Pour voir s'allumer une petite flamme dans son œil puis se dessiner un sourire sur son visage, parlez lui de ‘Custom'. Pas de ‘Tuning'. Personnellement, je désignais le tuning comme l'acte simple de personnalisation d'un véhicule. J'imaginais le Custom comme l'une des expressions les plus abouties, les plus nobles du domaine. Mais, pour EVE Cars, le souci réside dans ce grand sac « tuning » qui regroupe le meilleur mais aussi le pire. En effet, point besoin de rentrer dans un débat sémantique stérile pour s'apercevoir qu'Edouard est un artisan-artiste doublé du sens de l'entreprise. J'admets aisément après avoir vu de quoi il en retourne que ce que je considérais d'abord comme une petite coquetterie n'était en fait qu'une angoisse : celle de ne pas être reconnu pour la grande valeur de son travail.
Difficile en effet d'accepter le voisinage avec de simples poseurs d'accessoires lorsque l'on déploie autant de savoir-faire, de technique, de qualité qui, une fois recouverts de plusieurs couches de vernis, passent parfois inaperçus pour le profane pas très attentif. La volonté de se démarquer est, en ce sens, légitime.
Edouard travaille l'aluminium. Il façonne ce métal jusqu'à des épaisseurs extrêmement fines et son métier n'a rien à voir avec celui qui se contente de poser des boucliers en fibre de verre achetés dans des enseignes de supermarché. Sans dénigrer vraiment la chose, il regrette que la tendance soit aux produits à très bas prix qui ne sont pas vraiment gage de qualité, ni même de sécurité. A ce propos, il semble qu'une loi européenne va imposer sous peu l'interdiction d'utilisation de pièces en fibre de verre sur les automobiles, notamment pour garantir le respect des normes de sécurité piétons en cas d'accident. Rien ne dit que cela lui apportera des clients mais cela mettra en lumière la qualité de ses travaux qui respectent totalement les normes d'homologation des instances administratives mais aussi celles des constructeurs.
EVE Cars n'est clairement pas sur le même marché que les accessoiristes. Edouard a 25 ans et sa société tout juste 1 ans. Avant cela, sa formation chez les compagnons du devoir du Tour de France lui a permis d'être double médaillé d'or au concours des meilleurs apprenti tôlier -formeur de France, ce qui l'a incité à présenter en 2007, le concours du meilleur Ouvrier de France. Bref, un gars qui sait quoi faire de ses mains.
A l'origine, soit en gros depuis l'âge de 8 ans ( !), Edouard dessine des voitures. Mais à la différence de certains, il aime aussi les réaliser concrètement. A la croisée des chemins, c'est d'ailleurs la passion du travail manuel qui l'emportera face à un cursus de designer pourtant alléchant. Aujourd'hui il conjugue ses 2 savoir-faire dans sa société EVE Cars.
Son ambition est grande. Pour appuyer le propos, sachez que le garçon ne s'attache pas simplement à reproduire une technique mais il compte bien renouveler le genre. Ainsi, il conçoit et fabrique lui-même les outils qui lui permettent de modeler le métal. C'est rare et ça va lui permettre d'investir dans d'autres machines plus complexes telles qu'un scanner laser 3D, idéal pour relever les cotes avec précision et rapidité. Il améliore donc la technique et ne s'appesantit pas plus que ça sur le travail des anciens qui martelaient avec patience les ailes des GT de l'avant et après guerre. Edouard est ancré dans le présent et regarde loin. Il a compris que la baisse du coût global de la prestation est nécessaire et qu'elle passe par la modernisation des techniques de travail. Il a d'ailleurs déjà tout quantifié et le gain de temps, en comparaison à un travail classique de tôlier-formeur, est de 80%. Rien que ça.
Mais à quoi bon travailler l'aluminium quand le carbone fait tendance ?
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