Albert Kéké... Vous connaissez ???
Non? Alors lisez vite ce qui suit !
Toute ressemblance avec des personnages existants ne seraient peut-être pas le fruit du hasard...
Les z'aventures d'Albert Kéké...
Albert Kéké vient d'avoir vingt ans ! C'est un homme maintenant... La preuve ? Du poil plein le torse et une volonté farouche de montrer au monde entier qui il est vraiment !!!
Tout petit déjà, il cherchait à se mettre en avant par tous les moyens : à cinq ans, il pissait encore au lit pour bien faire chier ses parents, comme le lui avait expliqué un petit compagnon de l'école maternelle. Ce dernier, considéré comme l'élément perturbateur de sa classe, fut très vite pris en exemple par notre garçonnet qui avait pigé que c'est en agissant ainsi que les autres vous regardent...
C'est donc dans cet état d'esprit qu'il a traversé les années, au grand dam de ses parents, il faut bien l'avouer. Ceux-ci ont bien tenté de lui inculquer le transmis familial, basé sur le respect de soi et surtout des autres, mais Albert restait persuadé qu'il lui fallait continuer sur cette voie qui s'ancrée de plus en plus profondément en lui.
Il est passé par toutes les étapes : du collégien boutonneux faisant désespérer ses profs et rigoler les filles, au lycéen (parachuté...) fumeur de choses pas racontables, vêtu d'un ridicule sac lui servant de pantalon, la casquette de travers et le discours « respectable » du parfait révolté d'une société qu'il était encore bien trop jeune pour connaître.
Pas de scooter à quatorze ans... Trop banal pour lui !
A dix huit ans, après une promesse non tenue de retrouver « le droit chemin » auprès de son trésorier payeur et géniteur, Albert finit par obtenir les subsides suffisantes à l'obtention du fameux sésame lui permettant enfin d'être l'égal des plus grands : ceux qui tombent les filles à la sortie des boîtes de nuit grâce à ce merveilleux engin motorisé, pourvu d'une sono si représentative de leur « toute puissance », qu'on nomme automobile !
Muni de cette arme imparable, Kéké savait très bien qu'il allait enfin jouer dans la cour de ses maîtres de pensée. Restait plus qu'à dénicher cette perle rare...
Son père lui a bien proposé la BX familiale mais... T'ES PAS BIEN TOI ????????? J'VEUX PAS PASSER POUR UN BLAIREAU AVEC TA CHARRETTE DE VIEUX !!!!!!
De guerre lasse -voulant aussi lui laisser le libre choix de ses erreurs-, papa Kéké laissa le fiston acheter la superbe 205 GTI Turbo à injection convexe, magnifiquement munie de jantes larges, de vitres teintées avec des z'autocollants « tribal », un spoiler gigantesque pour qu'on la voit de loin et, sublime raffinement, une chaîne crachant ses 100.000 watts de techno qui, c'est certain, attirera les filles plus facilement qu'un morpion entre tes pattes après le passage dans cette avenue que tu connais si bien...
La vie ! La vraie... Un nombre incroyable de contraventions plus loin (ça fait bien auprès des potes), notre jeune Albert commence à essuyer ses premiers plâtres auprès d'une gent féminine visiblement peu sensible à la tonne d'effort qu'il semble fournir pour les faire tomber. Pourtant, comme les autres, il se lave peu, boit pas mal, braille dans la rue, mais rien n'y fait ! Kéké est toujours célébataire !!!
C'est venu d'un pote à lui...
Une moto ! Lui fallait une moto à Albert !!! Bien souvent il a enragé devant ces espèces de « chevaliers de la route » contre lesquels il a souvent lutté aux feux sans jamais parvenir à gagner le moindre combat engagé !
Mais surtout... Kéké a bien remarqué que derrière ces drôles d'engins à deux roues, se trouvaient juchées de magnifiques créatures laissant impudiquement apparaître un bout de string dépassant du cuir du haut de leur strapontin !!! Ouais ! DES FILLES !!!!!!!!!!!!
