ! Cela compense quelque peu une habitabilité moyenne (mais un poil meilleure que celle de l’Alfa) alors que la luminosité est limitée à l’arrière.
Avantage : Alfa Romeo. Arborant un dessin bien plus soigné que celui de la 407 et une finition meilleure, l’habitacle de la 159 est le plus séduisant, malgré un espace à l’arrière juste correct.
Sur la route : les écarts se resserrent !
Parfaitement installé dans la 159, on réveille le 5-cylindres 200 ch. Surprise, ce diesel sonne très agréablement, même s’il administre de menues vibrations. S’il est souple, il se révèle atone sous les 2 000 tr/min, mais pousse très, très gentiment ensuite, ne rechignant jamais à prendre des tours. Vivant, ce bloc est même carrément musical : étonnant pour un diesel. La boîte, très plaisante à manier, lui va comme un grand.
Dynamiquement, on est séduit par la direction rapide et consistante, ainsi que par le train avant très précis. L’Alfa, en plus de ne souffrir d’aucun effet de couple, se place où on veut, et si le museau est un peu lourd, il n’empêche pas l’auto de procurer du plaisir. Surtout que la suspension, bien amortie, garantit un très bon confort. En 210 ch, le bilan est encore meilleur, le moteur gagnant en souplesse et le châssis en agilité. Quant au freinage, il est très efficace.
On est également fort bien installé dans la 407. Mais l’ergonomie de la console centrale déroute, alors que le pare-brise déforme un chouia la vision extérieure. Mais d’emblée, le moteur régale par sa douceur. Si la boîte auto, insuffisamment vive, gomme un peu les sensations, elle n’empêche pas des performances un peu meilleures que celle de la 159 200 ch, mais délivrées de façon différente. Ce V6 très rond marche fort à mi-régime, mais n’aime pas l’abord de la zone rouge. Il est aussi plus doux que le 5-cylindres italien mais moins chantant.
Le châssis de la 407 n’a rien à envier à celui de la 159. Train avant précis comme un scalpel, direction informative, rigueur totale même à haute vitesse… Impressionnant ! Le confort n’est pas en reste, avec cette suspension filtrant efficacement les inégalités et la belle insonorisation générale.
Avantage : Peugeot. Objectivement, la 407 prend le dessus par son comportement un poil plus rigoureux que celui de sa rivale, ses performances légèrement au-dessus et son insonorisation plus soignée. Mais la 159, surtout en 210 ch, est plus vivante à conduire.
Budget : L’Alfa plus douce pour le porte-monnaie
En très bon état, l’Alfa Romeo 159 2.4 JTDm se dégotte dès 3 500 €, si on accepte un kilométrage frôlant les 250 000 km. A 4 500 €, on peut trouver une auto avoisinant les 150 000 km, alors que les exemplaires restant sous les 100 000 km atteignent 8 000 €. Côté consommation, tablez sur
8 l/100 km en moyenne.
La 407 évolue dans la même zone de prix que la 159, sauf à faible kilométrage (moins de 150 000 km), où elle devient plus chère (+ 500 à + 1 000 € environ). Par ailleurs, à 8,5 l/100 km, elle est aussi plus gourmande.
Avantage : Alfa Romeo. Un peu moins chère à l’achat et plus frugale, la 159 prend ici le dessus sur la 407.
Bilan : L’Alfa plus sympa et moins chère
Au-delà des conclusions de ce match, ce sont deux autos à la philosophie différente qui s’affrontent ici. L’Alfa Romeo se révèle séduisante visuellement, plus chatoyante dans son habitacle et plus vivante à conduire. Son moteur étonne par sa vivacité, que l’on peut exploiter avec une boîte manuelle, alors que le comportement régale par sa précision et sa sécurité.
Sur ce point, la Peugeot convainc au moins autant, et prodigue un confort légèrement supérieur. Il en va de même pour ses performances face à la 159 200 ch, mais elle les délivre tout en douceur, à cause de la boîte auto et du V6 peu à l’aise à haut régime. Reste qu’elle boit davantage et ne se démarque pas par une meilleure fiabilité.
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Egalité |
Vie à bord | Alfa Romeo |
Sur la route | Peugeot |
Budget | Alfa Romeo |
Verdict | Alfa Romeo |
Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Alfa Romeo 159 et Peugeot 407.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération