Ce matin avait lieu en catastrophe une conférence de presse à l'Automobile Club de Paris réunissant les principaux acteurs du marché des avertisseurs de radar en France, Coyote, Inforad et Wikango, qui réunissent à eux trois 4,7 millions d'utilisateurs à travers le pays. Il était en effet nécessaire pour eux de réagir dans l'urgence face aux dernières mesures prises à l'issue du Comité Interministériel de la Sécurité Routière (CSIR) qui prévoient notamment d'interdire les avertisseurs de radar, comme c'est déjà le cas en Allemagne, en Autriche et en Suisse, en annonçant deux projets : celui de se rassembler pour créer l'AFFTAC, l'Association Française des Fournisseurs et utilisateurs de Technologies d'Aide à la Conduite, ayant pour but de promouvoir et défendre l'ensemble des technologies embarquées permettant, donc, l'aide à la conduite, mais aussi et surtout d'appeler à la mobilisation le mercredi 18 mai à 13h00 à Paris, Lille, Bordeaux, Lyon et Marseille.
A Caradisiac, nous ne défendons pas les intérêts financiers des fabricants d'avertisseurs de radar, mais nous nous plaçons traditionnellement du côté du conducteur, que ce soit pour défendre sa liberté, mais aussi pour améliorer sa sécurité. Or, ces dernières mesures prises par la Sécurité Routière, rédigées en flagrant délit de grand excès de vitesse après les très mauvais chiffres d'avril, vont à l'encontre des deux.
L'accent est en effet mis une nouvelle fois sur la répression de la vitesse, en qualifiant de délit le premier excès à partir de 50 km/h au dessus des limitations (au lieu du second jusqu'à maintenant), en enlevant les panneaux de signalisation des radars fixes et en interdisant les dispositifs électroniques avertissant de leurs positions. Si nous avions encore des doutes, le radar devient ainsi exclusivement et définitivement un outil répressif en laissant totalement de côté l'aspect pédagogique. Car un panneau ou un appareil indiquant la présence d'un radar fixe n'a pas que cette fonction, il avertit aussi théoriquement dans le même temps le conducteur qu'il entre dans une zone accidentogène. Et c'est dès aujourd'hui une réalité : la carte des radars fixes n'est plus accessible sur le site de la Sécurité Routière.
Mais faire fausse route est à double tranchant : on se dirige dans la mauvaise direction, mais on s'éloigne aussi du meilleur itinéraire. En se focalisant ainsi sur la vitesse, le CSIR néglige d'autres secteurs qui sont de véritables causes d'accidents, et non des facteurs aggravants. Et il suffit de lire simplement le communiqué de presse officiel pour s'en convaincre : « au moins 770 vies pourraient encore être sauvées par an si les limitations de vitesse étaient respectées par tous » nous dit-on. Partons du principe que le chiffre est fondé et continuons notre lecture : « La conduite sous l'emprise de l'alcool est la première cause infractionnelle de mortalité au volant : en 2009, 30% des personnes tuées sur la route le sont dans un accident en présence d'un taux d'alcool supérieur au taux légal ». Le nombre de victimes de la route s'établissait cette année-là à 4234, ce qui permet donc de dire que 1270 personnes pourraient encore être sauvées si les limitations d'alcoolémie étaient respectées par tous. C'est mathématique. Or, la seule mesure prise en ce sens consiste non pas à réduire le taux de 0,8g/l comme c'est déjà le cas dans de nombreux pays mais à augmenter la perte de points d'une conduite au dessus du taux maximum de 6 à 8 points, ce qui, on le sait depuis le Midi Pile d'aujourd'hui n'est pas possible sans l'aval du Parlement. Un coup d'épée dans l'eau donc.
Une véritable réforme du permis de conduire ? Un contrôle continu tout au long de la vie du conducteur ? Un examen médical systématique passé un certain âge ? Bref, de l'éducatif, du pédagogique ? Ce n'est pas à l'ordre du jour. En se concentrant ainsi sur la vitesse et en négligeant les autres domaines, le CISR ne parviendra pas à faire baisser les statistiques macabres de la Sécurité Routière. Pire, à moins que les conditions météorologiques soient meilleures que jamais ou que les prix du carburant battent tous les records, il se pourrait même qu'elles continuent leur hausse.
C'est la raison pour laquelle la rédaction de Caradisiac, journalistes mais avant tout automobilistes, sera présente à la manifestation du mercredi 18 mai à 13h00, à Paris. Et vous ?
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