Ces mecs là emballent... C'est la première réflexion qui lui vint à l'esprit une fois passé ce sentiment d'humiliation consécutif de faire humilier lamentablement à chaque bras de fer. La haine pour cet engin aux abords si peu confortables (y a pas de toit... on fait comment quand il pleut ? Pis le caisson de basse... ???) céda radicalement à un intérêt croissant : visiblement, les filles aiment la moto, donc Albert se doit lui aussi d'aimer ça, logique, non ?
Bon ! A priori, ça marche comme une bagnole mais avec deux roues en moins. Pas bien difficile pour un mec doué comme Albert Kéké...
Mais faut d'abord un plan d'action pour la démarche d'approche. Un bar ! Faut trouver un bar !!! Ben, ouais ? Les mecs en moto se rencontrent toujours dans un bar, Albert l'a lu un jour dans un bouquin réservé aux z'hommes et laissant la part belle à de sublimes photos dévoilant l'anatomie de charmantes demoiselles. Donc, faut commencer par trouver un bar à motards. Facile, il y a toujours des motos devant ! Ensuite, ouvrir le dialogue et se rencarder sur ce qu'il faut faire pour devenir motard. Paraît que c'est un univers solidaire, c'est écrit aussi dans l'article du bouquin : y aura qu'à demander, et après, bonjour les filles !!!!!!!!!!!!!!
Hard Rock Café ! Un nom qui claque ! Kéké préfère la techno, mais bon ! Si un motard écoute du hard rock, alors lui aussi écoutera du hard rock... Y a des concessions à faire dans la vie pour arriver à ses fins, Albert le sait très bien vu que son paternel arrête pas de le bassiner avec ce genre de conneries... en plus des autres.
Y'a de tout sur le trottoir : des trucs carénés comme des fusées, des machins avec du chrome partout, et plein d'autres machines qui, pour l'instant, ne causent pas encore à Kéké. Pas grave ! Bientôt il saura et fera partie de ce milieu si apte à tomber les frangines...
Ambiance musicale, des photos de motos partout, des mecs en cuir et... même des comme en voit dans Police Académie quand la jeune recrue entre dans la boîte de nuit. Pour ceux-là, va p'têt falloir longer les murs et serrer les fesses, se dit Albert en rigolant dans son fort intérieur. Ce qui l'amuse le plus à la vue de ce nous nommons « bikers », c'est que lui, sa démarche c'est de réussir à tomber les filles, alors que ces mecs là...
Trouver un gars normal... C'est-à-dire un mec de son âge, habillé de préférence comme les pilotes qu'on voit à la télé (les nanas en raffolent, paraît-il) et entamer le dialogue pour apprendre ce qu'il faut afin de devenir comme lui, et après, c'est certain ! Elles vont tomber comme des mouches !!!
Par contre, des filles, y en a à revendre ici... ! Bien joué Albert ! Maintenant, au boulot...
Il en dégotte un qu'à l'air pas mal du tout : grand et baraqué, mal rasé genre baroudeur, porteur d'une combinaison en cuir de toutes les couleurs et... entouré d'une nuée de frangines toutes plus belles les unes que les autres ! Voilà mon homme, se dit Kéké en l'approchant avec son plus beau sourire.
Le mec en question, tout occupé à raconter ses derniers exploits glanés lors du dernier GP du quartier - accrédités d'un bon coup de papier de verre sur ses sliders... - voit arriver ce petit avorton d'un oeil inquiet... En effet, la blondasse, là bas, semble sous le charme et, encore deux ou trois intérieurs saignants à commenter, et c'est du tout cuit !
