A Rétromobile, le succès de l'automobile de collection n'empêche pas les accidents
Le marché de l’automobile de collection de grand prestige est-il arrivé à un palier ? A Rétromobile, la star de la vente aux enchères d’Artcurial n’a pas trouvé preneur même si la maison se félicite des résultats.
De l’avis général, l’édition 2023 du salon Rétromobile était un très grand cru. Grâce à la qualité et la diversité des autos exposées, le show parisien réservé aux engins de collection de tous les genres a rassemblé 125 000 visiteurs malgré le prix d’entrée élevé (24€). Les mines ébahies des gens tranchaient franchement avec les frustrations de certains au dernier Mondial de l’automobile. D’ailleurs, même les constructeurs de voitures neuves s’étaient prêtés au jeu en glissant discrètement des opérations de communication sur leurs stands pour faire la promotion de leurs modèles actuels. De la Ferrari 250 GTO en passant par certaines des Bugatti les plus rares, des supercars du début des années 90 jusqu’aux autos de l’avant-guerre, tous les modèles les plus cotés de l’histoire y étaient.
Le plateau des ventes organisées par la maison Artcurial constituait l’une des principales attractions de ce très beau salon, avec des sportives légendaires côtoyant des machines plus ou moins exotiques et même quelques youngtimers revenus à la mode. Mais le principal joyau de la vente Artucial n’a pas trouvé preneur : estimée à plus de 25 millions d’euros, la Ferrari 250 LM n’a pas réussi à susciter la frénésie des collectionneurs pendant les enchères. « Je ne comprends pas pourquoi elle n’a pas réussi à convaincre », s’étonne Hervé Poulain pour qui la finesse de cette Ferrari de course et son approche révolutionnaire dans l’histoire de la marque valent presque le mythe autour de la 250 GTO. Si les autres têtes d’affiche de chez Bugatti ou Ferrari n’ont atteint que les fourchettes basses des estimations prévues, le patron d’Artcurial Matthieu Lamour se félicite des résultats avec 75% d’autos vendues et 35,5 millions de transactions.
La stagnation après des années de folie ?
Après les sommes folles atteintes par des Ferrari 250 GTO dans des ventes privées et les 135 millions d’euros records déboursés l’année dernière par le nouveau propriétaire de l’une des deux seules Mercedes 300 SLR Uhlenhaut Coupé au monde, l’échec de la vente de cette 250 LM marque-t-il une accalmie sur le marché de la collection automobile de grand prestige ? « Je note une stagnation des prix des autos de l’avant-guerre, mais la valeur des voitures les plus convoitées continue de monter », constate Matthieu Lamoure. « Prenez la Ferrari F40 par exemple, elle dépasse désormais systématiquement les deux millions d’euros. Dans l’ensemble, toutes nos autos proposées sans prix de réserve ont été très prisées. L’échec de la vente de la 250 LM cache un bon succès général », explique Mathieu Lamoure qui reconnait cependant une possible instabilité liée à la spécificité de ce marché : « par rapport au monde des enchères de l’art, celui des autos de collection reste encore relativement jeune. Il gagnera encore en maturité dans les années à venir, vous verrez », affirme de son côté Hervé Poulain.
Notons que parmi les surprises de cette vente Artcurial, on remarque des prix élevés sur certaines autos qu’on n’attendait pas forcément. La Renault R25 V6 Turbo Baccara, par exemple, a atteint 50 000€ alors qu’elle était estimée au mieux 25 000€. A l’inverse, la Peugeot 205 Turbo 16 n’a pas été vendue avec une enchère la plus haute placée à 311 000€ alors que les experts tablaient sur une valeur comprise entre 350 000 et 400 000€. Au fait, quelle est la licorne la plus convoitée de toute l’histoire de l’automobile ? Pour Matthieu Lamoure, ça se jouerait entre la fameuse Bugatti Type 57 SC Atlantic noire que tout le monde espère retrouver, la seconde Mercedes 300 SLR Uhlenhaut Coupé appartenant encore au constructeur et l’une des trois Bugatti Atlantic connues. « Le record des 135 millions pourrait être battu par l’une de ces machines », estime le patron d’Artcurial. A titre de comparaison, le record absolu d’une œuvre d’art vendue aux enchères -toutes catégories confondues- date de 2017. Cette année-là, la peinture Salvador Mundi attribuée à Leonard de Vinci a été achetée par le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed Ben Salmane pour 450,3 millions de dollars.
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