De quoi faire hérisser le poil des carrossiers et autres réparateurs. L’ambiance n’est pas au beau fixe : les réparateurs, à qui les clients confient leurs véhicules, sont confrontés à la pression économique incessante d’experts, missionnés et rémunérés par des assureurs dont l’objectif prioritaire, pour ne pas dire unique, est la compression des coûts d’indemnisation des assurés.

Un tableau dépeint par près de 150 artisans spécialisés de Bourgogne et Franche-Comté, réunis à l’initiative de l’antenne régionale du Conseil national des professionnels de l’automobile (CNPA). Pour eux, un recadrage sur le rôle des experts dans l’évaluation des dommages et des coûts de réparation est nécessaire. Et pour cause : ce mélange des genres représente à présent un risque réel sur la qualité et la sécurité des réparations pour les usagers et entame les capacités des réparateurs à atteindre leur obligation de résultat.

Pour la CNPA, assurés et réparateurs ont des intérêts convergents comme le respect du libre choix du réparateur par le client, la lutte contre les réparations à moindres coûts intolérable tant sur le plan socio-économique et sur celui de la sécurité routière et, enfin, le libre choix de l’expert par l’assuré, permettant l’indépendance de l’expert et, ce faisant, le rétablissement d’une véritable représentation des intérêts des usagers de la route.

En théorie, les experts sont tous censés être indépendants. Seulement, leurs fonds de commerce dépendent à 80 %, voire plus, des agréments qui leur sont donnés par les assureurs. De fait, comment peut-on demander à un expert d’être indépendant et impartial en chiffrant une réparation alors qu’il est financé par l’assureur ? La réponse n’est pas simple. Mais le fait que l’on observe de plus en plus de procédure de désaccord de la part de réparateurs qui estiment que leur obligation de résultat n’est pas garantie donne matière à réflexion.