D'après le journal "Le Monde", certains experts proclament "la fin de l'automobiliste roi" et l'ouverture d'"une nouvelle ère" en France au vu du dernier bilan chiffré publié par le ministère des Transports. Le journal détaille et analyse ces chiffres. La voiture individuelle assure encore 83 % des déplacements dans l'Hexagone mais l'utilisation par les Français de leur automobile a baissé en 2005 (- 1,4 % par rapport à 2004) pour la première fois depuis 1974, année du premier choc pétrolier. Selon les Comptes des transports publiés en juin 2007, dans un contexte où le nombre total de déplacements individuels est resté stable depuis 2000, ce recul de la voiture s'est même accru en 2006 (- 2 %).
Par contre, bonne nouvelle, les transports en commun connaissent une hausse annuelles de 5 % à 6 %. Leur utilisation a progressé chaque année depuis 1996 (sauf en 2003, année de conflits sociaux), grâce entre autres au développement des trains, tramways et métros. Les transports collectifs bénéficient d'une augmentation, d'une amélioration de l'offre et de prix attractifs par rapport aux coûts croissants de l'automobile.
D'après Bertrand Dechery, coprésident du Bureau d'informations et de prévisions économiques (BIPE), société d'étude et de conseil, le remplacement de la voiture par d'autres moyens de transport est une tendance de fond : les politiques contraignantes des municipalités pour réduire la place de l'automobile dans les villes ainsi que le report sur le TGV des déplacements entre grands centres urbains constituent une originalité française.
Toujours selon "Le Monde", les entreprises de transport en commun publiques ou privées bénéficie toutes d'une forte croissance depuis plusieurs années. Dans ses résultats de 2006, la SNCF relève que, pour la première fois, les trains express régionaux (TER) ont atteint des niveaux de fréquentation aussi élevés que les TGV. Les grands acteurs privés, parmi lesquels Veolia Transport, Keolis ou Transdev, renforcent eux aussi leurs positions. "Entre 2000 et 2006, nous avons enregistré une progression de 18 % du trafic", souligne Eric Chareyron, directeur marketing de Keolis, premier groupe de transport privé en France. Cyrille du Peloux, directeur général de Veolia Transport, pense que l'offre de transport en commun peut encore se développer de façon importante sur le réseau ferroviaire régional. Ce réseau, aujourd'hui aux mains de la seule SNCF, devrait s'ouvrir, en 2010, à d'autres opérateurs.
L'essor des transports en commun est aussi dû à l'amélioration des services proposés. "Les usagers sont prêts à passer de leur voiture à un transport collectif, lorsque l'offre assure la rapidité, la régularité et la fréquence", observe Chantal Duchène, directrice du Groupement des autorités responsables des transports (GART) qui réunit des élus de droite et de gauche. Mais ces services coûtent cher aux collectivités. Le transport en commun représente aujourd'hui un tiers des dépenses des intercommunalités et environ un quart de celles des régions. Dans leur ensemble, les agglomérations ont investi, en 2005, près de 2,4 milliards d'euros pour leurs transports urbains. En 1994, cet engagement n'était que de 700 millions d'euros. L'Etat ne participe plus à aux investissements de réalisation des infrastructures des transports en commun en site propre (TCSP). Il a supprimé ses aides en 2003, sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Cette décision a provoqué la colère de l'ensemble des élus, toutes tendances confondues.
Pour l'avenir, les réflexions sur le développement des transports portent sur la manière d'assurer, à la demande, le déplacement d'une gare au domicile d'une ou plusieurs personnes par une voiture appelée depuis un centre téléphonique. Dans ce nouveau marché, estimé en France à 400 millions d'euros, Veolia Transport a réalisé, en 2007, 15 millions d'euros de chiffre d'affaires et projette d'atteindre les 100 millions en 2012. Parmi les nouveaux modes de transports, la bicyclette accède désormais au rang de transporteur public, après les succès remportés, à Lyon et à Paris notamment, par les opérations de vélos en libre-service. Denis Baupin (Verts), adjoint aux transports à la Mairie de Paris, n'hésite pas à affirmer que le vélo est devenu "une nouvelle alternative aux transports publics, au même titre que le tramway ou le métro".
Enfin, "Le Monde" met en avant que la hausse des prix des carburants depuis 2003 explique en partie le recul de la voiture, en particulier pour les trajets courts. Yves Crozet, chargé d'un master professionnel dans les transports à l'université de Lyon-II, indique aussi que l'automobile, responsable de la congestion du trafic et de la dégradation de l'environnement, voit sa pertinence remise en question dans les centres urbains. Dans une étude sur le financement des transports publics urbains publiée le 12 septembre 2007, les responsables du GART souhaite que le Grenelle de l'environnement rétablisse ces aides de l'Etat et détermine les futurs critères de leur attribution.
(Source info : Le Monde Photo : vubiz)
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