Antonio Tabucchi, cet auteur italien plutôt connu et reconnu dans son pays ne vous dit peut-être rien… Ce qui est sûr, en tout cas, c'est qu'il a écrit une nouvelle, Rébus qui met en scène une Bugatti Royale, Type 41, un coupé de ville.
“On ne résiste pas à une Bugatti Royale, dis-je à Albert, je pars.” Et comment ! Six exemplaires vendus, dont l'un, visible au Musée national de l'automobile à Mulhouse, a été récemment rénové de fond en comble. Huit cylindres de près de treize litres, 3,40 mètres d'empattement, c'est une automobile qui en impose autant que les Rolls-Royce
Une Bugatti reproduit les lignes d'un corps féminin
Mais laissons plutôt éclater le style de Tabucchi, qui nous rend impossible toute tentative de résistance devant ce monument de l'histoire de l'automobile :“C'était bien une Bugatti Royale, un coupé de ville. Je ne sais si cela évoque quelque chose pour vous, Monsieur, je comprendrais que cela n'évoque rien (…) Albert n'en croyait pas ses yeux. "C'est impossible, répétait-il, c'est impossible !" et il caressait les garde-boue longs et fuselés. Je ne sais si vous pouvez comprendre, une Bugatti reproduit les lignes d'un corps féminin, d'une femme assise, le dos bien calé, les jambes en avant. C'était un exemplaire superbe, sa carrosserie était en excellent état, tout comme les garnitures en velours damassé, si l'on excepte quelques trous de mite et un accroc. Seuls les tuyaux d'échappement et les roues étaient en mauvais état, du moins à première vue. Le moteur ne semblait pas avoir souffert de sa longue inactivité, il attendait seulement que quelqu'un le tire de sa léthargie.(…)”
Voilà ! Une Bugatti Royale, même longtemps oubliée, est immédiatement irrésistible. À lire dans le recueil de nouvelles intitulé Petits Malentendus sans importance,
© Christian Bourgois éditeur, 1987.
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