D'abord champion de moto, Jean-Pierre Beltoise s'est rapidement fait un nom dans le sport automobile, en remportant notamment le Grand Prix de Monaco en 1972. À l'époque déjà, il s'intéressait de près à la Sécurité routière. Un engagement qu'il prolonge depuis la création de son école, Conduire Juste. Témoignage d'un passionné de voitures qui sait être prudent au volant.
Caradisiac : Te souviens-tu de ta première voiture ?
Jean-Pierre Beltoise : Bien sûr, c'était une BNC, en 1956. Je me baladais à Paris et je découvre garée le long du boulevard Saint-Michel cette petite sportive qui était à vendre. J'ai eu un véritable coup de foudre. Il me la fallait. Je ne sais plus comment j'ai fait pour trouver le pognon, mais je me suis débrouillé et j'ai pris un crédit.
Caradisiac : Qu'est-elle devenue ?
Jean-Pierre Beltoise : Je l'ai encore. Je l'avais laissée un peu à l'abandon et, après quelques dizaines d'années, j'ai décidé de la refaire petit à petit. Maintenant, elle roule de nouveau.
Caradisiac : Par la suite, tu as acheté d'autres voitures ? Sur le marché de l'occasion ?
Jean-Pierre Beltoise : Le plus souvent, oui. C'est une question de budget : ça coûte vraiment moins cher. J'ai d'abord acheté le break 403 de mon père et ensuite de nombreux autres breaks pour transporter mes motos de course.
Caradisiac : Tu te défoulais déjà avec tes premières voitures ?
Jean-Pierre Beltoise : Jusqu'à un certain âge, c'est vrai, mais ça m'a quitté depuis longtemps ! J'ai eu des voitures passion avec lesquelles j'ai pris vraiment beaucoup de plaisir. La BNC d'abord, puis des Mercedes 6.3, une Lamborghini Miura, etc.
Caradisiac : La Lamborghini Miura, c'est quasiment un mythe !
Jean-Pierre Beltoise : Drôle d'aventure. Je l'avais rachetée au chanteur Christophe. Elle était sublime mais, en 1967, j'ai eu un accident de la route avec cette voiture.
Caradisiac : Je croyais que tu n'avais jamais eu d'accident…
Jean-Pierre Beltoise : Je roule sans accident depuis de nombreuses années, mais quand j'étais jeune fou, j'ai pulvérisé ma Miura. J'étais en Italie. La route était droite. Il pleuvait. Je suis parti en aquaplaning. Plus de voiture, quelques blessures, mais rien de grave. Je m'intéressais déjà à la Sécurité routière, mais, après cet accident, j'ai décidé d'agir.
Caradisiac : Quelques années plus tard, tu as créé l'école Conduire Juste…
Jean-Pierre Beltoise : Mon enseignement est simple. Il faut se méfier de tout, déjouer la part du hasard. Et, pour cela, il n'est pas nécessaire de rouler absolument à 50 ou à 90 km/h. Il faut rouler librement en conservant une marge de sécurité.
Caradisiac : Jean-Claude Gayssot vient d'annoncer de bons résultats pour l'année 2000. Qu'en penses-tu ?
Jean-Pierre Beltoise : Je crains que cette amélioration ne traduise pas une évolution des mentalités. Il est normal que le bilan soit positif : les voitures sont incomparablement meilleures, les automobilistes mettent plus souvent leur ceinture, les routes s'améliorent, la médecine aussi…
Caradisiac : La peur du gendarme, tu y crois ?
Jean-Pierre Beltoise : Bien sûr, les automobilistes sont stressés quand ils voient les gendarmes sur le bord des routes et ils roulent moins vite. Mais toute l'énergie que l'on met dans la répression pourrait être utilisée plus intelligemment, notamment dans l'éducation et le respect de l'autre.
Caradisiac : Tu as gardé quelques autres anciennes voitures. Tu veux faire un musée ?
Jean-Pierre Beltoise : Non, plus maintenant. De plus en plus de lois t'interdisent de rouler dans une voiture ancienne, de rouler librement.
Caradisiac : Alors, tu revends des voitures ? Tu n'as pas trop de difficultés à trouver preneur ? Une voiture conduite par Jean-Pierre Beltoise, on peut craindre qu'elle ait frotté un peu partout !
Jean-Pierre Beltoise : C'est tout le contraire. Tout le monde veut me racheter mes voitures. C'est la vérité. Tu sais, je suis passé de la voiture passion à la voiture raison. J'ai en ce moment une 406 break. C'est une merveille. Je n'ai pas d'accident et pourtant je roule plus vite que la moyenne. Mais je dis souvent à mes élèves que je ne roule pas si vite qu'ils l'imaginent. Ma consommation moyenne est de 6 litres aux cent : c'est tout dire.
Caradisiac : Je crois savoir que tu n'as pas toujours été aussi sage…
Jean-Pierre Beltoise : À quoi fais-tu allusion ?
Caradisiac : À une course effrénée avec ta maman…
Jean-Pierre Beltoise : Je vois. L'anecdote court encore, mais elle est vraie. À 16 ans, sans permis, j'avais emprunté la voiture de mon père. Assise à ma droite, ma mère et, derrière, mes trois frères. J'ai été pourchassé par des policiers. Ma mère voulait que je m'arrête et tentait de prendre le volant. Alors, l'un de mes frères l'a gentiment bâillonnée avec la main et un autre m'indiquait la distance qui me séparait de la voiture des policiers que j'essayais de semer.
Caradisiac : Tu y es parvenu ?
Jean-Pierre Beltoise : Non, on n'avait pas la même voiture. Et quand on m'a arrêté, ma mère s'est mise à hurler : "Enfermez-le, enfermez-le !" Des aventures à déconseiller, je me suis bien assagi depuis.
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