Albert a bien senti qu'il dérangeait, mais l'enjeu est vraiment trop important ! D'un pas décidé, il s'avance vers celui qui sera son guide, sort son portefeuille, et déclare :
- J'me présente, Albert ! Permettez mesdames que je vous emprunte ce charmant motard quelques minutes, faut que je lui cause autour d'une bouteille
- T'es qui, toi ? Et tu m'veux quoi ??? J'suis pas homo, si c'est c'qui t'intéresse... Alors, dis moi c'que t'as à dire et... dégage ! Tu vois bien que j'suis occupé !!! Lui lance le type, un peu agacé.
- Cool, mec ! J'voudrais juste que tu m'apprennes comment devenir motard. J'suis fou de moto et j'y connais rien. J'ai vu tout d'suite que t'étais le gars de la situation. Si t'as un moment, j'te paye une bouteille...
Maître Motard, par la boutanche alléché, laissa tomber l'objet de sa convoitise pour suivre illico au comptoir ce nabot...
- Whisky ! Et du bon ! C'est l'môme qui régale !
Ouais ! Songe Albert en ruminant intérieurement, le môme, le môme... Il a ton age, le môme, hé ! Dugland... Mais la fin justifie les moyens et notre Kéké a décidé de prendre ce zig en exemple pour réaliser ses desseins. Mais avis que c'est p'têt pas une bonne idée...
- ...Donc, j'te disais..., tu vas voir mon pote à la moto école, j'suis sûr qu'en 15 jours t'as l'feuillet rose dans les fouilles. Ensuite, tu t'pointes chez Barjo Moto et tu commandes une Wasuki 1000 GSXRGV, c'est la meilleure ! Une moto d'homme... Par contre, fais comme moi et écoute pas l'vendeur qui va te dire que t'es dingue, que nani, nana... Moi, avec cette meule - qu'est pourtant ma première, hein ? - j'ai croisé Valentino Rossi sur une route de campagne, j'suis sûr que tu m'croiras pas quand j't'aurais dit...
Deux plombes que ça discute ferme ! Trois bouteilles et un portefeuille copieusement allégé plus loin, c'est deux vieux potes complètement rôtis qui se quittent en titubant sous l'œil amusé des consommateurs pliés en quatre à force d'écouter le duo !
Un mois plus tard, permis A en poche (si, si ! Il l'a fait... J'te jure ! Ouais, je sais..., de notre temps... ), voilà not'brav'Albert qui se pointe chez Barjo Moto.
Le boss du bouclard est un vieux d'la vieille qu'a l'habitude de pas laisser filer un quidam sans le délester d'au moins un gros bifton. Un vrai pro qui sait brosser l'pigeon - heu..., le client, je veux dire - dans le sens du poil. Faut dire que son officine a tout pour attirer le fana de deux roues : 'magine un truc gigantesque sur trois étages rempli de l'ensemble de la flotte des quatre Nippons, d'un local bar vidéo à proximité de celui réservé aux z'accessoires les plus inutiles qui soient, vu que c'est ceux là qui se vendent le plus, un sous-sol réservé à la fringue, un hall pour l'occase et... dix vendeurs aux dents traînant par terre prêts à tout pour vider le magasin plus vite que De Puniet pour visiter un bac à sable !
Barjo, à la vue d'Albert, fait la moue... Mouais ! Un môme qu'a tout juste vingt berges..., pas l'allure du tarmo moyen..., encore un paumé vu ses fringues de chimpanzé, en plus !!! Ha ? P'tite protubérance dans la poche du blouson ? Porte-feuille ??? A vue de nez... Heu..., doit quand-même pas valoir plus de cent euros un gugusse pareil !!! Pas rentable...
Néanmoins, comme les autres vendeurs sont déjà tous occupés à arsouiller le badaud (un samedi après midi assez pluvieux est toujours une aubaine pour le tiroir-caisse), Barjo décide de s'amuser un pneu aux dépends de cet importun ayant l'outrecuidance d'oser franchir le pas du bouclard le plus cher de la région !
