Après la Peugeot 205 GTI pour baptiser cette nouvelle rubrique, nous quittons cette fois-ci Sochaux et traversons la Manche pour atterrir à Coventry, berceau de Jaguar, pour découvrir la XJ40, grande berline de la marque dans les années 80/90 à la fois fiable contrairement à sa réputation et tout à fait accessible.

Au milieu des années quatre-vingt, Jaguar n'est pas au mieux de sa forme : la marque vit sur ses acquis, elle n'a que deux modèles dans sa gamme, le coupé XJS et la vieillissante berline XJ aux quatre phares ronds typiques. Malheureusement, à l'époque, la fiabilité n'est pas son point fort, les problèmes s'accumulent et l'image du constructeur britannique se ternit sérieusement. Mais fin 1986 arrive la XJ40 avec nouveau châssis, nouveaux trains roulants, nouvelle gamme de moteurs et nouveau design et en 1989, l'américain Ford acquiert la marque et lui apporte, outre de l'argent frais, de nouvelles idées et une fiabilité encore améliorée. Cependant, à sa sortie, la XJ40 choque les habitués avec ses feux rectangulaires mais c'était dans l'air du temps, et c'est finalement un design qui a été accepté à travers les années et qui a plutôt bien fonctionné.

Combien ça coûte à l'achat ?

Il y a de tout, comme souvent pour les voitures approchant les 20/25 ans. On peut trouver des XJ40 roulantes à partir de 1 500 € mais nécessitant quelques frais. Opter pour un modèle à 4 500/5 000 € est le meilleur choix : encore très raisonnable pour un tel niveau de prestation, il offre pour ce prix un suivi avec des factures et les dates de révisions garantissant au mieux sa fiabilité. Pas la peine toutefois de vouloir à tout prix un carnet tamponné par Jaguar, il existe beaucoup de spécialistes en France qui sont tout à fait compétents.

Jaguar XJ40, la noblesse britannique à prix d'ami : conseils d'achat et pièges à éviter
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Combien coûte l'entretien ?

Faire l'entretien chez Jaguar coûte sans surprise une fortune, sans compter qu'il reste très peu de mécanos dans le réseau qui ont travaillé sur ces modèles à l'époque de leur sortie. Heureusement, il existe en France de nombreuses officines spécialisées dans les Jaguar et/ou dans les anglaises qui sont compétents, passionnés et trouveront des pièces à des tarifs défiant toute concurrence en les faisant venir d'Angleterre où les prix sont très bas. On peut aussi se mettre soi-même en chasse sur internet pour aller fouiner chez les spécialistes outre-Manche et commander directement, à condition soit d'être bricoleur ou de connaître un petit garagiste compétent. Dans ces cas-là, entretenir une Jaguar n'est pas plus cher qu'une Renault d'aujourd'hui.

Quelle version choisir ?

La gamme s'articulait seulement autour de deux modèles : la Sovereign qui était déjà toute équipée à quelques options près, et la Daimler, une version longue dotée d'une banquette arrière avec deux sièges individuels et des tablettes rabattables type aviation en ronce de noyer. Pour les motorisations, il y avait un choix parmi trois six cylindres au lancement : un 2,9 l à déconseiller car faisant partie de l'ancienne génération de moteurs XK, un 3,5 l et le 4,0 l dont est équipé notre modèle. Ce dernier, développant 223 ch et des plus agréables au quotidien, est le moteur à viser, surtout dans des millésimes 90 et 91 avec les mises à jour de Ford le rendant le plus fiable de la gamme.

Y’a-t-il des versions collector ?

Pour sortir du lot ou pour faire un placement, la Jaguar XJR, plus sportive, était équipée d'une version du moteur 4,0 l développant 248 ch. Elle se reconnaît à ses jantes de plus grand diamètre et le chrome remplacé par de la peinture noire (à ne pas confondre avec la Sport qui lui ressemblait mais sans le moteur) et s'échange contre 5 000 à 6 000 €. Avec 6 000/6 500 €, vous pouvez sinon opter pour la plus confortable Daimler qui était la limousine de la gamme avec son empattement long, son habitacle différent et son raffinement supérieur.

Jaguar XJR
Jaguar XJR
Daimler XJ40
Daimler XJ40

Quels sont les points à vérifier ?

