Comme vous le savez, Stephane Sarazzin a été choisi par Peugeot Sport pour piloter la très ambitieuse 908 HDI FAP lors du championnat Le Mans Series et les 24h du Mans. Outre un coup de volant sacrément efficace, notre homme possède une particularité extrêmement rare, celle d'avoir gagné en monoplace en circuit, en Endurance sur prototype et sur GT mais aussi en rallye !
Découverte d'un gars plutôt sympa, un peu extraterrestre dans un monde ultra spécialisé où rares sont ceux qui parviennent à s'exprimer victorieusement dans plusieurs disciplines.
P.G - Vous êtes aujourd'hui pilote Peugeot Sport pour le programme 908, qui est venu vous chercher ?
S.S - Je discutais depuis longtemps avec Peugeot. Déjà à l'époque Jean Pierre Nicolas puis c'est Serge Saulnier qui a souhaité m'enrôler.
- Pourtant cela fait plus de 3 ans que vous n'aviez pas conduit de proto ?
- C'est vrai. La dernière fois c'était en 2003 sur la Pesca avec laquelle nous étions longtemps 2eme au Mans. Mais nos résultats avec Pedro Lamy sur l'Aston Martin et nos bagarres contre les Corvette d'usine parlaient quand même pour moi. Et pour Pedro aussi puisque nous nous retrouvons ensemble encore une fois. On a à peu près les mêmes réglages, le même pilotage et même s'il est un peu plus petit que moi, il utilise le même baquet. Ca aide.
- Au fait, j'ai appris qu'il s'était assez sérieusement blessé au talon d'Achille lors du stage physique organisé par Peugeot ? Où en est il ?
- Il a été opéré au Portugal mais les médecins sont assez confiants. Il devrait pouvoir démarrer la saison.
- Sinon, les équipages ont été nommés et Sébastien Bourdais fera le troisième homme sur votre auto. C'est peut être présomptueux mais, au vu de vos expériences respectives en Endurance, on peut penser que vous serez l'équipage n°1 ?
- (rires) Pourquoi dites vous ça ?
- Disons que si Nicolas Minassian est un bon en Endurance, Jacques Villeneuve et Marc Gene piloteront pour la première fois dans cette discipline.
- Oui c'est sûr mais je ne me fais pas de soucis pour eux. Villeneuve a gagné avec tout ce qu'il a conduit et Marc Gene est en Formule 1. Il saura comment s'adapter. Et puis franchement, les choix se sont faits sur les similitudes de style de pilotage et de taille, plus que sur les chronos que nous n'avons pas encore vraiment cherché à faire.
- A propos de pilotage, comment se sont passées les retrouvailles avec un proto ? Difficile ?
- Un peu oui. Il a fallu se réadapter. L'Aston reste une GT et là, on retrouve des sensations de monoplace. Je pense ne pas être encore au maximum de mes possibilités. Mais nous allons faire de nombreux tests donc ça va vite revenir. Il est prévu de rouler à peu près toutes les 2 ou 3 semaines.
- Vous êtes parti pour les 3 années du programme Peugeot ?
- J'ai un contrat d'un an avec option. Mon programme englobe la série LMS et les 24 h du Mans ainsi que tous les essais de développement.
- Vous n'ambitionnez pas de faire carrière en Endurance comme le font certains chez Audi ou Porsche ?
- Je ne vois jamais à long terme. Je prends un peu les choses telles qu'elles se présentent. Mais c'est clair qu'il y a actuellement un engouement pour l'Endurance qui fait plaisir à voir. Courir devant 250.000 personnes au Mans, c'est franchement bien.
- Et les sensations de monoplace ne vous ont pas fait regretter le rendez vous manqué avec la Formule 1 ?
- C'est vrai que les sensations sont très proches. Mais franchement je n'ai pas à me plaindre de ma carrière. Il y a des hauts et des bas, c'est comme ça.
- Parlons en. On dit qu'Alain Prost vous a empêché de signer le contrat de titulaire F1 que vous proposait Minardi en 1999 après votre GP du Brésil ? Vrai ou pas ?
- Complètement vrai. J'avais signé un contrat pour la F3000 avec Alain Prost et il n'a pas voulu me laisser partir. Je devais être titulaire l'année suivante dans son écurie mais ça ne s'est pas fait (ndPG : Heidfeld a été choisi avec forcément une belle dot à la clé de la part de Mercedes). Il y a des intérêts en F1 qui dépassent les pilotes. Mais bon, je ne lui en veux pas, il a quand même été celui qui m'a mis le pied à l'étrier en F3000 et en F1 à la fin de ma saison de F3. J'aurais peut être du forcer un peu le cours des choses et ne pas m'en tenir au contrat déjà signé... c'est du passé.
- Puisqu'on est sur les mythes Sarrazin, l'histoire qui veut que vous répondiez comme n'importe qui à une annonce parue dans Auto Hebdo est elle véridique ? (S.Sarrazin s'était inscrit à une sélection lancée par la FFSA pour trouver un pilote pour le championnat de France des rallyes. Sélection qu'il a emportée devant des pilotes expérimentés comme Brice Tirabassi ou Bryan Bouffier).
- Oui aussi ! Quand j'ai lu l'annonce, je me suis inscrit tout simplement. Quand je sais disposer de la même auto que les autres et dans n'importe quelle discipline, je suis certain d'avoir une chance. Toujours.
- Avant ce fameux Rallye du Var auquel vous aviez participé quelques mois auparavant pour vous faire plaisir (et que vous remportez sur une Subaru de location!) aviez vous déjà piloté en rallye ?
- L'année d'avant j'avais gagné le Gr N avec une Lancer mais c'était mon premier rallye. Mon père a toujours fait du rallye et j'habite au pied des Cevennes. Là bas les routes sont ... (ndPG : imaginez ce que vous voulez !!)
- Vous êtes conscient que c'est plutôt rare pour un pistard d'être bon en rallye ? L'inverse est plus facile généralement.
- Quand on a un bon coup de volant, on est bon partout.
- Il y a nettement plus d'exemples qui disent le contraire !
- (rires) c'est vrai.
- Ensuite, lorsque vous rentrez chez Prodrive en WRC après votre titre de champion de France des rallyes, vous tombez sur une Impreza à l'agonie.
- Pas en 2005 mais effectivement en 2006, l'auto était vraiment impossible à régler. Il y avait un gros problème technique qu'ils traînent encore aujourd'hui. La prochaine sera mieux.
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