- Vous désirez, monsieur ? Je peux vous renseigner ??? Dit-il d'un ton mielleux en s'avançant, le sourire carnassier.
- Une Wasuki 1000 GSXRGV et tout l'équipement qui va avec...
Tu lui aurais dit que les martiens venaient de débarquer, c'était kif ! Une 1000 GSXRGV..., le truc qu'on vend aux quadras, la perle de la clientèle ! Ces mecs là connaissent la moto et savent ce qu'ils veulent, donc pas de perte de temps en argumentaire, mais surtout... ont une situation bien assise et crachent au bassinet !!! Tu vends une meule comac ? Si tu sais faire, en lâchant la remise "qui va bien", tu refourgues un tiers du prix de la bécane en équipement et, si t'es vraiment bon, un crédit au long terme sur lequel t'auras une bonne com'. Un p'tit stage de pilotage à mille euros pour se faire à la bête ? Possible aussi !
Le voilà parti dans ses pensées sonnantes et trébuchantes... Barjo est un sentimental au fond : le simple fait de songer à cette moto, number one des ventes actuellement, le plonge illico dans un univers peuplé d'euros lui mettant la banane jusque derrière les oreilles. Le retour à la réalité est plutôt brutal quand la voix d'Albert le tire de sa torpeur :
- M'sieur ? Alors... Z'en avez une de dispo ???
Y s'fout d'ma gueule..., ce jeune trou duc ! Songe le patron, soudain revenu à la réalité sous la forme de ce môme qui, visiblement, aurait même pas de quoi de se payer un trail d'occase !
La tronche en biais, mains sur les hanches, Barjo toise Albert du regard, et déclare :
- Dis moi, gamin..., tu sais de quoi tu causes ??? J'ai pas l'droit d'vendre une meule comme ça à un gosse ! Pas une moto pour un môme, ça ! Et pis même, ça coûte un max une machine comme ça, sans compter l'assurance, ouah là, là ... ! Aller ! T'as ton permis depuis pas longtemps et tu cherches un truc facile..., pas cher... ! C'est ça, hein ??? Mais j'ai pas ça en c'moment... R'passe un d'ces quatre, on sait jamais ? Au revoir !
- Nan ! J'veux une Wasaki et j'ai les sous !!! Déclare Kéké, un poil vexé par l'attitude de ce bonhomme qui, visiblement, sait pas à qui il a à faire ! Ben ouais, quoi... Albert est fonctionnaire au service communal, même que son père connaît le maire personnellement et que ce dernier l'a pris sous son aile pour lui octroyer ce poste important ! Oui, moooonsieur !!! Fonctionnaire, c'est pas n'importe quoi, hein ???? Sécurité d'emploi, qu'on dit ! Et tous les mois, ça tombe... Bon, reste pas grand-chose à partir du quinze, mais ça tombe...
Le choc des générations... Les deux « adversaires » s'observent sans un mot, les yeux mi-clos : d'un coté, Albert Kéké, un mètre soixante et quarante kilos, de l'autre Marcel Barjo, un mètre quatre vingt et cent vingt kilos. Combat inégal à la base mais, contre toute attente, c'est Kéké qui porte l'estocade dès que retentit le gong :
- Hé ho ! J'suis fonctionnaire... fonc-tion-nai-reuuuu !!! J'ai des sous et z'avez pas l'droit de refuser une vente ! J'veux une Wasaki !!!!!!
Pan ! Dans les ratiches du père Barjo, lequel encaisse l'uppercut sans broncher..., mais pas sans cogiter : fonctionnaire ??? Ce qui revient à dire que si ce jeune blanc bec paye pas, c'est l'état qui le fait à sa place ????????? On refuse jamais un kroum à un fonctionnaire, même fauché...