La Jaguar XJ40, si elle fait bien mieux que les modèles qui la précédaient, n'est pas pour autant exempte de rouille : avant 90/91, elle était moins bien protégée et ça commence à boursoufler au niveau de l'entourage des surfaces vitrées, sous les chromes qui sont des nids à humidité et derrière les pare-chocs. Pas grand-chose à craindre au niveau du châssis et des trains roulants, il faut juste vérifier les roulements de pont qui peuvent se montrer bruyants et le bon fonctionnement des suspensions arrière à correcteur d'assiette hydraulique qui ont tendance à s'affaisser avec l'âge. Il suffit pour cela de passer sur un dos-d’âne pendant l'essai : si la voiture rebondit voire claque en butées, il faudra prévoir 700 € sans la main-d’œuvre pour les changer ou les remplacer par un kit de conversion à des amortisseurs classiques qui garantissent une meilleure tenue dans le temps.


Côté mécanique, le gros moteur un peu à l'étroit dans la baie moteur nécessite un bon refroidissement, il faudra donc jeter un œil à l'état des différentes durits à la recherche de fuites éventuelles mais il est sinon très résistant, avec des modèles dépassant les 300 000 km sans pépin majeur. Sa faiblesse majeure se trouve au niveau du collecteur d'échappement qui a tendance à se fendre à cause des vibrations causées par des silentblocs fatigués, ce qui se reconnaît à l'oreille.

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À l’intérieur, les boiseries sensibles au soleil ont tendance à sécher, avec un vernis qui s'écaille. Ce qui est plus gênant et malheureusement assez courant sur les modèles datant d'avant le rachat par Ford en 1989, ce sont les problèmes électriques avec des soucis d'affichage ou de mal-fonctions de certains organes qui ne sont pas immobilisant mais agaçants au quotidien, comme des pannes de vitres électriques par exemple. La porte de la boîte à gants gondole aussi fréquemment à cause des différences de chaleur à tel point qu'il est difficile de trouver une voiture en ayant une en parfait état, mais elle se trouve heureusement en neuf très facilement chez les fournisseurs de pièces anglais.

Et à conduire, c'est comment ?

Si les sièges sont particulièrement confortables et tiennent plus du canapé que du baquet, contrairement aux clichés qui peuvent lui coller à la peau, la Jaguar XJ40 n'est pas un bateau qui s'écrase, qui penche et qui se cabre mais c'est tout le contraire : elle se révèle tout à fait stable et enroule même les virages avec un comportement qu'on peut qualifier de dynamique, malgré un poids de 1,7 tonne et une longueur de 5 mètres de long, et offre un très bon compromis entre confort et précision.

Les habitués des voitures modernes n'apprécieront par contre peut-être moins le volant de grand diamètre et à la jante très fine qui ne tient pas bien dans la main, un défaut typique des voitures des années quatre-vingt. Un défaut qui est rattrapé par la place immense à l'arrière qui permettra d'embarquer confortablement les passagers les plus grands.

Le six cylindres en ligne offre des accélérations tout à fait convaincantes avec, si nécessaire, un kick down de la boîte aux quatre rapports bien étagés. Associé à son toucher de route, la XJ40 se prête donc aussi à une conduite plus nerveuse sans rougir, même si sa préférence va évidemment vers une conduite plus coulée.

À l’intérieur, le mobilier vieillit plutôt bien, avec un silence que ne viennent pas perturber des grincements divers et variés, et l'ambiance apportée par l'association de cuir et de bois fait authentiquement britannique et apporte un caractère qu'on ne retrouvera jamais chez une allemande.

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Combien ça consomme ?

Et à la pompe, à quoi doit-on s'attendre avec une voiture assez lourde équipée d'un gros moteur ? La Jaguar XJ40 consomme naturellement plus qu'un équivalent moderne mais cela reste tout de même plutôt raisonnable, avec 10 l/100 km de moyenne sur l'autoroute avec le régulateur à 130 km/h et 13 à 14 l/100 km avec le pied plus lourd. Mais c'est plutôt une voiture qui incite à la conduite tranquille le coude à la portière et ce qu'on économisera en amende pour excès de vitesse pourra être investi dans le réservoir. La Jaguar XJ40 est donc une voiture agréable pour rouler doucement, confortablement et en famille : malgré son âge, elle s'inscrit donc parfaitement dans notre époque.


Avec la collaboration de Thierry Réaubourg – Magazine Youngtimers


Pour trouver des annonces de Jaguar XJ40, rendez-vous sur le site de LaCentrale.fr !