À l'Euro de foot, ce ne sont pas les entreprises allemandes qui gagnent à la fin
Coup sur coup, les deux entreprises emblématiques allemandes se sont fait évincer dans le sponsoring de l'Euro 2024 qui se joue sur leurs terres. Adidas est remplacé par Nike et, surtout, le Chinois Byd prend la place de Volkswagen.
La victoire de la Mannschaft (2-0) contre l’équipe de France samedi soir en match préparatoire de l’Euro n’y suffira pas. Le moral de l’Allemagne est dans les crampons. D'autant qu'à la récession dans laquelle le pays européen le plus à cheval sur la rigueur budgétaire est plongé ces temps-ci, s’ajoutent des défaites économiques plus symboliques.
Ces défaites mettent en cause les deux emblèmes nationaux allemands qui sont autant de signes de son ex, mais insolente, réussite depuis les années 50 : Adidas et Volkswagen. Les deux marques se sont fait évincer du sponsoring de l’Euro 2024 qui se déroule outre-Rhin en juin prochain et pas au profit de n’importe qui : c’est l’Américain Nike qui va remplacer Adidas sur les maillots des joueurs, et c’est le Chinois Byd qui se substitue à VW.
Une attaque en règle des symboles allemands
Le coup est rude pour Volkswagen. Lui qui était « partenaire officiel » (c’est-à-dire le sponsor qui paie le plus cher) de l’Euro 2021, se voit piquer la place, à domicile, par son ennemi, celui-là même qui lui taille des croupières partout sur la planète. Byd, devenu numéro un mondial de la voiture électrique, et qui se permet même de vendre ses batteries au groupe VW, a en effet signé un accord avec l’UEFA moyennant une montagne de dollars. Un montant que l’organisme refuse de préciser mais qui est sans aucun doute largement supérieur à celui du constructeur allemand.
La nouvelle est d’autant plus difficile à avaler à Wolfsburg que l’on s’y prépare à une année 2024 compliquée sur le plan financier avec une baisse des ventes annoncée. Mais les lois du sport, et du foot surtout, étant intimement liées aux intérêts économiques, l’Euro s’est vendu au plus offrant, en l’occurrence le Chinois en pleine offensive européenne, puisqu’il prévoit l’ouverture d’une usine en Hongrie, et, peut-être d’une seconde en Italie.
L’UEFA, consciente du tollé outre-Rhin, s’est même fendu d’un communiqué en forme d’excuse, à peu près aussi crédible qu’une attribution d’une coupe du monde au Qatar, en expliquant que «ce partenariat est en accord complet avec la volonté de l'UEFA de promouvoir un championnat d'Europe plus vert et plus durable». Un hommage aux autos électriques de Byd qui doit rendre furieux les décideurs de VW qui tentent de développer leur gamme ID avec les soucis que l’on sait.
Mais les malheurs volent généralement en escadrille et après le forfait de Volkswagen, c’est au tour de l’autre fleuron allemand d’être viré de l’Euro, du moins des maillots de la Mannschaft. Un véritable crime de lèse-majesté car Outre-Rhin, le foot et Adidas constituent une association sacrée depuis 1952, depuis « le miracle de Berne », cette finale de coupe du monde jouée en Suisse contre la Hongrie.
Il pleut à verse ce jour-là. Le terrain est totalement impraticable et les Hongrois sont largement favoris. Mais Adi Dassler (de son vrai prénom Adolf, qui est un peu difficile à porter après guerre), le fondateur d’Adidas qui fournit les chaussures de l’équipe nationale a une idée : des crampons dévissables et adaptables au terrain qui vont changer le cours du match et de l’histoire du foot allemand.
"un peu de patriotisme local"
La Mannschaft l’emporte et Adidas va fournir les chaussures sans que personne pendant 72 ans, n’ose remettre en cause ce partenariat. Jusqu’à cette année. Selon la presse allemande, Nike aurait proposé 100 millions d’euros par an pour floquer les maillots, contre 50 pour Adidas.
La coupe est pleine, le tollé est général car les deux marques emblématiques du pays sont exclues du sport emblématique allemand qui, de plus, joue à domicile cette année. Au point ou le ministre de l’économie et vice-chancelier Robert Habeck, pourtant réputé pour son ultralibéralisme, a personnellement fustigé ces décisions, en affirmant qu’il aurait aimé « un peu plus de patriotisme local » de la part des instances footballistiques.
Un patriotisme local, que Herr Habeck aurait peut-être dû défendre un peu plus souvent à Bruxelles lorsqu’il en était temps. Rappelons que l’Allemagne s’est toujours battu pour conserver l'ouverture totale des frontières vers l’UE.
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