Vite ! Rattraper la situation... Le gars Marcel, fort de plus de trente années de roublardise commerciale, se met soudain à éclater d'un rire franc et, cordialement, en tend cinq au jeune trou d..., heu..., client et déclare :
- J'plaisantais, bien sûr ! L'père Barjo est comme ça, toujours le mot pour rire... M'en voulez pas, hein ? Mais j'peux pas m'en empêcher !!! Une 1000 GSXRGV ??? Bien entendu que j'en ai une en stock... Venez à mon bureau qu'on en discute...
Vaste bureau ministre, des tofs de bécane partout, quelques coupes glanées lors de lointains championnats régionaux, voilà pour le décor. Barjo attaque très vite :
- Bon ! J'rigolais mais... pour l'assurance, va pas être de la tarte ! ‘Reusement, l'gars Marcel a toujours une solution ! Permettez que j'passe un coup d'fil ? Passez-moi vot' permis ! Allo, Fred ? C'est Barjo...
Deux minutes plus tard :
- Hé oui... Trois mille cinq cent euros... Mais j'ai une solution : on incluse ça dans le dossier de financement que j'peux obtenir pour vous à vingt pour cent - c'est cadeau à c'taux, là ! - et, si on met tout ça sur trois cent mois, on l'sent même pas sur un salaire ! D'ailleurs, faut qu'on en cause du crédit... Mais fallait d'abord trouver une solution pour l'assurance...
Marcel ne laisse pas le temps à Albert d'en placer une...
- Faut dire qu'une 1000 GSXGV, c'est une sacrée moto !!! J'en ai une perso, elle fait deux cent cinquante chevaux après passage entre les mains de mes gars... Pas trop légale, ni vraiment donnée, la prépa vaut l'coup si on veut jouer devant. J'peux vous faire un prix pour avoir la même, même que j'prends rien là-dessus, cadeau ! Trois mille euros... Dans l'crédit, si on rallonge de cent mois, on l'voit même pas. Mais faut bien ça pour une telle moto, z'en conviendrez ! Mais après, c'est les freins qu'ont du mal... On va pas être radin au point de pas mettre un Kifrène radial intégral à seulement trois mille euros... qu'on intègre aussi dans l'crédit ? Aller ! J'fais une remise de cinq pour cent sur le prix de départ de la moto... Un combarde pour suivre avec la meule ? J'ai une Dénénesse en promo en c'moment à mille cinq cent euros, j'vous fais encore dix pour cent dessus et, cadeau ! Des gants « racing » pour l'achat d'un casque Araraïïï Grossi Réplica vendu prix coûtant à mille euros, et j'offre les bottes si vous prenez l'option « entretien gratuit sur trente mille kilomètres » qui n'est facturée que mille euros pour nos très bons clients... Affaire conclue ? Parfait ! Vous me ramenez vos derniers bulletins de paye...
En sortant du bouclard, Albert a la banane jusqu'aux oreilles : dans deux jours il va chevaucher LA sportive du moment !!! Les filles vont toutes tomber... La vie est belle !
THE jour J ! Elle tourne gentiment sur sa latérale et sent le neuf à dix pas ! Albert, engoncé dans sa combarde toute neuve qui lui donne l'air d'un extra terrestre, est pas peu fier d'enfiler son casque pour la première fois tandis que Marcel himself lui donne les dernières recommandations :
- Alors, pendant mille bornes, pas plus de six mille tours, et fais gaffe (j'te dis « tu » car t'es des notre à présent !), avec des pneus neufs, faut roder sur cent bornes et pas faire toucher les repose-pieds avant. J'te dis ça mais, j'suis certain que tu l'sais, hein ? Aller ! Bonne route à toi et reviens prendre rendez-vous pour la première révision, d'ici là j'aurai reçu des nouveaux accessoires sur lesquels j'te fais un prix !
