Pourquoi ici et pas sur Ecologie ? La Green GT, première voiture de course 100% électrique serait à priori plus à sa place sur le versant ‘vert’ de notre site mais j’ai pris la décision de le publier ici pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, à partir du moment où l’on considère le 100% électrique, non comme une négation de l’automobile plaisir mais comme une évolution de celle-ci, je pense que le projet peut être traité ici. Ensuite, il suffit de voir le pedigree des associés à l’origine de ce projet et d’aller au-delà de leur discours marketing pour découvrir que nous n’avons pas affaire à des écologistes extrémistes mais à des gens passionnés, audacieux et compétents. Ce week-end sur le circuit du HTTT Paul Ricard, le prototype unique de Green GT faisait de nouveau quelques tours de piste sous l’œil des journalistes ayant daigné faire le déplacement. La Green GT, c’est qui ? C’est une aventure de 3 purs passionnés qui à priori n’étaient pas destinés à se lancer dans une telle entreprise :
Jean-François « Jeff » Weber, ingénieur EPFL, ancien directeur démissionnaire de Mader Racing est le responsable technique principal.
Christophe Schwartz lui aussi ingénieur EPFL est le spécialiste en cellules photovoltaïques
Stanislas de Sadeleer, Administrateur de Sociétés, gentlemen driver amateur d’anciennes s’occupe du versant commercial et marketing du projet.
Paradoxalement, c’est par le biais de la voiture ancienne et du VHC que nos trois hommes vont se rencontrer. Alors que le premier, chez Mader, préparait entre autres des moteurs de Honda S2000 pour Norma, que le second roule en Dodge Charger ex-Nascar et que le 3eme brûle du pétrole à bord d’une F1 de collection ou d’une BMW M1, l’association de ses 3 hommes débouche sur Green GT. En fait, la concrétisation est rendue possible par l’expérience de Jeff Weber qui travailla longtemps sur un projet de monoplace GP2 hybride qui finalement ne verra jamais le jour. Le constat fait par JF Weber est simple : à faire une auto de course ‘verte’, mieux qu’une hybride bancale, un projet 100% électrique sera plus pertinent techniquement et écologiquement.
Mais si nos hommes ne sont pas des écologistes forcenés, qu’est ce qui peut les motiver dans cette folle entreprise qui jusqu’ici engloutit leurs économies (Green GT est financée en fonds propres)? Le virus de la compétition les gangrène plus que tout et loin de se traiter contre, il préfère le nourrir : Outre le challenge technique qui aiguise leur curiosité d’ingénieur, leur principal objectif, leur vrai Graal est tout simplement de participer aux 24h du Mans 2011 !
La Green GT présentée n’est pas encore le prototype final. Les batteries ne proposent que l’équivalent d’environ 320 ch (contre 450 ch attendus) et ne sont utilisées qu’à 60% de leur capacité. Forcément, on est encore loin de l’objectif d’un chrono au Mans tournant autour de 3’55 promis à l’ACO, condition sine qua non pour pouvoir être les premiers à courir en 2011 dans une nouvelle catégorie LMPE. Si cela se réalise, la Green GT n’apparaitra pas dans le classement général et cette participation aura valeur de test grandeur nature. Elle devrait alors inaugurer un système de changement rapide des batteries qui ne devra pas excéder le temps d’un ravitaillement d’une auto thermique. Les panneaux solaires disposés sur la carrosserie alimentent les instruments de bord en 12V.
Dès le mois de février prochain, le pack de batteries évolué sera monté sur la barquette qui aura alors un rendement de 100% et ses 450 ch à disposition. Chez Green GT, on espère avoir une autonomie d’environ 45mn/1 heure ce qui n’est à ce stade du développement qu’un rêve. Une fois les objectifs techniques approchés ou atteints, il sera alors temps à Christian Pescatori, pilote au pedigree reconnu, de développer l’engin pour aller chasser véritablement le chrono. Pour l’instant, on assiste à un déverminage stressant car ce prototype est unique.
Admirateurs du boulot réalisé par les américains de Tesla, le choix de leur moteur AC Motors a été envisagé un temps avant que le nécessaire besoin de fiabilité à pleine charge sur 24h fasse bifurquer l’équipe vers un système en provenance du domaine ferroviaire ! L’avantage est que leur moteur (les 2 pour être précis) est refroidi par eau, l’inconvénient étant alors sa masse plus importante. Toutefois avec les 260 kg de batteries logés dans les pontons, le poids total n’excède pas la tonne. Il faut préciser aussi que la coque carbone et le châssis en provenance de Corbari engineering ne sont pas étudiés spécifiquement pour la Green GT 100% électrique mais bien destinés à des barquettes à moteur thermique, d’où un look classique et une architecture pas optimisée pour ce mode de propulsion. Ce sera le cas pour l’hypothétique Version 2.0 qui verra le jour si l’aventure se poursuit.
Comme je le disais plus haut, cette version est finalement plus une promesse destinée à convaincre des futurs (et espérés) sponsors que le prototype qui ira battre les GT2 sur le circuit du Mans en Juin 2011. La prochaine étape cruciale aura lieu en juin prochain lorsque le prototype prendra la piste des 24h du Mans pour une démonstration live. Une chose est quasiment assurée : les spectateurs seront déçus de ce demi-silence glaçant qui vous fait croire que l’auto n’avance pas alors qu’elle passe devant vous à 200 km/h ! Ce sifflement, ces bruits d’airs ne se perçoivent qu’une fois la voiture passée et lorsque l’auto fait crier ses slicks dans une courbe, on s’étonne de l’intensité de ce crissement de gommes qui est généralement couvert par le bruit du moteur. On imagine déjà le premier crash et l’extrême variété des sons qu’il sera possible de percevoir alors …
Cette présentation Green GT a pour but premier de convaincre des clients potentiels ou des sponsors d’entrer dans l’aventure. Le coût d’une Green GT hors batterie reviendrait à 270.000 euros. Toutefois, le timing est idéal puisque l’équipe qui a développé elle-même la transmission est la première sur le secteur et comme on l’a vu avec Tesla, l’avance prise dans ce domaine se rattrape difficilement même par des grosses structures. D’ailleurs, certains constructeurs ont déjà approché la petite équipe suisse qui se laisse aller à imaginer un challenge monotype d’une quinzaine d’autos et même une déclinaison routière déjà dessinée. On ne peut s’empêcher de penser que s’est aller un peu vite en besogne et qu’avant cela, il faudra concrètement convaincre du potentiel de cette Green GT qui, aujourd’hui, n’est rien d’autre que la promesse, certes roulante, d’une équipe de passionnés hyper compétents que l’on aimerait croire. Eux sont convaincus, mais pour nous, il manque encore la démonstration physique de la supériorité du concept face à une GT de course à moteur thermique qui scellera définitivement l’avenir du projet. Car il est certain que l’alibi écologique ne suffira pas à garantir le succès, il faudra démontrer sa supériorité sur la piste. Ce n’est peut-être qu’une question de temps. Rendez-vous en juin pour la prochaine étape.
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