Alors que les forces de l’ordre se montrent toujours mieux équipées et plus rusées pour traquer le km/h de trop, les automobilistes plébiscitent la bonne vieille méthode de l’appel de phares pour échapper aux radars : 70 % d’entre eux disent le pratiquer, avec toutefois des nuances selon l'âge, le sexe, et surtout la région d'habitation. Dans le même temps, seuls 6 % disent ressentir de l’agacement quand on leur adresse ce signal visuel.
Quelques nuances apparaissent toutefois dans ce sondage. Côté genre, les hommes se montrent - un peu - plus adeptes de l'appel de phares que les femmes (72 % contre 68 %). De même, l’on relève des écarts selon les classes d’âge : les 25-34 ans sont les automobilistes les plus solidaires (75 % d'adeptes), mais ça se gâte légèrement à partir de 35 ans : 68 % d'adeptes chez les 35-49 ans, et 69 % chez les "50 et +". Par contre, la pratique de l’appel de phares transcende les classes sociales : "CSP+" ou "CSP -" même combat, puisque la pratique de l'appel de phares (73 %) est partagée à égalité. Par contre, on constate une nette différence avec les inactifs (64 %).
D’un point de vue géographique, c'est dans le nord-est que l'on est le plus solidaire (seulement 24 % de "non, jamais") et en Ile-de-France que l'on se montre le moins altruiste, avec 38 % de "non, jamais". Voilà qui n’arrangera pas l’image des Franciliens, lesquels se montrent aussi les plus indifférents à cette manifestation de solidarité : 24 %, à égalité avec le quart nord-ouest. Pire : 10 % des mêmes Franciliens vont jusqu’à exprimer de l'agacement quand on leur adresse un appel, soit nettement plus que la moyenne nationale qui est de 6,1 %. Vous êtes effectivement 72,8% à ressentir de la gratitude quand on vous fait des appels de phares et 21,1% à rester indifférents.
Certes, l’on pourra nous objecter que des contrôles réalisés à un rond-point peuvent aussi permettre de sanctionner les auteurs de délits tels que l’alcoolémie positive au volant, voire, dans les cas les plus extrêmes (et heureusement les plus rares), d'arrêter des cambrioleurs ou des criminels. Et qu’à ce titre, un simple appel de phares peut contribuer à saboter le travail des forces de l’ordre. Un argument recevable, même s’il est extrêmement pénible de faire peser sur les automobilistes la complicité morale de comportements inqualifiables.
Reste que face à des forces de l’ordre embusquées avec leurs jumelles ou « en planque » à bord d’un break banalisé et négligemment garé au bord de la chaussée, et dont la tâche se résume souvent à traquer LE km/h de trop, les bonnes vieilles méthodes ont encore de l’avenir. Même - et surtout - sur autoroute, d'ailleurs.
*Sondage Harris Interactive pour Caradisiac réalisé auprès de 1 000 personnes âgées de 18 ans et plus représentatives de la population française (et titulaires du permis de conduire).
Que risque-t-on à faire des appels de phares
pour prévenir d’une présence policière ?
Par Me Caroline Tichit, avocate spécialisée dans la défense des automobilistes
En théorie, vous ne risquez rien du tout ! Car, en soi, ce n’est aucunement constitutif d’une infraction pénale. Rien, je dis bien rien, dans le code de la Route, ne l’interdit. Et, en pratique, sincèrement, vous ne risquez pas grand-chose non plus. S’il arrive que des agents dressent des verbalisations ainsi abusives, en se fondant notamment sur l’article R416-6 selon lequel il faut veiller à ne pas éblouir les autres usagers, cela reste à mon sens très exceptionnel, et assez facilement contestable en justice. La jurisprudence, pour le coup, est constante depuis des années : elle confirme qu’il n’existe aucune incrimination pour sanctionner les conducteurs qui avertissent de l’existence d’un contrôle de police.
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