D'abord enfourcher la bête... Vache ! C'est raide ! Et le guidon ? Hein ??? C'est les trucs en bas de la fourche ???????? Oup's ! Aïe ! Fait mal aux poignets... Ha ? Faut aussi redresser la tête ? Albert est tout déconcerté... Pourtant, à voir les mecs passer... Mais bon ! Quand faut y aller... Klong ! La première claquait pas comme ça sur la CB de la moto école... Aller ! Doucement en lâchant l'embrayage..., un peu de gaz... Pas facile avec ces foutues bracelets placés si bas ! Wouiiiiiiiiiiiiin !!! Hé là..., sensible ce truc !!! Maiiiis... Ha zut ! Une courbe... Calme, Albert, calme ! Léger sur le levier droit et... Aïe ! Merde !!! La roue avant qui se bloque maintenant !!! Pas passé loin... Et dans la courbe non plus car cette vacherie de bécane refuse de tourner...
Au fond de lui, Albert Kéké commence à douter... alors qu'il vient à peine de parcourir... vingt bornes ! Pourtant, sur la CB... Pas grave ! Y a qu'à rester en ville pour l'instant, les plus belles filles sont ici et pas ailleurs, alors...
Quinze jours et huit cent bornes plus loin, Albert sent qu'il commence à dominer son monstre d'acier. Il arrive même à pousser la trois à dix mille tours dans la grande avenue de la gare. Bon, d'accord... pas plus de six mille qu'il disait le Barjo, mais Kéké sait très bien que les moteurs sont montés déjà rodés, d'ailleurs, elle sonne clair au rupteur devant les bar des Amis...
Va être temps d'emballer, maintenant...
P'tain la meuf !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! A travers son casque, Albert ne voit que ses yeux, mais alors, un de ces regards... ! Et le string rouge vif qui sort du jean !!! La fille en question est la passagère d'une splendide Hondawa CBZZR Crazibird. Elle l'a vu, c'est certain, et c'est pas avec des yeux de pucelle... !!!
Suivre la Hondawa et ne pas la lâcher... Albert tourne la poignée en s'accrochant aux bracelets. J'suis sûr qu'elle rêve de moi..., pense t'il en espérant que le type ira tout droit. S'il prend l'embranchement du périph, y a le droite qu'est pas facile à négocier et Kéké se sent pas encore prêt à ça ! par contre, tout droit, y a une série de feux...
Elle regarde, elle regarde !!! La fille vient en effet de se retourner et... Yes ! Un feu rouge !!!
J'va me mettre à coté de lui, j'relève la visière et j'plante mon regard dans l'sien. Au feu vert, y va rien comprendre et sa meuf elle s'ra pour moi... Albert est survolté par l'enjeu ! En plus, c'est son premier affrontement... Pas grave, il l'a fait mille fois en bagnole... Cette fois, avec la Wasaki, on va voir ce qu'on va voir !!!
Tu sais quoi ? Le mec ose même pas le regarder... Il a peur, c'est sûr ! Il a compris... Deux, trois coups d'gaz pour bien lui faire comprendre... Aller ! On se prépare... Vert ! Gaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaz !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
La Wasaki bondit telle un fauve tandis que la roue avant monte vers le ciel ! Et elle monte, monte... Albert sent une sueur froide lui parcourir l'échine !!! Avant qu'il puisse faire quoi que ce soit, il sent la moto lui échapper des mains, complètement à la verticale !!!!! Le contact avec le sol est brutal, son casque résonne en martelant le bitume. Le bruit de sa moto glissant sur l'asphalte est le dernier son qu'il a entendu avant de terminer sa course contre le mur particulièrement coriace de la gendarmerie située à l'angle du feu et tomber dans les pommes...
GSXRGV état neuf, huit cent kilomètres, première main. Rodage soigné. Peinture perso et nombreuses pièces neuves. Cause santé. Prix à débattre. S'adresser chez Barjo Moto...
Albert ? Après trois mois d'hosto suite à de multiples fractures et un bon trauma crânien, il songe que peut-être, après avoir récupéré son permis retiré pour non maîtrise, une Harley... ? Voilà une moto qui plait aux filles !!!
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